Il n’est pas contestable que beaucoup d’enseignants ont des lacunes graves, à la fois dans la maîtrise des savoirs qu’ils doivent transmettre, et dans leurs pratiques pédagogiques.
Les causes sont connues : les « réformes » à répétition, les modalités d’affectation et de contrôle, l’inconsistance de la formation initiale, l’abaissement régulier, depuis plusieurs décennies, du niveau de recrutement.
Sur le chemin vers le premier niveau mondial, il y a un énorme travail à faire pour des centaines de milliers d’enseignants.
Et là encore, il faut distinguer deux programmes : le recrutement et la formation initiale d’une part, le perfectionnement voir le recyclage d’autre part.   

Recrutement et formation initiale.

Ce programme devrait démarrer immédiatement dès le début du prochain quinquennat, par une phase de réflexion et de préparation. Il pourrait fonctionner à plein en septembre 2018.
Ce programme concerne l’enseignement public et serait facilement transposable au secteur privé.

Recrutement.
Si les politiques de tous bords voulaient bien se mettre d’accord sur l’objectif à long terme, sur la  nécessité  d’un retour au calme et sur la nécessité d’envisager un temps long, on verrait certainement les candidatures augmenter après quelques mois d’observation. Ce n’est pas une question de salaire, et le retour à des règles raisonnables d’affectation et de mutation serait certainement un facteur important.
Quant aux salaires, une exception pour les professeurs de maths, très recherchés par ailleurs : il faut donc majorer leurs salaires d’une prime, comme il est habituel dans beaucoup d’administrations.

Formation aux savoirs
Elle doit être confiée à l’université, par des licences exigeantes, avec sélection à l’entrée.
Pour les instituteurs, une licence pluridisciplinaire pourrait être créée par certaines universités. Cette licence aurait une valeur dans beaucoup de postes en dehors de l’enseignement.
Dispositif analogue pour les savoirs non académiques et notamment pour l’enseignement professionnel.

Formation au métier d’enseignant.

Formation à distance pour l’étude comparée des principales méthodes et pratiques pédagogiques.
Formation pratique sur le terrain assurée par des enseignants en poste, rémunérés en conséquence.

Mise en perspective.
Le programme complet décrit ci-dessus exige peut-être cinq ans, mais sans doute pourrait-on gagner du temps par un recouvrement entre les deux formations, par exemple en deuxième et troisième années de licence
Les nouvelles promotions débuteront ainsi 4 ou 5 ans après 2018 soit à la rentrée 2022 ou 23.
En attendant, on pourrait tester d’autres formules, par exemple celle de l’ILFM (Institut Libre de Formation des Maîtres).

 Perfectionnement ou recyclage des enseignants en fonction

Il s’agit de tous ceux exerçant actuellement, et des nouveaux qui entreront avant que les nouveaux processus de sélection et de formation soient pleinement efficaces.

Recrutement, inventaire.
A priori, il pourrait sembler logique de commencer par dresser un inventaire objectif des besoins. Mais par quels moyens ?
Un des moyens objectifs serait la réussite des élèves d’un enseignant, mesurée sur 2 ou 3 ans par la différence entre les acquis des élèves en début et en fin d’année scolaire. Cela suppose l’existence d’examens annuels qui ne seront pas en place avant plusieurs années.
Comme le processus de recyclage et de formation durera très longtemps, on peut penser qu’un recensement ou inventaire n’est pas urgent. Il y aura suffisamment à faire avec des volontaires pour un perfectionnement.
Dans le secteur privé et les établissements publics autonomes, le Chef d’établissement aura un rôle moteur vis-à-vis de ses enseignants.

Maîtrise des savoirs.
Tous les procédés de formation, y compris l’enseignement à distance sous diverses formes, sont ici concevables. Car, s’agissant de transmettre des savoirs et des savoir-faire bien définis, la formation et le perfectionnement peuvent donner lieu à des examens (cela s’est toujours fait dans beaucoup d’administrations).
Ces dispositifs de formation peuvent être créés progressivement, par modules. Cela demande un gros investissement.

Mêmes dispositions en ce qui concerne les connaissances théoriques relatives aux méthodes pédagogiques générales, aux didactiques par discipline, et aux pratiques pédagogiques.

Formation au métier
Elle repose sur les professionnels, enseignants ou anciens enseignants. Ici le contact humain direct est indispensable, comme le travail avec des élèves.
Les dispositions pratiques devront être testées et mises au point. C’est un vaste domaine d’innovation, publique ou privée, et de collaboration avec des chercheurs français ou étrangers.

Nota. Les primes, attribuées selon des critères objectifs, peuvent être une forte incitation aux progrès personnels. Il faudra donc, au début du prochain quinquennat, éviter de décréter des augmentations générales, sans rapport avec la qualité et l’efficacité du travail fourni.

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