Programmes 2008 du primaire

Les évaluations

Le terme d’évaluation a été employé abusivement par l’Education Nationale.
On en connaît les raisons :

–    le laxisme, le rejet de l’effort et de la sanction : l’emploi du mot évaluation remplace les examens et la notation, prétendues traumatisantes pour les élèves ;
–    au lieu d’examiner les savoirs acquis, on évalue les nombreuses compétences qui sont censées être nécessaires pour acquérir le savoir, d’après les travaux des spécialistes : de même qu’on traite les enfants comme de petits adultes, on prétend transformer les maîtres en faux analystes établissant des diagnostics « scientifiques » au lieu de s’en tenir à l’observation et à l’expérience ;
–    enfin, alors que dans le primaire, les savoirs à transmettre sont connus d’une majorité de parents, qui seraient en mesure de comprendre des examens classiques, les « évaluations » ont permis tous les trucages nécessaires pour noyer le poisson.

Objectifs et examens

Les objectifs de l’enseignement doivent être formulés en termes de résultats attendus. Encore faut-il, ensuite, être capable de vérifier dans quelle mesure les résultats effectifs respectent les objectifs. C’est le rôle de l’examen, qui concrétise l’objectif.

En rapport avec des programmes nationaux et des objectifs nationaux, les examens doivent être nationaux, c’est-à-dire indépendants du système d’enseignement.

L’Education Nationale s’est déconsidérée par ses trucages incessants de la nature des examens et de leur notation. La rupture avec ces habitudes néfastes exige que les épreuves, leur notation, et leur contrôle, soient confiés à une autorité indépendante, comme cela a été fait avec succès dans d’autres domaines ; cette autorité étant garante de la fiabilité et de la continuité, permettant seules les comparaisons dans le temps et donc la mesure des évolutions (7)  .

Dans ces conditions, les examens nationaux pourraient être décentralisés.

(7) en supprimant par la même occasion le Haut Conseil de l’Education et la Direction de l’Evaluation et de la Prospective de l’Education Nationale

L’examen de fin d’études primaires et l’entrée en 6ème

• Depuis qu’il est ministre de l’Education Nationale, Xavier Darcos a manifesté plusieurs fois son opposition à la création d’un examen d’entrée en 6ème.
« Un tel examen ne résout pas le problème de ce qu’on fait avec ceux qui le ratent ».
« Nous ne voulons pas sélectionner les enfants en 6ème ».

En effet, si l’on appelle par convention « 6ème » la première classe du dispositif différencié qui succédera au collège unique, il est évident qu’un examen d’entrée en 6ème est a priori contradictoire avec l’obligation de scolarité jusqu’à 16 ans. Nous sommes donc d’accord avec le ministre, mais à la condition d’instaurer un examen national de fin d’études primaires.

Pour quelles raisons ?

D’abord parce que l’enseignement primaire forme un ensemble homogène qui, après la refondation, sera très performant, et qui, selon nous, mérite un couronnement officiel. Après la période de transition, cet enseignement sera forcément très différent de la suite de la scolarité, et il importe de renforcer son originalité.

Cet examen peut être créé immédiatement puisque les nouveaux programmes du primaire sont publiés. En effet la nature des épreuves découle directement des connaissances à enseigner, c’est-à-dire des programmes, et bien entendu des objectifs.

• Cet examen de fin d’études primaires ne sera pleinement opérationnel qu’à la fin de la période de transition du primaire (vers 2018). Mais nous pensons qu’il doit être défini dès maintenant.

En effet, il est illusoire de prétendre piloter une longue transition si l’on n’a pas les moyens de vérifier la condition essentielle de sa réussite : l’existence d’un progrès continu, année après année. Un progrès continu ne peut être vérifié que par des moyens invariables dans le temps et selon des modalités constantes.

• On objectera que, si cet examen était appliqué pour la première fois à la fin de l’année scolaire 2008-2009, les 300.000 élèves en grande difficulté mentionnés dans le rapport du Haut Conseil de l’Education obtiendraient une moyenne proche de zéro. Ce serait décourageant, et injuste puisque leur échec est d’abord celui de l’enseignement qui leur a été dispensé.

Il faudra donc ajouter aux épreuves définitives des épreuves transitoires beaucoup plus simples, permettant une notation provisoire acceptable par les élèves et les parents. Deux notations coexisteraient ainsi pendant la période de transition : une notation de référence et une notation de circonstance.

La question des modalités d’entrée en 6ème ne se posera en termes simples qu’après la fin de la période de transition du primaire. Alors, les enfants ayant obtenu de bons résultats à l’examen auront fait la preuve de leur capacité à poursuivre des études « classiques » largement basées sur le développement de l’intellect, le raisonnement, les connaissances abstraites, l’expression verbale.

Les autres, aux résultats plus faibles, auront tiré le maximum d’un enseignement efficace assorti de soutiens personnalités. Leurs résultats à l’examen prouveront que, dans l’immédiat, ils ne sont pas adaptés à l’enseignement classique préfiguré par l’enseignement primaire. Nous pensons qu’il serait déraisonnable, et très décourageant, de leur imposer de nouveau un approfondissement des savoirs fondamentaux. Il faudra leur proposer autre chose, c’est-à-dire les orienter vers des disciplines qui, moyennant l’effort indispensable, pourront leur procurer la réussite dont ils sont privés.

Il faudra donc les orienter vers des domaines manuels, techniques, artistiques, ou autres, assortis d’un permanent « rappel » culturel à partir d’amorces trouvées dans leurs nouvelles activités. Il faudra, durant toute la fin de la scolarité obligatoire, offrir aux plus motivés et aux plus courageux, des passerelles vers les scolarités classiques.

Il s’agit donc bien, à l’issue de l’enseignement primaire, d’orientation et non de sélection. Cette orientation ne pourra pas être fondée sur les seuls résultats à l’examen de fin d’études primaires, qui ne rendent pas compte de toutes les facettes de la personnalité. Ils devront être complétés par les observations des maîtres du primaire, par la prise en compte des goûts et des aptitudes « extra scolaires » des enfants, par l’avis des parents.

Tout cela reste à définir et à expérimenter.

L’évaluation systématique de tous les élèves

Dans la lettre de mission adressée en juillet 2007 au Ministre de l’Education Nationale, le Président de la République a demandé la mise en place d’un  » dispositif d’évaluation beaucoup plus conséquent de notre système éducatif. Celui-ci devra comprendre quatre volets : une évaluation systématique de tous les élèves tous les ans, afin de repérer immédiatement les élèves en difficulté et de pouvoir les aider ; une évaluation régulière des enseignants sur la base des progrès et des résultats de leurs élèves…; une évaluation en profondeur des établissements, qui sera disponible pour les familles ; enfin, une évaluation indépendante et régulière de l’ensemble de notre système éducatif, afin que l’autorité politique puisse en permanence prendre les décisions nécessaires pour garantir la qualité de l’école et sa capacité à répondre aux obligations et aux attentes du monde contemporain.« 

NDLR : c’est nous qui soulignons le mot « indépendante ».

Par ailleurs, il a été dit à plusieurs reprises que la contrepartie de la liberté pédagogique est l’obtention de résultats satisfaisants. Que sont des résultats satisfaisants d’un enseignant dans sa mission de transmission du savoir ? Ce sont les progrès de ses élèves, l’accroissement et la consolidation des savoirs acquis par eux, quel que soit leur niveau initial. C’est l’élévation du niveau d’instruction des élèves entre le début et la fin de l’année scolaire.

Nous traduisons donc les termes de la lettre de mission par « l’établissement d’examens annuels des connaissances de tous les élèves » (8), fondement (non exclusif) des autres évaluations :  enseignants, établissements, système national.

Nota

1 – Les enseignants doivent avoir la liberté du choix des procédés pour motiver les élèves et pour leur propre information (notation par exemple). Un bon enseignant n’a pas besoin d’examens nationaux pour savoir ce qu’il a à faire. Mais les examens nationaux sont des références fixes.

2 – Le ministère annonce la parution de nouvelles « évaluations » en CE1 et CM2. On est encore loin des examens annuels, mais on peut espérer que cela suivra.

Ces évaluations » CE1 et CM2 sont une concession faite au statu quo, comme leur justification qui est de remédier aux difficultés de certains élèves.

Nous avons toutefois encore l’espoir que ces nouvelles « évaluations » seront radicalement différentes des précédentes, qu’elles auront pour objet les savoirs acquis par les élèves, savoirs définis en conformité avec les nouveaux programmes (9)

 

(8)examens de conception nationale, réalisés localement et contrôlés par l’autorité indépendante.

(9)conformité aux nouveaux programmes pour les élèves les mieux instruits, mais aussi, à titre transitoire, considérable extension vers le niveau le plus bas, en raison des centaines de milliers d’élèves victimes de maltraitance pédagogique.

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