Avant de parler de lecture, intéressons-nous au langage parlé. L’apprentissage de celui-ci est un phénomène naturel d’imitation. En effet, les hommes ont parlé bien avant de savoir écrire. Sans écriture, il fallait, pour transmettre la parole à distance et pour la conserver, que certains hommes apprennent par coeur phrases, discours, poèmes. L’apprentissage du langage parlé est un phénomène naturel d’imitation. Un enfant auquel personne ne parle n’apprend pas à parler.

L’écriture est une représentation purement conventionnelle du langage parlé.

Les hommes ont inventé et appliquent encore de multiples formes conventionnelles d’écriture. L’écriture française comme beaucoup d’autres, est basée sur des combinaisons d’un très petit nombre de signes : 26 lettres, quelques accents, quelques signes de ponctuation. La combinaison de lettres se fait en alignant certaines lettres de gauche à droite pour former des mots. En français comme dans les langues du même groupe, des combinaisons de lettres et de signes représentent des sons élémentaires de la langue (ces sons élémentaires peuvent différer d’une langue à l’autre). On appelle phonèmes les sons élémentaires de la langue parlée, et graphèmes les lettres ou les combinaisons de lettres et signes qui représentent les phonèmes. Le nombre de phonèmes varie selon les langues. Si à chaque phonème correspondait un graphème, et réciproquement, on aurait une combinatoire simple, proche de la phonétique. Mais dans certaines langues, comme le français, il existe des phonèmes qui peuvent être représentés par plusieurs graphèmes (o au  aux eau, etc… ) et des graphèmes qui représentent plusieurs phonèmes (c par exemple).

En français, beaucoup de mots ont été construits à partir du grec et du latin.

Le français se place entre l’italien ou le finnois « qui s’écrivent comme ils se prononcent » et l’anglais. Les troubles de langage comme la dyslexie sont beaucoup plus graves en anglais qu’en italien. La langue française moderne – parlée et écrite – a été codifiée au XVIe et XVIIe siècle par des lettrés qui ont décidé d’y imprimer la trace des origines et notamment du grec. Par la suite, beaucoup de mots ont été construits à partir du grec et du latin. Il en est résulté des doublons comme « f » et « ph » qui n’existent pas dans d’autres langues. Il en reste aussi des formes caractéristiques communes à plusieurs mots (morphèmes), qui facilitent la connaissance des exceptions  et la mémorisation de l’orthographe (ex. phon, techn).
L’écriture étant basée sur de pures conventions, l’apprentissage « naturel » ne peut qu’être exceptionnel. Il faut un enseignement.

La lecture consiste à déchiffrer ou décoder l’écrit

Au sens premier, la lecture consiste à retrouver dans les mots et les phrases écrites les conventions de l’écriture pour les traduire en sons afin de prononcer à haute voix ou mentalement. C’est le déchiffrage ou décodage de l’écrit, que notre cerveau exécute à très grande vitesse lorsqu’il a mémorisé la « combinatoire ». La pratique répétée de la lecture et de l’écriture conduit à la mise en mémoire d’un « lexique » mental qui accélère le processus chez le bon lecteur.

Ecrire une phrase ou un texte, c’est traduire selon les conventions de l’écriture ce qu’un tiers vous dicte à haute voix, ou se dicter à soi-même ce qu’on a préparé mentalement.

Pour copier rapidement et efficacement, on lit attentivement puis on se dicte ce qu’on a lu. Ici encore, le lexique mental facilite et accélère l’écriture.
Nota. Une autre façon de copier serait de dessiner les mots en reproduisant la forme, ce que pourrait faire un Français copiant du japonais.
Des « experts » ont même prétendu que c’est par la forme générale (globale) que les bons lecteurs reconnaissent les mots, d’où est résulté une forme d’enseignement global fondé sur la silhouette des mots. Il a été prouvé depuis que cette assertion était fausse.

Le but de la lecture, c’est de comprendre ce qui est écrit

Prise dans sa généralité, la question de la compréhension de l’écrit est très complexe. Car le but de la lecture, c’est de comprendre ce qu’a voulu dire l’auteur. Si l’auteur a employé des mots au sens propre ou au sens figuré répertorié dans les dictionnaires, et s’il a adopté une syntaxe simple, la compréhension dépend de l’étendue du vocabulaire du lecteur. Le vocabulaire dépend lui-même des connaissances, voire de la spécialisation des personnes. Au cours des études, toutes les disciplines, en instruisant les élèves, développent leur vocabulaire. Si l’auteur a voulu s’exprimer indirectement, soit de façon très visible, comme La Fontaine dans ses fables, soit de façon hermétique, la compréhension de ce qu’a voulu dire l’auteur nécessite encore d’autres connaissances, sur l’auteur lui-même, la société dans laquelle il vivait, les circonstances. Cependant l’apprentissage de la lecture ne nécessite pas le recours à des textes à lire « entre les lignes ».

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