L’Education nationale est un monstre bureaucratique, paraît-il unique au monde.
Elle bénéficie d’un quasi-monopole, puisqu’elle exerce une tutelle de fait sur l’enseignement privé sous contrat, dont elle interdit la croissance. On ne peut espérer qu’un monopole se réforme spontanément.
Actuellement, le potentiel dynamique se retrouve dans l’enseignement privé, plébiscité par beaucoup de parents. Le développement de l’enseignement hors contrat, malgré de grandes difficultés financières, en est aussi la preuve.
Pour nous, la liberté de l’enseignement privé, et la fin du quasi-monopole, est le meilleur moyen de dynamiser le secteur public.

Autonomie et liberté.

Dans les grandes collectivités, qu’elles soient publiques ou privées, un principe d’efficacité est bien connu : c’est le principe de subsidiarité, qui veut que les décisions soient prises au niveau le plus bas disposant de l’information et des moyens nécessaires à la plupart des actions.
Beaucoup viennent de découvrir l’autonomie, et la préconisent (y compris l’autonomie à 20 % du temps scolaire, solidement encadrée par une série de contraintes !)
Dans l’enseignement, la cellule de base est l’établissement, collectivité bien vivante, à la personnalité reconnue. C’est donc au Chef d’établissement que doivent être confiées les responsabilités pour toutes les actions locales.
C’est déjà le cas de la plupart des écoles privées. C’est donc à l’Education nationale qu’il faut établir solidement le principe d’autonomie. Dans une grande collectivité, l’autonomie résulte de délégations formelles, qui ont pour corollaire évident une limitation des pouvoirs de la superstructure hiérarchique.

L’autonomie réelle du Chef d’établissement concerne à coup sûr :
– le projet d’établissement, dans le cadre d’une politique générale
– les dispositions telles que le choix entre groupes de niveau ou classes d’âge dans certaines disciplines,
– la supervision des enseignants, leur recrutement
(qui n’interdit pas à l’Education nationale de définir des conditions générales telles que l’exigence de certains diplômes)
– les principes pédagogiques, qui doivent être respectés par les enseignants, en rapport avec le projet d’établissement.
– les relations avec les élèves, les parents, les pouvoirs publics locaux, les autres établissements d’enseignement, les autres entreprises, associations, collectivités.

Innovation.

Les bons dirigeants ont toujours innové. Aujourd’hui, dans l’enseignement, les voies d’innovation sont innombrables. Mais toute innovation implique un risque d’échec : il faut parfois consentir dix échecs pour une innovation qui compense, et au-delà, les échecs.
Nous ne nions pas totalement la possibilité d’innovation par le sommet de la hiérarchie, dont la réussite implique toujours une collaboration étroite avec la base. Le coût d’un échec est énorme, lorsque cette innovation a été appliquée à des dizaines de milliers d’élèves, des millions, ou des dizaines de millions, si l’échec a été cultivé 40 ans.
L’établissement est bien placé pour innover localement, puisqu’il maîtrise la plupart des informations nécessaires. Et le coût de l’échec est limité, d’autant plus que la plupart des responsables ne persisteront pas, car libérés de l’inertie d’un mastodonte.
Ce dont a besoin le responsable local, c’est de conseils et d’assistance : à cela devrait se consacrer la superstructure de l’Education nationale.
Les réseaux volontaires d’établissements joueront aussi un rôle positif.

Conditions d’une concurrence loyale entre établissements publics et établissements privés.

Trois conditions :
1 – Financement par élève égal, à environnement social comparable.

Actuellement le coût d’un élève est 30 % supérieur dans le public, mais les environnements sociaux ne sont pas comparables.

2 – L’État ne peut financer que des établissements privés obtenant des résultats égaux ou supérieurs par rapport à l’enseignement public.
Dans le domaine de la transmission des savoirs, ce sont les examens qui fourniront les repères sur les acquis des élèves (voir plus loin). Il faut donc confier la conception ou l’agrément des examens et leur contrôle à une autorité indépendante (de l’Education nationale en particulier).
Cette idée a déjà été énoncée dans le rapport de la  concertation (oct 2012)
p.52    Une évaluation de l’École recrédibilisée

Une évaluation de l’École est indispensable, non pour être utilisée à des fins de mise en concurrence généralisée, mais pour améliorer les résultats. Elle l’est davantage encore au moment où l’École est en difficulté et est appelée à se transformer en profondeur. Chaque école, chaque collège, chaque lycée doit évaluer son action et y être aidé par la mise à disposition d’outils appropriés. Les services académiques doivent également disposer d’informations fiables pour accompagner plus efficacement l’action des écoles et établissements. Enfin, l’évaluation concerne le niveau central, qui doit se doter d’une vision globale du fonctionnement et de l’efficacité du système éducatif. La question de l’évaluation demeure pourtant polémique, tant elle a parfois été dévoyée. Par exemple, la méthodologie des évaluations des acquis des élèves à l’école primaire est fortement mise en cause. Ce n’est pas tant le principe d’une évaluation par des indicateurs qui est contesté que la manière dont ils sont choisis, construits et utilisés. L’évaluation, pour être reconnue et utile, doit être cohérente, scientifiquement légitime et participative.
 â Créer une instance indépendante qui contribuera à rendre lisible et transparent l’ensemble du processus d’évaluation. Elle aura notamment pour mission de passer commande de travaux d’évaluation, de valider le programme de travail du ministère et d’assurer la diffusion des résultats auprès des professionnels de l’éducation et des citoyens.
â Disposer, en complément des évaluations internationales, d’évaluations régulières et suivies des acquis des élèves au niveau national, sur la base de la constitution d’échantillons.
âMettre à disposition des enseignants une banque d’exercices d’évaluation en ligne pour les aider dans le suivi des progrès de leurs élèves.

Nota. Dans ce qui précède, il faut comprendre au sens large le mot « établissement ». Par exemple, l’instauration de l’apprentissage en alternance fait de l’entreprise hébergeante une annexe enseignante. Selon le principe d’excellence, la qualité de son travail doit se traduire dans les résultats d’examens ad hoc. La formation consciencieuse d’un apprenti coûte cher à l’entreprise, en temps de personnel qualifié ; l’entreprise doit donc recevoir une subvention par élève.

3 – Il faut libérer l’enseignement public de l’obligation de recevoir tous les élèves. En cause, les élèves perturbateurs capables de pourrir toutes les classes dans lesquelles ils passent.
Nous proposons qu’à la seconde exclusion, l’élève soit affecté à un établissement spécialisé dont la mission doit être de le remettre le plus vite possible dans le circuit normal.

Mise en perspective.

 a) Autonomie dans le secteur public.
Elle ne pourra se faire que progressivement, par délégation à des personnes volontaires pour assumer toutes les responsabilités. Pendant plusieurs années, elles seront minoritaires. Elles devront être protégées contre les tentatives de reprise de leurs droits délégués. Pour cela, un médiateur devrait être nommé au plus haut de la hiérarchie.

b) Création de l’autorité indépendante chargée du contrôle des examens dès le début du quinquennat.
▪ En 2017–2019 cette autorité s’organisera, recrutera (en partie à l’Education nationale), étudiera les besoins et les potentiels pour une première définition des objectifs (voir plus loin).Elle  homologuera ou construira une première série d’examens, leurs épreuves, consignes de passation et de correction. Elle mettra en place et testera les contrôles, le recueil des résultats et les dispositifs d’analyse et de diffusion (« big data » « open data »).
Elle définira les conditions selon lesquelles les examens seront obligatoires dans le secteur public et le secteur privé subventionné  (actuellement sous et hors contrat).

▪ En 2020, les premiers résultats seront disponibles, ce qui permettra de financer les écoles privées ayant de bons résultats.

▪ Au cours des années suivantes, l’autorité indépendante étendra le catalogue des examens pour couvrir progressivement toutes les activités et toutes les années scolaires.

c) Elèves perturbateurs.
Dès 2018, ouverture de classes spécialisées pour recevoir les premiers élèves. Programmes de travail comportant dans un premier temps une pratique intensive de sport d’équipe sans aucune concession sur le respect des règles du jeu et de la discipline. Pour les plus jeunes ou les plus faibles physiquement, autres activités d’équipe.
Dans une seconde période : fondamentaux, éventuellement en repartant à zéro. – travail en petits groupes.

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