JM BLANQUER : MULTIPLICATION DES ANNONCES

En quelques jours, le nouveau ministre a beaucoup parlé. Exemples :

« Le pédagogisme est maintenant du passé ».

Belle formule : Zorro est arrivé, et le pédagogisme a expiré. On peut lui donner plusieurs significations :
▪ Le pédagogisme est banni du ministère et des instances dirigeantes de l’Education nationale. Cela implique que les responsables ont été mis au placard (voir notre recension de « Mais qui sont les assassins de l’école ? »)
▪ L’enseignement explicite devient la doctrine officielle ; cela implique l’amendement des Lois Jospin et Fillon.
Cette belle formule occulte les vraies difficultés :
– celle de la liberté pédagogique : tant que le ministre n’aura pas reconnu publiquement la nocivité, pour beaucoup d’élèves, du constructivisme, on ne pourra pas arguer du fait que la liberté pédagogique n’autorise pas n’importe quoi : « primum, non nocere » .

– même « passés », le pédagogisme, le constructivisme, le spontanéisme, le laxisme ont laissé des traces profondes dans l’esprit de beaucoup d’enseignants. Quid d’un « recyclage » impératif ?

– même « passées », ces doctrines mortifères ont profondément perturbé le fonctionnement mental de centaines des milliers d’élèves. Ainsi, pour ceux qui vont entrer en 6ème en septembre 2017, et dont l’ensemble de la scolarité est compromise.

Recrutement de 70 000 volontaires pour l’aide aux devoirs, dans le cadre de la formule « quitter l’école devoirs faits ».

Ici encore, les médias ont retenu une phrase au détriment de la diversité des problèmes et des remèdes possibles.
Mais c’est la rapidité du ministre qui intrigue. Sans doute pourrait-il dire qu’il connaît les problèmes et qu’il a déjà réfléchi aux solutions.
Cependant n’aurait-il pas dû approfondir ses réflexions ? Ainsi, il y a actuellement une aide aux devoirs non négligeable par des bénévoles qui veulent aider des élèves de leur entourage ou du voisinage.
Ces bénévoles se heurtent à une réalité incontournable. Du fait de l’avancement automatique de classe en classe, les élèves en difficulté se voient imposer des devoirs trop difficiles pour eux (contrairement à un principe de l’enseignement explicite : ne demander aux élèves ni exercices trop faciles ni exercices trop difficiles pour eux).
Souvent, ces élèves manquent des bases élémentaires du fait des pédagogies en vogue en grande section de maternelle, en CP et la suite. La seule mesure efficace serait de repartir à zéro. Mais cela demande de la part des bénévoles un savoir-faire qu’ils n’ont pas car, s’il n’est pas toujours facile d’enseigner un débutant, c’est beaucoup plus difficile s’il faut d’abord extirper de mauvaises habitudes.
D’autre part, cela n’intéresse pas les élèves. Ce qu’ils veulent, c’est que l’adulte les aide à faire leurs devoirs.
Effectivement à la fin, l’adulte fait le devoir.
70 000 volontaires feront-ils mieux ?

Dédoublement de certaines classes de CP.

Il s’agit de la reprise d’une promesse électorale qui avait le mérite de la simplicité – et les inconvénients du simplisme. La réalité est plus complexe, et il n’est pas étonnant que des enseignants défendent le dispositif « plus de Maîtres que de classes » dont paraît-il des « évaluations » auraient montré les faiblesses. Lorsqu’un ministre s’exprime, il vaudrait mieux qu’il s’appuie sur du solide, convenablement nuancé.

Nous souhaitons la réussite de JM Blanquer, mais …

… nous n’abandonnons pas les propositions présentées dans notre Programme pour l’enseignement obligatoire, publié avant les élections :
– Objectif : placer en 30 ou 40 ans notre enseignement obligatoire au meilleur niveau mondial (qui sera alors très supérieur à ce qu’il est aujourd’hui).
– Dynamiser l’Education nationale par une concurrence loyale avec le secteur privé que JMB ignore systématiquement ; étendre progressivement dans le secteur public l’autonomie réelle par la promotion de Chefs d’établissement pleinement responsables, et diminuer en proportion le poids de la superstructure.
– Donner à tous, enseignants, parents, élèves, des repères objectifs de la transmission des savoirs de toutes sortes ; confier cette mission à une agence indépendante chargée du contrôle des examens;
– Combler les lacunes académiques et leur insuffisance dans le métier de beaucoup d’enseignants
– Entreprendre des actions vastes et immédiates pour les élèves « naufragés » et « décrocheurs ».
Ces thèmes majeurs semblent absents de l’abondante « communication » de notre nouveau ministre.
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