Lors de la première enquête (novembre-décembre 2008) « il n’y avait alors plus de refus de principe de ces nouveaux programmes, peut-être par déni ou méconnaissance de leur nouveauté. Les interlocuteurs ne voyaient pas dans les nouveaux textes de rupture fondamentale… » (1)
« Les observations récentes n’ont pas modifié cette appréciation, qui se nourrit au contraire d’interrogation sur la prise en compte effective des modifications dans les contenus …«
Il est étonnant que la note ne mentionne pas les conditions et contraintes de l’application, en 2008-2009, des nouveaux programmes, sauf en ce qui concerne l’absence de nouveaux manuels.
Le fait majeur est pourtant que, dans la plupart des classes, l’application intégrale des programmes 2008 était impossible, à cause de l’enseignement dispensé aux élèves les années précédentes, et des énormes lacunes dans les connaissances qui en résultaient pour la plupart des élèves. Par exemple, en CM2, il était impossible de rattraper en un an les lacunes des élèves à la fin du CM1 en juin 2008, et en outre de suivre le programme de CM2. Le CP fait exception, puisque c’est la première classe du primaire, et que plusieurs bons manuels existaient déjà en « para-scolaire ».
Que ce soit en CM2 ou en CP, les maîtres volontaires pour appliquer les nouveaux programmes ont dû fournir de gros efforts, qu’ils devront d’ailleurs poursuivre plusieurs années.
On aurait aimé trouver dans la note de l’Inspection une estimation de la proportion des instituteurs qui ont commencé effectivement à changer leurs pratiques, dans le sens de la transmission du savoir et donc de l’abandon du constructivisme.
Combien s’apprêtent-ils à changer leurs pratiques en 2009-2010 ? L’Inspection Générale se borne à constater une prise de conscience :
« En bref, les enseignants ont pris conscience, par les évaluations, du niveau d’exigence des nouveaux programmes …«
La note ne fournit aucune indication sur ce qui a été fait. – ou aurait pu être fait – pour inciter au changement et le faciliter.
Programmes et horaires
A leur publication, les nouveaux programmes ont été largement critiqués au motif qu’ils étaient beaucoup plus exigeants que les précédents –ce qui est vrai – alors que les horaires diminuaient – ce qui est faux. Sur ce point, la note de synthèse comporte des mentions contradictoires :
« De l’avis général des enseignants, le temps manque pour faire tout le programme d’enseignement« .
Mais, à propos du temps disponible, la mission fait observer que « Dans l’immédiat, il est indispensable de lutter contre les habitudes de grignotage du temps installées avec les sorties scolaires et les interventions extérieures, qui déconcentrent les élèves et font perdre beaucoup de temps sur les apprentissages« . Il faut ajouter à cette énumération les pratiques constructivistes de « débats » et similaires, extrêmement chronophages.
Ainsi, les pratiques actuellement majoritaires ne fournissent aucune information valable sur le temps nécessaire à la transmission méthodique des savoirs conformes aux nouveaux programmes. La question des horaires ne pourra être valablement abordée que lorsque, dans la majorité des classes, le temps ne sera plus gaspillé.
On a présenté comme une diminution des horaires le fait que les horaires généraux ont été diminués de 2 heures par semaine, remplacées par 60 heures annuelles d’aide personnalisée.
Or l’instituteur n’est pas un conférencier qui parcourt le programme devant un public d’auditeurs ; il adapte en permanence sa pratique – et donc l’emploi du temps – aux progrès de ces élèves. Si la classe n’est pas trop hétérogène en niveau, il peut s’occuper de tous ses élèves, vérifier ce qu’ils font et ainsi les aider. L’aide personnalisée n’est qu’une autre pratique, que l’on espère plus efficace, et procurant soit un gain de temps soit un gain d’efficacité dans la transmission du savoir.
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(1) Devant une réforme dérangeante, deux défenses sont banales : arguer ou bien qu’elle est impossible, ou bien qu’elle ne change rien dans la pratique. C’est ainsi que les tenants du départ global déclarent tous maintenant faire du « syllabique ».