Une véritable refondation de l’école

Esquisse d’un processus

Refonder intégralement notre système d’enseignement, pour garantir la survie de notre collectivité nationale au  XXIe siècle, est un impératif.
Ce sera un effort gigantesque, à cause des masses en cause – masses humaines, masses financières – cela prendra beaucoup de temps, pour deux raisons principales : il faudra une véritable conversion de la quasi-totalité des enseignants, dans leur schéma de pensée et leurs pratiques, ce qui demandera des décennies ; il faudra aussi, pendant toute cette période d’évolution, maintenir l’adhésion d’une très large majorité des citoyens et des principaux partis politiques. Car on ne refondera pas l’école en changeant d’orientations tous les cinq ans.
Pour fixer les idées, et en s’en tenant à la scolarité obligatoire, une durée de 20 ans, semble raisonnablement nécessaire pour fixer les principes de la refondation, obtenir l’adhésion, décider et mettre en oeuvre des mesures nécessairement progressives, afin d’obtenir le bénéfice de la refondation pour tous les enfants et adolescents.

Pour la scolarité obligatoire, le processus pourrait être le suivant.

Première étape : inventaire complet et détaillé, en termes de faits observables et observés, assortis des précisions indispensables : Qui ? Quoi ? Où ? Comment ? Il s’agit bien d’un inventaire et non d’une synthèse, qui par nature gomme les particularités.
Il ne s’agit pas d’un inventaire de l’Education nationale mais de l’ensemble de notre système d’enseignement jusqu’à 16 ans. Toutes les modalités et tous les acteurs devraient être pris en compte : enseignement public, privé sous contrat, hors contrat, familles, associations, etc…, dans tous les domaines où les enfants et adolescents bénéficient de l’instruction.
Ce travail minutieux demanderait probablement plus de 2 ans. Il devrait être mené par des chercheurs n’appartenant pas à l’Education nationale, sous la coupe d’un groupe de personnalités françaises et étrangères, dont l’indépendance d’esprit ne puisse être mise en doute.
L’inventaire alimenterait un débat public centré sur les faits plutôt que sur des idées, ce qui devrait permettre d’éviter dans une certaine mesure les débats dogmatiques.
Seconde étape. Élaborer une vision commune à long terme, 20,30 ou 40 ans, de ce que devrait être l’enseignement obligatoire. Cette vision illustrerait une ambition nationale.
La réflexion serait centrée sur les élèves, qui sont la raison d’être de l’enseignement, et non sur les moyens humains et matériels ; pour ces derniers, le choix d’une échéance éloignée diminuerait le poids des réalités qui actuellement paraissent incontournables.
Pour cette étape, deux questions seulement :
– Comment envisageons-nous ce que les élèves, dans leur diversité, auront reçu de la scolarité obligatoire ?
– Comment voulons-nous que les Français de 16 ans se situent par rapport à leurs homologues dans le monde entier ?
Tout le reste en découle.
Troisième étape. La logique impose de commencer par les enfants, en deux grands chantiers
• La petite enfance de deux à sept ans, avec pour impératifs :
– l’expression orale en français, particulièrement pour les enfants mauvais francophones
– les activités d’éveil nécessaires au développement harmonieux, dont les préalables à l’écriture
  – l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, de sorte que tous les enfants sachent lire avant la fin du CP 
• Les enfants de 7 à 11-12 ans, CE et CM, avec pour objectif la maîtrise des fondamentaux.
Lorsque les mesures nécessaires seront décidées et effectivement appliquées, il faudra attendre 9 ans pour que les enfants mauvais francophones, convenablement accueillis pendant tout leur parcours scolaire, parviennent à l’entrée en 6ème.
Quatrième étape : le collège ne pourra être refondé tant que les élèves entrant en sixième ne maîtriseront pas les fondamentaux, à des degrés divers bien entendu. 
Observation. L’enchaînement nécessaire que nous venons de décrire n’interdit pas de prendre immédiatement des mesures positives, telle que porter un véritable secours aux collégiens naufragés, prendre des mesures efficaces pour les enfants mauvais francophones, adopter l’impératif de la maîtrise de la lecture avant la fin du CP.
Mais, selon nous, de telles mesures ne pourraient être qualifiées de refondation de l’école. 

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