Sur la foi du Décret, nous cherchons où sont définis dans les projets de programmes, les connaissances et compétences attendues, au niveau du socle commun, à la fin des cycles 2, 3 et 4.

Nous examinerons ce qui peut préfigurer les acquis attendus à la fin du cycle 3 (fin de la 6ème) et à la fin du cycle 4 (fin de la 3ème).
Les projets de chaque cycle présentent d’une part des généralités, d’autre part des développements par domaine ou discipline.

Généralités

• On y apprend d’abord que « le Conseil a tout particulièrement besoin de recueillir des informations ou avis sur les points suivants :
– l’adéquation entre les ambitions affichées… le cadre … l’âge et la capacité des élèves
– le niveau d’exigence attendu en fin de cycle
– la continuité des apprentissages entre les cycles
– la lisibilité des projets (!)
– la pertinence des contenus proposés, au regard (sic) des objectifs du socle commun. »

Mais qu’a donc fait le CSP depuis près de 2 ans ?

• On y a apprend aussi que les projets de programmes « ne précisent pas les modalités pratiques détaillées par lesquelles s’assurer que les objectifs fixés sont acquis par les élèves ».
C’est la sagesse même : il y a au ministère des experts capables de formater les évaluations en fonction du niveau de réussite attendu par le ou la ministre.
• Le projet de chaque cycle comprend un tableau de plusieurs pages explicitant « la contribution de chaque champ disciplinaire ou champ éducatif à l’acquisition des cinq domaines du socle ».
Il est spécifié toutefois (cycle 4) que ces tableaux présentent, non pas l’intégralité des apports possibles de chaque champ disciplinaire éducatif, mais sa contribution essentielle et spécifique à l’acquisition de chacun des 5 domaines du socle.
Cela semble signifier que le socle commun n’est pas le seul niveau de savoir que peuvent atteindre les élèves.
Pour le cycle 4, par exemple, ce tableau occupe 5 pages serrées, en petits caractères.
Cette abondance impose l’impression d’une extraordinaire confiance du CSP dans la qualité de l’enseignement et dans la qualité des élèves.
En fait, c’est écrit en termes si généraux que cela perd toute signification pratique.
Exemple : « Manipuler les composantes techniques, sémantiques, iconiques, corporelles et symboliques des langages plastiques dans une visée symbolique ».
« Construire par la pratique des principes de santé »
« S’approprier une culture littéraire vivante et organisée « 
L’EPS « permet de donner un sens concret aux données mathématiques en travaillant sur temps, distance et vitesse »
Tout cela ne définit pas les objectifs pratiques du socle commun.

Détails par discipline ou par domaine

Pour le cycle 3, les chapitres sont :
Français – LV – EPS – Enseignement artistique – Histoire des Arts – Maths – Histoire et Géographie – Sciences et technologies
Au cycle 4, s’ajoutent :
Education musicale – Sciences de la Vie et de la Terre – Physique chimie – Éducation aux médias et à l’information.
Chaque section à l’intérieur d’un chapitre fait l’objet d’un tableau détaillé comportant :
– au cycle 3 : trois colonnes :Composantes de la compétence
Connaissances associées
Méthodes, outils
– au cycle 4 s’ajoute une colonne précisant les domaines du socle (1 à 4 sur 5) correspondant à chaque composant de la compétence.
Avec des paragraphes de généralités, le tout représente 38 pages pour le cycle 3, 46 pages pour le cycle 4.
Dans ce détail extrême, il est impossible de discerner ce qui appartient au socle commun.
Compétences attendues en fin de cycle. Quelques exemples.
Bien que la présentation varie selon les chapitres, il est très fréquent que le tableau des composantes et compétences d’une section soit précédé d’un paragraphe consacré aux compétences attendues en fin de cycle.
De ces paragraphes, il est très difficile de savoir s’il se réfère au socle commun ou à un niveau supérieur.
Français – cycle 3.
– Écriture « à ce stade de la scolarité, on valorise la construction d’un rapport à la norme écrite « . Est-ce bien clair ?
Compétences attendues en fin de cycle : « Écrire un texte de deux pages adapté à son destinataire (sic). Après révision, le produit doit être organisé et cohérent. Il est attendu que la graphie soit lisible et que les régularités orthographiques soient maîtrisées ».
Cela paraît ambitieux, s’il s’agit du socle commun.
– Étude de la langue (précédemment Observation réfléchie de la langue, anciennement : grammaire).
Compétences attendues en fin de cycle :  « Repérer les propriétés des notions centrales utiles en orthographe, le nom et l’accord en genre et nombre au sein du groupe nominal, l’accord avec le sujet (nominal/pronominal) et l’accord de l’attribut avec le sujet. Identifier les classes de mots qui subissent des variations morphologiques (nom, déterminant, adjectif, pronom, verbe) « .
Est-il permis d’espérer qu’il ne s’agit là que du socle commun ? Ce n’est pas sûr, car l’analyse grammaticale, par exemple, ne figure pas au cycle 3.
Mathématiques – cycle 3
– Texte introductif page 31 :  » … le cycle 3 assure la poursuite du développement des six compétences spécifiques et majeures des mathématiques : chercher, modéliser, représenter, calculer, raisonner et communiquer ».
A part « calculer », ces prétendues compétences n’ont rien de spécifique des maths. Cedric Villani remarque aussi l’absence du verbe « démontrer ».
On se demande par quel processus les auteurs ont rédigé ce genre de phrase.
– Nombres et calculs.
Compétences attendues « Donner du sens aux nombres décimaux ».
Belle formule ! Suit une énumération d’opérations arithmétiques banales.
« Pratiquer le calcul, mental et écrit, exact et approché, d’estimation, notamment en mobilisant les ordres de grandeur » (on mobilise beaucoup dans ces projets de programmes).
Si l’on ne précise pas des limites dans la nature et la complexité des calculs, on ne sait pas de quoi l’on parle.
Français – cycle 4
Oral – Ecriture – Lecture – Étude de la langue.
Les trois premiers chapitres font l’objet de tableaux dans lesquels le socle commun apparaît dans chaque composante de la compétence, sous forme d’une indexation sur les 5 domaines du socle.
Une composante peut ainsi être reliée à 1, 2, 3 ou 4 domaines du socle. C’est apparemment du plus haut intérêt.
Quant aux compétences attendues en fin de cycle :
Oral
« Lire un texte à haute voix de manière claire et intelligible ; dire de mémoire un texte littéraire ».
Selon la nature des textes, cette formulation convient aussi bien au CE2 qu’à l’enseignement supérieur littéraire, comme au socle commun.
Lecture.
« Lire une oeuvre complète et rendre compte oralement de sa lecture ».
 Selon que l’oeuvre est une fable, un sommet, ou les 27 volumes des Hommes de bonne volonté, la signification de cette phrase change légèrement !
Étude de la langue.
« Savoir mobiliser un bagage lexical étendu » (le mot « bagage » évoque la mobilité, il est donc normal de mobiliser le bagage lexical).
« Construire un rapport à la norme et à l’usage en syntaxe »
Ces deux propositions s’appliquent-t-elles au socle commun ?
Mathématiques : cycle 4
Nombres et calculs.   Attendus en fin de cycle
– comprendre et utiliser la notion de divisibilité entre nombres entiers
–        »                       »   les nombres relatifs
–        »                       » la notion de fraction
–        »                       » les nombres décimaux
–        »                       » la notion de puissance

Après neuf ans d’études, peut-on espérer qu’il s’agit là du socle commun ?

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