Ce décret comporte deux parties :

– un ensemble réglementaire de 6 articles (3 pages format A4)
– une annexe de 10 pages.

LE  DÉCRET.

Le décret concerne la scolarité obligatoire de 6 à 16 ans, ce qui correspond à peu près à l’école élémentaire et au collège.
Le socle commun entrera en vigueur à la rentrée 2016. Les acquis des élèves seront évalués à la fin des cycles 2,3 et 4
Les cinq domaines du socle commun sont définis dans les termes suivants :
« 1° Les langages pour penser et communiquer : ce domaine vise l’apprentissage de la langue française, des langues étrangères et, le cas échéant, régionales, des langages scientifiques, des langages informatiques et des médias ainsi que des langages des arts et du corps ;
 « 2° Les méthodes et outils pour apprendre : ce domaine vise un enseignement explicite des moyens d’accès à l’information et à la documentation, des outils numériques, de la conduite de projets individuels et collectifs ainsi que de l’organisation des apprentissages ;
 « 3° La formation de la personne et du citoyen : ce domaine vise un apprentissage de la vie en société, de l’action collective et de la citoyenneté, par une formation morale et civique respectueuse des choix personnels et des responsabilités individuelles ;
 « 4° Les systèmes naturels et les systèmes techniques : ce domaine est centré sur l’approche scientifique et technique de la Terre et de l’Univers ; il vise à développer la curiosité, le sens de l’observation, la capacité à résoudre des problèmes ;
 « 5° Les représentations du monde et l’activité humaine : ce domaine est consacré à la compréhension des sociétés dans le temps et dans l’espace, à l’interprétation de leurs productions culturelles et à la connaissance du monde social contemporain. »
Contrairement aux termes du décret, les 5 domaines ne sont pas définis par ces phrases, pour la bonne raison qu’ils n’ont pas de limites. Ces domaines ne sont pas définis, mais infinis. Leur maîtrise peut occuper une vie entière.
On note l’absence quasi totale des disciplines, à l’exception du français et des langues vivantes, qui sont confondues avec les langages informatiques et les langages du corps. La rédaction du premier paragraphe marque l’abaissement de l’enseignement du français dans le projet de socle commun.
Confusion mentale ?
« Désormais, le programme n’est plus ce que l’enseignant doit faire avec ses élèves mais ce que les élèves doivent savoir » (Vallaud-Belkacem 11. 3. 15)
« Chaque domaine comprend des objectifs de connaissances et compétences définies en annexe … » (Décret)
« Les acquis des élèves dans chacun des domaines (du socle commun) sont évalués … sur la base des connaissances et compétences attendues … telles qu’elles sont fixées par les programmes (Décret)
Dans la vie courante, les objectifs sont des résultats attendus, assortis des critères qui permettent, à terme, de constater qu’ils ont été atteints ou approchés. Le programme indique l’un des chemins permettant d’atteindre un objectif.
Dans l’enseignement, on a pris l’habitude de confondre les programmes avec des objectifs restant informulés. Or, si les programmes définissent bien, pour le système d’enseignement, des obligations de moyens, les objectifs devraient définir des obligations de résultat, c’est-à-dire de savoirs effectivement acquis par les élèves, particulièrement pour le socle commun.

L’ANNEXE.

• Pour « définir les objectifs  » des cinq domaines, pas moins de 10 pages serrées sont nécessaires, dans le style inimitable de l’atelier de production d’écrits de la Rue de Grenelle, sous l’égide du constructivisme.

Quelques échantillons :
« Il découvre le plaisir de lire ». On attendrait avec curiosité le mode d’évaluation de cet objectif, si on ne le connaissait pas d’avance : une croix à cocher dans le dossier de l’élève.
« Dans des situations variées, il recourt, de manière spontanée et avec efficacité, à la lecture et à l’écriture ».
« L’élève est attentif à la portée de ses paroles et à la responsabilité de ses actes ». Qui est contre ?
Ce jargon n’est pas nouveau ; on le trouve dans la plupart des instructions officielles et directives de l’Education nationale; Claude Allègre avait, en 2000, cloué au pilori le « référentiel bondissant » (ballon).
Toutes ces formulations sont imprécises, et le volume de l’annexe ajoute à l’imprécision.
Cette avalanche verbale décourage le commentateur. Nous invitons cependant le lecteur curieux à parcourir l’original.

• Au titre de la confusion mentale, nous observons que le mot « objectif » reçoit deux acceptions différentes dans le même décret
– d’une part, énumération de connaissances et compétences attendues
– d’autre part, dans l’annexe, longs commentaires sur ce que pourraient être les objectifs du socle commun… si toutefois ils étaient explicités quelque part !

En attendant la publication officielle des nouveaux programmes à l’été 2015, pour application à la rentrée 2016, nous avons recherché les informations sur le socle commun disponibles dans les projets de programmes.

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