Ouvrage de Pierre de Panafieu – Eric Chol – Ed.Fayard 2018

Pierre de Panafieu dirige depuis 2001 l’Ecole Alsacienne fondée à Paris en 1874 par des Alsaciens ayant choisi la France « de l’intérieur » après la défaite de 1870. Sa qualité d’agrégé d’histoire explique les aperçus éclairants sur la genèse de notre enseignement depuis plus de quatre siècles.

L’école Alsacienne va de la maternelle au lycée. Elle n’est pas très importante en nombre d’élèves, mais jouit d’une excellente réputation depuis près de 150 ans. C’est « une école privée des quartiers huppés » aux « élèves d’élite » dont certains parents sont très hauts placés dans la société.

Il est permis de penser que sa réputation la met à l’abri des excès de dirigisme d’une administration pléthorique – au même titre, d’ailleurs, que les grands lycées réputés. Elle a sa propre association de parents d’élèves.

L’école est sous contrat, et l’auteur insiste sur le respect des programmes officiels et des directives (près de 15 directives par an depuis 20 ans). Mais on peut comprendre que ces directives ne sont pas appliquées ex abrupto, au gré des changements de majorité politique et de ministres (un tous les deux ans). Ces nouveautés sont à l’Ecole traitées méthodiquement, lentement, expérimentalement, pour susciter des progrès réels.

L’école Alsacienne innove en permanence

Depuis sa création, l’Ecole a constamment innové. D’abord, comme on l’a vu, à partir des prescriptions officielles ; ensuite par l’examen de ce qui se passe dans d’autres établissements français et étrangers ; enfin par la prise en considération des évolutions sociales et techniques.

Quelques exemples : relations étroites avec les parents ; enseignement disciplinaire le matin et avant 15 heures, le reste de la journée étant consacré aux autres activités sur option ; locaux permettant aux enseignants de travailler à l’école et de recevoir élèves et parents ; échanges d’élèves avec des établissements étrangers, dont la Chine, etc. Il faut lire l’ouvrage pour apprécier pleinement l’originalité de cette démarche, qui va de pair avec le respect du passé. 

Toutes ces innovations et tous les comportements collectifs sont liés dans ce que l’auteur appelle un logiciel.

L’Ecole alsacienne, un modèle pour tous.

C’est l’idée centrale de l’ouvrage. Tout ce qui est fait à l’Ecole alsacienne est possible ailleurs, mais à deux conditions impératives : le respect de la durée d’une part, l’autonomie réelle des établissements d’autre part.

Ces deux critères concernent d’abord le choix de chefs d’établissement capables d’assumer des responsabilités autres qu’administratives et acceptant d’être jugés sur les résultats. Il en existe déjà, qui ne sont pas de simples courroies de transmission, ou de factotums au service de leur hiérarchie.

Ce n’est pas autre chose que l’application du  principe de subsidiarité, dont l’efficacité est bien connue, contre le dirigisme des uns, l’immobilisme des autres.

Un livre documenté, dynamique, clair, qui pour l’essentiel défend les mêmes idées que Lire-Ecrire malgré quelques affirmations et propositions que nous ne partageons pas.

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