Ferry et Lang, même combat contre les nouveaux programmes du primaire
Luc Ferry et Jack Lang lancent un avertissement commun : « Nous avons les mêmes raisons de penser que les nouveaux programmes (…) risquent de nuire gravement à la santé (déjà bien fragilisée) de notre système éducatif. ». Cette alliance de deux anciens ministres de l’éducation nationale, aux couleurs politiques opposées, pourrait surprendre ceux qui ignoreraient qu’ils sont les co-auteurs des programmes du primaire de 2002.
Il faut en moyenne 5 ans pour pouvoir observer les fruits d’une réforme des programmes. 2002 – 2007 : nous y sommes.
Or, que savons-nous ? Le Haut Conseil de l’Education a donné récemment une photographie du niveau des élèves de l’école primaire : 60% des élèves qui sortent du primaire atteignent les objectifs pédagogiques, 40% ne les atteignent pas, et que sur ces 40%, 15% sont en grande difficulté. 40%, c’est entre 5 et 15% de plus qu’en 2002, selon les études connues.
Entre 2001 et 2006, les enquêtes internationales PIRLS et PISA montrent une chute significative des performances des élèves français. Dans cet intervalle, de nombreux pays sont passés devant la France, tant en lecture qu’en mathématiques.
Voilà donc, sans rentrer dans le détail, un bilan des programmes Lang-Ferry. Sans reporter la totalité de cette aggravation sur les programmes de 2002, on devrait cependant avoir l’honnêteté d’admettre qu’ils n’ont rien arrangé. Ce qui devrait inciter Messieurs Ferry et Lang à faire preuve d’une plus grande humilité. Et à se demander qui a nui jusqu’à présent « à la santé de notre système éducatif ».
Un autre enseignement à tirer de cette réaction des auteurs des programmes 2002 est le signe que le projet de Xavier Darcos présente une véritable rupture. Si l’on veut redresser la barre, ce n’est certainement pas en laissant les mêmes causes produire les mêmes effets. Il est temps de réagir et d’« en finir avec trente ans de pédagogisme qui a laissé croire qu’on pouvait apprendre en s’amusant », selon les propos de Xavier Darcos.
Le projet de programme peut encore être amélioré pour éliminer les dernières traces de pédagogisme et les incohérences qui s’y sont glissées.
Mais, on ne peut que saluer ce changement de cap, et dire en chœur à Messieurs Lang et Ferry : « De grâce, taisez-vous » !
Frédéric PRAT