Les inspecteurs généraux ne font pas mention des résultats publiés, dont nous savons qu’ils sont faux. Par contre la note insiste longuement sur les difficultés de la collecte et de l’exploitation statistique, ce qui, en 2009, est proprement stupéfiant – sauf bien entendu si la remontée des résultats a été l’occasion de « négociations » et « d’harmonisation » de données brutes.
Les auteurs se félicitent du taux de remontée de 70 % pour CM2 et 85 % pour CE1, sans s’inquiéter du fait que de telles lacunes peuvent entraîner des biais importants dans les résultats d’ensemble : il est en effet à craindre que les résultats qui n’ont pas été « remontés » soient moins bons que ceux qui ont été exploités, car il est difficile d’imaginer un enseignant ayant obtenu de bons résultats et refusant de le faire savoir.

L’exploitation des résultats des évaluations

•  La note traite de l’exploitation des résultats des évaluations 2009 sur le terrain et par l’encadrement.
Les auteurs remarquent que les évaluations permettent des comparaisons avec les exigences des nouveaux programmes (3), ce qui exact. Ils font état de deux exploitations possibles :

 – révéler « l’écart, qui peut être très important, entre ce qui est enseigné et ce qui devrait l’être ».
– détailler les écarts entre les connaissances acquises par les élèves et les exigences des programmes.

Mais les auteurs négligent de rappeler que ces deux exploitations ne sont pas indépendantes :

 – pour ce qui n’a pas été enseigné en CE1 et CM2 et au cours des années précédentes, l’évaluation n’apporte aucune information utile sur les élèves
– pour ce qui a été enseigné, l’évaluation renseigne sur le processus de transmission du savoir.

On peut certes admettre qu’une lacune générale dans les connaissances des élèves révèle une lacune générale dans l’enseignement, et réciproquement. Mais, lorsque les résultats sont mitigés, l’évaluation seule ne permet pas remonter aux causes.
Sachant que la transition entre les anciens programmes et les nouveaux prendra plusieurs années (4), et devant contrôler cette évolution, l’Education Nationale aurait dû consacrer l’année 2008-2009 à un état des lieux, inventaire statistique de ce qui a été réellement enseigné cette année, comparé aux programmes 2008. C’était possible en travaillant sur un échantillon représentatif d’écoles.

•  Les choses se présentent un peu différemment au niveau d’une classe. Quelques mois après la rentrée, un instituteur sait non seulement ce qu’il a enseigné, mais aussi quels savoirs ont été, ou non, transmis à ses élèves dans les classes précédentes. Ainsi les évaluations ont pu conduire à des réflexions utiles.
Et ceci est vrai aussi bien pour les instituteurs qui ont joué le jeu, que pour ceux qui l’ont faussé en « préparant » les épreuves avec leurs élèves, ou en sur-notant.

•  Nous n’approuvons pas l’idée qu’à l’avenir, les évaluations nationales permettront aux maîtres de mieux connaître leurs élèves. Tout bon enseignant se préoccupe en permanence des connaissances acquises et assimilées par chacun de ses élèves. Les évaluations nationales sont nécessaires pour fournir des références communes concrètes, car sinon il est inévitable que chaque enseignant construise ses propres références d’après son expérience nécessairement limitée.
Par contre, sachant que les résultats étaient faussés, les auteurs du rapport auraient pu se dispenser de considérations sur le « pilotage pédagogique » des écoles, des circonscriptions, des départements, et de l’ensemble national. Tout cela restera dérisoire tant que la passation et la notation des épreuves (sans parler de leur traitement !) ne seront pas fiables.
Des évaluations nationales, supposées sincères, fiables et constantes, rendraient aussi un très grand service aux élèves et à leurs parents en les plaçant face à un aspect de la réalité : la différence entre leur niveau d’instruction estimé par rapport à leur environnement local, et le niveau des connaissances d’autres écoliers français.
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(3) Les évaluations nationales CE1 sont assez proches des programmes de CE1. Par contre, pour CM2, les points attribués sont selon le cas du niveau d’exigence de CE2, ou CM, ou CM2. Cela étant, il serait possible d’en tenir compte dans une exploitation statistique. Voir  : la vérité sur les évaluations CM2
(4)  A partir du moment où tous les CP appliqueront les nouveaux programmes, il faudra attendre 5 ans pour que les élèves de CM2 aient tous suivi un cursus complet conforme aux programmes 2008.

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