Initialement formée à la traduction de conférences internationales, Elisabeth NUYTS a toujours été sensibilisée à la recherche du sens précis d’un message, qu’il soit écrit ou oral. D’où son intérêt pour la recherche des mécanismes qui conditionnent l’accès au sens. Elle s’occupe depuis plus de vingt ans, en libéral, d’enfants, d’adolescents et d’adultes en difficulté d’apprentissage, de lecture, d’expression, ou de mémoire.

Ayant complété sa formation en travaillant pendant 9 ans en supervision avec un psychologue cognitiviste, elle a ensuite effectué des recherches sur la compréhension des mécanismes cérébraux responsables des apprentissages de la parole, de la lecture et de l’écriture. C’est donc à la lumière des dernières découvertes sur les mécanismes du cerveau, qu’elle a analysé la pédagogie actuelle. Ce va-et-vient méthodique entre études de cas (près de 700 personnes), pédagogie, psychologie, et biologie lui a donné la preuve que notre école entrave le développement de l’autonomie intellectuelle de nos enfants.

Comment peut-on arriver à de tels drames ? En suivant aveuglément des théories pour le moins irréalistes qui semblent avoir fait l’amalgame entre rapidité et efficacité. Oraliser, syllaber, labialiser, et même subvocaliser. tout cela prend en effet plus de temps que de faire parcourir un texte des yeux. Exit la pensée langagière, dont nos neurologues déplorent en effet la disparition chez nos jeunes.

Que reste-t-il alors aux littéraires pour penser. eux qui ne peuvent penser qu’avec des mots .?

Que faut-il faire si l’on veut construire chez le jeune enfant cette pensée langagière nécessaire à la pensée autonome de l’homme?

  • Lui raconter des histoires. au lieu de lui montrer des films avant même que sa pensée langagière ne vienne mettre un écran entre ce qu’il voit et sa conscience.
  • En discuter énormément.
  • Lui faire lire à voix haute tous les jours, des textes différents de ceux de l’école , pour éviter que ne s’installe chez lui une lecture de simple reconnaissance d’un texte appris. la lecture ne s’apprend pas par cœur. Lui faire faire de fréquents arrêts pour lui laisser le temps d’évoquer. et des retours sur le texte pour en discuter. Faire travailler son raisonnement sur et à partir du texte. C’est ainsi que I’on va monter sa logique. ce qui était autrefois le but de l’école.
  • Ne jamais lui imposer la lecture silencieuse : elle viendra d’elle-même. en son temps. en passant successivement par la lecture à voix basse. le murmure. la labialisation (ou simple mouvement des lèvres). et enfin la subvocalisation. imperceptible à l’œil du profane. Au contraire. l’aider patiemment et inlassablement à casser l’inhibition de la parole que l’interdiction de lire çà haute voix a induite chez lui. dès avant le CP.
  • Ne jamais le mettre devant un ordinateur avant qu’il n’ait mis en place sa subvocalisation, sinon il va également mécaniser sa frappe . Or c’est malheureusement ce qui se passe depuis peu dans les petites classes, avec l’introduction de ces machines dans nos écoles primaires. et même dans certains CMPP, organismes pourtant ouverts pour aider les enfants en difficulté.
  • Et surtout, loin des théories nouvelles, lui apprendre à lire de façon analytique (alphabétique NDLR) , en faisant éventuellement appel à des instituteurs et des professeurs chevronnés à la retraite, et n’ayant pas subi de formations depuis les années 80.

Extrait de « L’école des illusionnistes » – Élisabeth NUYTS
auto-édité, 2000 – Prix 2002 Enseignement et Liberté

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