Etes-vous de ceux qu’inquiète la violence scolaire ?
Etes-vous las des généralités péremptoires qui vous sont assenées ?
Lisez l’ouvrage de Michel Segal, professeur de mathématiques lui-même immergé dans la réalité quotidienne d’un collège, ce qui ne l’empêche pas de s’informer, de réfléchir, et de dire ce qu’il pense.
Ce qui caractérise ce livre, c’est la rigueur d’un raisonnement toujours solidement accroché au réel. C’est la description vivante de violences désormais banales, du comportement d’élèves acteurs ou témoins muets, d’adultes prudents et inertes. C’est la volonté de trouver les raisons profondes, les racines, d’actes apparemment arbitraires, gratuits, insensés. Tout cela dans un langage clair et sans le parapluie de quelque pseudo-science ou pseudo-expert.
L’auteur énumère d’abord les idées reçues à propos de la violence scolaire, y compris l’opinion que la violence scolaire n’augmente qu’en apparence, et aussi la trouvaille la plus récente, qui renvoie l’étude du mal et la prescription des remèdes à des experts revêtus de l’autorité de la science (approche en réalité antiscientifique, comme le montre Laurent Lafforgue dans une préface pertinente et vigoureuse).
La science, paraît-il, commence avec la mesure. Dans le domaine qui nous occupe, Michel Segal montre que, malgré un appareil de statistiques officielles, il n’existe pas de mesure fiable, et qu’il ne pourra pas en exister tant qu’on ne disposera pas d’une analyse approfondie des causes, très diverses, des actes de violence scolaire.
L’auteur décortique les faits pris en exemple, à la recherche des raisons cachées dans la nature des relations qu’entretiennent les élèves entre eux et avec les adultes, élèves tels qu’ils sont dans des collèges tels qu’ils sont. Cette recherche raisonnée ne débouche évidemment pas sur une cause unique qui appellerait un unique remède, rêve de citoyens rebutés par la complexité et de politiques obsédés de court terme.
Plusieurs causes sont mises en évidence, dont certaines sont consubstantielles de l’Education Nationale telle qu’elle est devenue.
Michel Segal est l’auteur de « Autopsie de l’Ecole républicaine » ouvrage commenté dans cette même rubrique.