Programmes 2008 du primaire

Langues vivantes

 CP- CE1

Quelles sont les raisons de rendre obligatoire l’enseignement d’une langue vivante dès le CP ? Pour l’anglais, on peut invoquer des raisons pratiques. Pour toutes les langues, on peut avancer que la familiarisation avec les sons spécifiques de chaque langue (prononciation, discrimination auditive) se fait d’autant mieux que l’enfant est plus jeune.

Le projet prévoit « d’associer l’oral et l’écrit » dès le CE1 (p.  15) c’est-à-dire à un moment où beaucoup d’enfants ne maîtrisent pas complètement cette association en français. De plus, cela présente l’inconvénient que la connaissance de l’écrit incite à prononcer à la française des mots étrangers.

Enfin, si les associations entre les groupes de lettres et leur prononciation sont simples (-et plus simples qu’en français) pour certaines langues comme l’italien, elles sont beaucoup plus complexes dans d’autres langues comme l’anglais.

Nous nous demandons s’il ne serait pas préférable de s’en tenir, dans le primaire, à l’enseignement oral, à la condition expresse qu’il existe des moyens efficaces de faire entendre aux élèves des personnes  s’exprimant dans leur langue maternelle, et de corriger les défauts de prononciation.

CE2 – CM2

Nous approuvons la priorité donnée aux activités orales de compréhension et d’expression et la place faite aux composantes sonores de la langue.

L’écrit est donc secondaire, et la place qui lui est faite doit dépendre du degré de complexité des relations entre les formes écrites et orales, selon les langues.

Techniques usuelles de l’information et de la communication

CE2 – CM2

On est là dans le domaine du faux semblant, de la démagogie et de la confusion mentale.

D’abord la confusion entre l’information et l’informatique. Les hommes n’ont pas attendu l’informatique pour informer, communiquer et, grâce à des procédés éprouvés (qu’on peut qualifier de techniques) pour manipuler les esprits.

A cela correspond, dans le second palier du socle, l’expression « faire preuve d’esprit critique face à l’information et à son traitement » (p.28), ici encore ambition démesurée. L’esprit critique (et non pas l’esprit de critique, sport national) ne peut se fonder que sur des connaissances assimilées et sur la capacité de raisonner en prenant quelque distance avec ses propres sentiments. Mais cela n’empêche pas les gens les plus intelligents et les plus instruits de manquer d’esprit critique dans certains domaines et certaines circonstances. Que donc l’école primaire se borne à la transmission du savoir et au raisonnement.

Ensuite l’informatique n’est pas l’information, elle la traite. Elle existe en tant qu’activité scientifique et en tant que technique, toutes deux inaccessibles en primaire.

Il reste la manipulation des machines, à commencer par les calculatrices : faux savoir, divertissement, et, à l’école, temps perdu. La majorité des enfants n’ont pas besoin de l’école pour utiliser plus ou moins bien la souris et le clavier, et l’excès est plus à craindre que le manque.

Ce domaine doit rester facultatif et extra scolaire, malgré l’expression vide et pompeuse de « culture numérique ».

Pratiques artistiques et histoire de l’art

Le programme est vaste mais il propose aux maîtres un choix.
Il associe logiquement l’enseignement de l’histoire à l’histoire de l’art, et cette dernière avec la pratique artistique.

La difficulté, qui est éludée, est celle de  l’emploi du temps, notamment du temps nécessaire aux sorties destinées à « éveiller la curiosité des élèves pour les chefs d’œuvre ou les activités artistiques de leur ville ou de leur région ».

Pour nous, l’objectif de pratique artistique devrait être le suivant :

Au cours de sa scolarité primaire, chaque élève devrait pouvoir choisir puis pratiquer avec persévérance une activité artistique correspondant bien à ses aptitudes et à ses goûts, de façon à obtenir des résultats positifs (c’est-à-dire une réussite résultant de son travail).

Ceci demande beaucoup de temps et ne peut être réalisé que de façon extrascolaire. Le temps scolaire devrait être consacré à une initiation aux diverses pratiques, selon des modalités et avec des moyens qui restent à définir.

Il serait bon de faire aussi, à côté de l’art, une place à l’artisanat, en rapport avec les travaux manuels.

Instruction civique et morale

Il nous paraît nécessaire de placer en annexe la liste des règles de civilité et des conseils qui doivent être exposés par le maître. C’est indispensable en matière de règles morales : si, jadis, l’école primaire enseignait des règles morales qui étaient presque unanimement acceptées (au moins pour leur transmission aux enfants), aujourd’hui ce n’est plus le cas. Il faut donc choisir un petit nombre de règles, et la liste doit en être connue des parents.

Nous approuvons l’abandon de l’expression « éducation civique ». Nous ne croyons pas souhaitable de voir l’Etat prétendre éduquer les citoyens.

L’école enseigne un certain nombre de règles et de conseils : c’est de l’instruction. Par ailleurs, les élèves, lorsqu’ils sont à l’école,  doivent se conformer aux règles et suivre les conseils : c’est une contribution de l’école à leur éducation.

Education physique

Il faut souligner une différence essentielle avec les autres disciplines. Ici, l’objectif n’est pas d’amener chaque enfant au plus haut niveau permis par ses aptitudes et motivations. L’école n’a pas à former de futurs champions : il y a des associations et des clubs sportifs pour cela. A notre avis, l’objectif est, dans un horaire limité, de prendre en charge activement les élèves les moins doués et les moins motivés pour leur assurer le minimum nécessaire à leur développement.

Le reste, qui est important, devrait être extrascolaire et organisé au niveau municipal ou intercommunal.

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