La calligraphie est la « belle écriture ». Il s’agit d’enseigner aux enfants une bonne et belle écriture, lisible et compréhensible, et suffisamment rapide pour accompagner la pensée. Cela implique l’acquisition d’automatismes, et donc un degré important de répétition, comme dans la plupart des activités humaines artistiques, sportives, techniques.
Demander à un enfant des lignes d’écriture n’est pas un retour à l’esclavage !
La calligraphie nécessite beaucoup d’attention et de soins. Elle doit être précédée d’une longue série de préalables, de maîtrise des gestes et de dessin, et aussi de tenue corporelle : bien s’asseoir devant la table, bien tenir porte-plume ou crayon, etc. Ces préalables ne devraient pas encombrer le CP, et devraient être acquis en maternelle. Cependant, aujourd’hui, lorsqu’on voit écrire certains adolescents et certains adultes, on constate que ce chapitre de la formation a été trop souvent négligé.
La calligraphie demande la maîtrise du geste
L’apprentissage de l’écriture est grandement facilité par l’emploi d’un papier réglé, ou d’une ardoise réglée. La réglure Seyes comporte deux sortes de lignes horizontales et des lignes verticales. Son utilisation a été en partie abandonnée aujourd’hui, et c’est regrettable. Quant aux pleins et aux déliés, qui contribuent largement à la maîtrise du geste, ils exigent une plume, et sont, aujourd’hui, presque abandonnés, ce qui est aussi regrettable. Mais le pire est peut-être devant nous.
Pourquoi calligraphier, puisqu’il existe des ordinateurs ?
L’informatique est à la mode depuis longtemps au ministère de l’Education nationale. Après de nombreuses tentatives inefficaces et coûteuses, il faudrait maintenant de toute urgence équiper toutes les classes de moyens pédagogiques « numériques ». Déjà les constructeurs proposent des tablettes tactiles pour les enfants en maternelle. Bientôt ils apprendront à écrire en touchant des images, moyen comparable, en cent fois plus cher, aux lettres mobiles.
L’association Lire-Écrire est résolument opposé à la généralisation de ces moyens dans le primaire et a fortiori en maternelle.
Ils n’ont pas été testés, et ne pourront l’être sans beaucoup de travail et de temps. On ne peut pas exclure qu’ils entraînent des dangers pour le cerveau des enfants, éminemment adaptable, au mauvais comme au bon. On commence d’ailleurs à en étudier sérieusement les effets « secondaires ». Dans ce domaine, c’est le principe de précaution qui devrait prévaloir. Car nous avons tous les moyens, les méthodes, les pratiques efficaces pour enseigner l’écriture comme la lecture. Rien ne presse, sauf de généraliser ces pratiques efficaces, qui n’exigent aucun support » numérique ».
Il y a d’ailleurs à parier que si, après des années d’expérimentation, de telles techniques étaient déclarées inoffensives pour le cerveau des enfants, on ne tarderait pas à découvrir que ces pratiques doivent être compensées par un renforcement des habiletés manuelles, et, pourquoi pas, en inscrivant au programme la calligraphie en pleins et déliés.