Certains manuels sont presque exclusivement voués à la lecture. Ils ne mentionnent pas l’apprentissage de l’écriture ou très sommairement. D’autres manuels sont exclusivement consacrés à l’écriture, et particulièrement à la calligraphie. Mais aujourd’hui, ceux qui reconnaissent la primauté de la méthode alphabétique admettent généralement que l’enfant doit en même temps apprendre à lire et à écrire, raison pour laquelle notre site s’appelle Lire-Écrire.
Une simultanéité des deux apprentissages nécessaire et justifiée
Cette simultanéité des deux apprentissages a plusieurs raisons qui semblent évidentes, même si depuis 50 ans, elles ont été niées par les penseurs progressistes :
- d’abord, la nécessité d’enseigner la lecture et écriture résulte d’une cause unique : l’existence de la langue écrite ;
- ensuite, parce que la méthode alphabétique convient parfaitement à l’apprentissage de l’écriture ; il est facile de mener les deux enseignements en synchronisation absolue ;
- enfin, parce que l’écriture renforce la lecture, dans la compréhension de la langue écrite, par l’effet de répétition des mêmes connaissances sous une forme différente, avec l’aide de la « mémoire de la main », nécessaire pour les enfants faiblement « visuels » et utile pour tous.
Dans la trilogie « bien parler, bien lire, bien écrire », le premier verbe est assez indépendant des deux autres.
On peut savoir bien parler, avec un vocabulaire riche et une syntaxe correcte, sans savoir lire et écrire. Certes, bien lire et beaucoup, écrire couramment, améliorent l’expression orale. En lisant avec attention on peut progresser en grammaire et en orthographe, mais en pratique la question de l’orthographe ne se pose vraiment qu’à l’écrit, comme son nom l’indique (orthographe = écriture correcte, conforme aux règles).
L’apprentissage de l’écriture oblige à porter l’attention sur les combinaisons des lettres, sur l’orthographe lexicale et grammaticale. C’est une des raisons pour lesquelles les enfants qui ont appris à lire et écrire en alphabétique font moins de fautes d’orthographe, même pour les mots dont l’orthographe est irrégulière.
Celui qui sait écrire sait aussi lire, ne serait-ce que ce qu’il écrit
Depuis longtemps, certains ont remarqué que, si celui qui sait lire ne sait pas toujours écrire, par contre celui qui sait écrire sait aussi lire, ne serait-ce que ce qu’il écrit. D’où l’idée qu’il vaudrait mieux enseigner d’abord l’écriture. Cette idée a été fortement développée au début de la IIIe République, en adoptant pour l’apprentissage de l’écriture la progression alphabétique : lettres et sons, graphèmes et phonèmes, syllabes et mots, phrases.
Les progressions alphabétiques de la lecture et de l’écriture doivent donc être rigoureusement parallèles et imbriquées.
Certes il faut montrer aux enfants les lettres et les syllabes, pour qu’ils puissent les écrire en les copiant, mais il ne s’agit pas à proprement parler de lecture. Ensuite, tant que la progression se limite à des associations phonèmes-graphème simples, et notamment tant que l’on s’en tient à des graphèmes n’ayant qu’une seule prononciation, ou à des phonèmes n’ayant qu’une seule traduction écrite (soit de fait, soit parce qu’on n’a pas encore enseigné l’existence de phonèmes traduits par plusieurs graphème ou de graphèmes traduisant plusieurs phonèmes), c’est-à-dire tant qu’on travaille sur des mots réguliers, qui s’écrivent comme ils se prononcent, il est possible de passer directement, sans lecture préalable, du mot dicté au mot écrit. Les progressions alphabétiques de la lecture et de l’écriture doivent donc être rigoureusement parallèles et imbriquées.