Le bulletin périodique de la région Bourgogne–Franche-Comté consacre une page à Émile Jeannenot, 19 ans, qui vient d’obtenir le titre de Meilleur apprenti boulanger de France.
Il travaille actuellement en alternance dans une boulangerie ; son patron dit de lui « Il est fort… Il recherche l’excellence … « .
Son rêve : devenir Meilleur Ouvrier de France (MOF) pour, ensuite, créer son entreprise artisanale.
MOF, un diplôme supérieur qui en vaut beaucoup d’autres.
L’Education nationale aurait le moyen de multiplier les vocations :
- jusqu’à 14 ans, études générales de bon niveau pour tous, obligation de choisir au moins une option dans les domaines non disciplinaires ;
- ensuite, possibilité d’apprentissage en alternance.
Et qu’on n’entende plus jamais, dans la bouche d’un professeur « Mais tu es trop intelligent pour être boulanger »
Pour ceux qui veulent approfondir la notion d’alternance, voir
« Le Collège Unique où l’intelligence humiliée« , Ed. François Xavier de Guibert 2011, et notamment le témoignage de Cécile Reveret au sujet de l’intelligence des boulangers que nous rapportons ici :
En ce qui concerne les professeurs, il faut bien dire qu’ils y ont une part de responsabilité : une majorité d’entre eux, en effet, ne veut pas entendre parler de différences entre les enfants ni d’orientation précoce ; Tous, selon eux, doivent atteindre le bac général. Et lorsqu’un élève manifeste un projet professionnel, il est souvent découragé par ses enseignants eux-mêmes et, pis encore, par le conseiller d’orientation.
Tel élève de mon collège voulait être ébéniste et s’engager dans cette voie dès la classe de 4ème : il dut se battre contre ses professeurs qui voulaient l’en dissuader.
Un autre voulait être boulanger. Son professeur d’anglais s’écria : « Mais tu es trop intelligent pour être boulanger ! » en présence de la responsable du syndicat de la boulangerie venue présenter sa profession ! ( Lorsque j’ai appris cette histoire, j’ai remué ciel et terre pour trouver le nom et le numéro de téléphone de cette dame et lui présenter des excuses collectives…)
Ces petites phrases ne sont pas rares, malheureusement, et manifestent une profonde méconnaissance du monde du travail chez les professeurs. Les métiers manuels sont rarement conseillés. Ils sont choisis par défaut et cette orientation est présentée et vécue comme un échec.