Une conférence pédagogique en mars 2006 : l’observation réfléchie de la langue française (ORL)
L’ORL n’est pas une spécialité médicale. C’est l’observation réfléchie de la langue française, grâce à laquelle, convenablement guidés par les maîtres, les enfants devraient construire leur propre savoir en grammaire. On y trouve les mêmes ingrédients que dans le départ global en lecture : les élèves sont censés, devant des textes, découvrir les règles de grammaire.
Apparemment tous les instituteurs ne suivent pas, d’où la nécessité de bien les endoctriner.
Nous donnons ci-après les extraits du compte-rendu d’une conférence pédagogique qui s’est tenue en mars 2006, sous la ferme direction d’une inspectrice départementale. Le compte-rendu a été établi par l’une des institutrices qui assistait à cette conférence.
….. La démarche de l’enseignement de l’ORL ressemble à celle des linguistes. Expérimentale, inductive, scientifique. Fayol, Combette, Jaffré…posent cette question : quelle grammaire scolaire, pourquoi ? Il faut enseigner la grammaire pour des raisons d’égalité à l’école. En ZEP on ne peut avoir le soutien à la maison, les familles ne sont pas en mesure d’enseigner à prendre la distance avec la langue. Comment faire prendre de la distance avec la langue ? Je veux vous montrer comment on peut travailler la conjugaison, la grammaire, le vocabulaire. Pour ce qui est des manuels… je ne suis pas contre les manuels, ni contre l’orthographe mais c’est notre façon d’enseigner la grammaire qu’il faut obligatoirement changer.
….. L’ancien enseignement de la grammaire se caractérise par les questions-réponses, c’est ça et pas autre chose. Ne dites pas ceci mais dites cela. L’enseignement de la grammaire est dirigiste et dogmatique. C’est un enseignement dogmatique car il n’y a qu’une seule et unique façon d’extraire le fait de langue, et une seule et unique façon d’exprimer cette règle qu’on n’a pas à inventer, qu’on applique dans la batterie d’exercices, qu’on apprend par cœur. On ne peut plus continuer comme ça, conserver cette façon dogmatique d’enseigner dans la mesure où ce dogme participe en partie de l’échec scolaire. Des élèves n’ont pas la possibilité de réfléchir et de prendre de la distance par rapport à la langue. Dans le cahier pédagogique en 79 on posait la question, pourquoi la grammaire ? Pour développer une pensée logique, acquérir un esprit scientifique, raisonner, observer, et que cette pensée soit en rapport avec le langage. Combette posait la question : quelle grammaire ? L’enseignement traditionnel a fait ses preuves, il va continuer à faire ses preuves, à classer les enfants entre eux, les enfants de bonnes familles d’un côté et les autres de l’autre. Il va continuer à créer une discrimination. Or notre école a changé et intègre tous les élèves dont ceux qui n’auraient pas eu leur CEP.
….. La grammaire, ce n’est pas aussi neutre et épuré qu’on veut le faire croire. C’est traversé de courants idéologiques, l’enseignement dogmatique donne les résultats que vous savez au CE2 et en 6ème.
….. Sachez que dans 5 ans il faudra quand même avoir passé à la démarche expérimentale. Il faudra avoir modifié sa pratique sinon… sinon…. ( brouhaha dans la salle) on va commencer à voir ce qu’on a vu cette année avec les phénomènes de banlieue, des enfants qui parlent une autre langue que la nôtre, une autre langue scolaire, qui dit « t’es ouf » pour t’es fou », le verlan. Les jeunes qui se comprennent entre eux, une langue qui comme toutes les langues est partagée, leur permet de se reconnaître entre eux car ils sont exclus et pratiqueront une langue d’exclusion.
C’est une des raisons pour laquelle les sociologues analysent les phénomènes des banlieues, les incendies d’écoles et collèges Ils sont la conséquence de la mauvaise image de l’école. Moins l’école primaire que le collège, c’est vrai. L’école ne les intègre pas , elle est rigide intolérante. Pourtant il y a une tolérance orthographique depuis 1990. Un enseignement classique, rigide les exclut. Vous serez débordés, vous voulez résister, et défendre votre point de vue, faîtes, faîtes vous serez débordés. Je crois au bon sens des professeurs, des instituteurs de la République, je crois qu’en vous expliquant les choses avec bon sens, vous pourrez intégrer un certain nombre de pistes qui vont vous aider à changer vos façons d’enseigner la grammaire. Il le faut absolument. Il y a de plus en plus d’écart entre la langue parlée et la langue écrite. Il faut tenir compte des tolérances orthographiques, assouplir l’enseignement de l’orthographe. Il faut parfois accepter deux graphies pour l’écriture d’un mot….. »
….. L’ancien enseignement de la grammaire se caractérise par les questions-réponses, c’est ça et pas autre chose. Ne dites pas ceci mais dites cela. L’enseignement de la grammaire est dirigiste et dogmatique. C’est un enseignement dogmatique car il n’y a qu’une seule et unique façon d’extraire le fait de langue, et une seule et unique façon d’exprimer cette règle qu’on n’a pas à inventer, qu’on applique dans la batterie d’exercices, qu’on apprend par cœur. On ne peut plus continuer comme ça, conserver cette façon dogmatique d’enseigner dans la mesure où ce dogme participe en partie de l’échec scolaire. Des élèves n’ont pas la possibilité de réfléchir et de prendre de la distance par rapport à la langue. Dans le cahier pédagogique en 79 on posait la question, pourquoi la grammaire ? Pour développer une pensée logique, acquérir un esprit scientifique, raisonner, observer, et que cette pensée soit en rapport avec le langage. Combette posait la question : quelle grammaire ? L’enseignement traditionnel a fait ses preuves, il va continuer à faire ses preuves, à classer les enfants entre eux, les enfants de bonnes familles d’un côté et les autres de l’autre. Il va continuer à créer une discrimination. Or notre école a changé et intègre tous les élèves dont ceux qui n’auraient pas eu leur CEP.
….. La grammaire, ce n’est pas aussi neutre et épuré qu’on veut le faire croire. C’est traversé de courants idéologiques, l’enseignement dogmatique donne les résultats que vous savez au CE2 et en 6ème.
….. Sachez que dans 5 ans il faudra quand même avoir passé à la démarche expérimentale. Il faudra avoir modifié sa pratique sinon… sinon…. ( brouhaha dans la salle) on va commencer à voir ce qu’on a vu cette année avec les phénomènes de banlieue, des enfants qui parlent une autre langue que la nôtre, une autre langue scolaire, qui dit « t’es ouf » pour t’es fou », le verlan. Les jeunes qui se comprennent entre eux, une langue qui comme toutes les langues est partagée, leur permet de se reconnaître entre eux car ils sont exclus et pratiqueront une langue d’exclusion.
C’est une des raisons pour laquelle les sociologues analysent les phénomènes des banlieues, les incendies d’écoles et collèges Ils sont la conséquence de la mauvaise image de l’école. Moins l’école primaire que le collège, c’est vrai. L’école ne les intègre pas , elle est rigide intolérante. Pourtant il y a une tolérance orthographique depuis 1990. Un enseignement classique, rigide les exclut. Vous serez débordés, vous voulez résister, et défendre votre point de vue, faîtes, faîtes vous serez débordés. Je crois au bon sens des professeurs, des instituteurs de la République, je crois qu’en vous expliquant les choses avec bon sens, vous pourrez intégrer un certain nombre de pistes qui vont vous aider à changer vos façons d’enseigner la grammaire. Il le faut absolument. Il y a de plus en plus d’écart entre la langue parlée et la langue écrite. Il faut tenir compte des tolérances orthographiques, assouplir l’enseignement de l’orthographe. Il faut parfois accepter deux graphies pour l’écriture d’un mot….. »
Puis cette dame nous a présenté des expériences pédagogiques menées dans des classes. Les séances étaient filmées et se déroulaient à la perfection. Pas un bruit, elle a d’ailleurs bien insisté là-dessus, affirmant que le calme était dû à la façon dont les maîtres menaient la classe, sans trop intervenir, en laissant les élèves s’exprimer, juste les guidant adroitement. Dans toutes les séances d’ORL on a observé des ateliers de négociation, de débat (pédagogie constructiviste). Curieusement les enfants qui répondaient le faisaient avec pertinence et montraient un savoir bien acquis (le passé composé assimilé, le vocabulaire d’un bon niveau etc) Ils avaient des acquis scolaires intéressants. Tout était parfait dans le meilleur des mondes. Toutes les séances étaient basées sur un travail à partir des ouvrages de littérature jeunesse, ceux de la liste qui nous est fortement recommandée dans les programmes de Littérature. Comme si ces livres avaient été créés sur mesure pour ces séances d’ORL, (observation réfléchie de la langue).
Je suis intervenue pour dire que la conférence ne faisait que remettre en cause nos démarches et quand j’ai voulu exprimer l’idée que la démarche appartient au maître, est du ressort du maître et que celui-ci ne doit être jugé que sur ses résultats, mon inspectrice a essayé de me faire taire. La relation avec les parents a, aussi, été abordée. Cette dame nous a dit qu’il fallait se méfier des parents qui veulent se mêler de pédagogie, surtout dans les milieux favorisés. Dans les ZEP, les parents sont beaucoup moins inquisiteurs tandis que dans les écoles de quartiers favorisés ils veulent intervenir, a-t-elle affirmé. Elle a pris l’exemple de parents qu’elle avait remis en place pour défendre l’instituteur. Ce à quoi j’ai ajouté qu’elle nous parlait d’un exemple parmi des milliers et que les parents avaient bien le droit d’exiger de l’école une instruction pour leurs enfants. Je pense que cette conférence est encore une démonstration de la malhonnêteté de la hiérarchie qui ose faire croire que la raison du marasme social que nous observons, serait l’enseignement structuré et traditionnel des enseignants qui résistent encore au pédagogisme. Tout le monde sait bien qu’il ne l’est plus et que c’est plutôt une vraie « cacophonie » pédagogiste qui provoque ces dégâts.
Dans la salle, peu de maîtres ont exprimé leur avis. Toutefois on a pu constater que, les enseignants étaient, pour certains, sceptiques et comme lassés .Une jeune institutrice, dans la salle, a pourtant mis en cause le dogme de l’enseignement classique pour expliquer la baisse du niveau. L’intervenante apparaissait relativement prudente, les ateliers de négociation orthographique ou de grammaire sont impraticables dans nos classes, un instituteur l’a fait comprendre, ce à quoi elle a rétorqué qu’elle proposait d’expérimenter ces séances une fois par trimestre. C’est incroyable ! Une fois par trimestre ! Autant de bla-bla pour trois séances par an. On se demande s’ils y croient encore…je pense surtout que la pédagogie les intéresse beaucoup moins que la propagande idéologique. Quel temps perdu à faire discuter et négocier les élèves sur la validité de telle ou telle terminaison ou règle à retenir ! L’inspectrice savait très bien nous culpabiliser en se retranchant derrière son gourou, Monsieur …, pour nous accuser, haut et fort, d’être coupables du phénomène des banlieues. Pour le coup elle m’a fait, vraiment, penser à ces curés inquisiteurs et accusateurs qui prêchaient la bonne parole, les sauveurs de l’humanité. Le fait qu’elle ait utilisé autant de fois le mot « dogme » était pour moi un signe, une preuve qu’elle avait dû lire bien des textes de nos critiques à leur égard. Ces inspecteurs et formateurs ne font que retourner à notre encontre le reproche de dogmatisme dont nous les accusons.
Je suis intervenue pour dire que la conférence ne faisait que remettre en cause nos démarches et quand j’ai voulu exprimer l’idée que la démarche appartient au maître, est du ressort du maître et que celui-ci ne doit être jugé que sur ses résultats, mon inspectrice a essayé de me faire taire. La relation avec les parents a, aussi, été abordée. Cette dame nous a dit qu’il fallait se méfier des parents qui veulent se mêler de pédagogie, surtout dans les milieux favorisés. Dans les ZEP, les parents sont beaucoup moins inquisiteurs tandis que dans les écoles de quartiers favorisés ils veulent intervenir, a-t-elle affirmé. Elle a pris l’exemple de parents qu’elle avait remis en place pour défendre l’instituteur. Ce à quoi j’ai ajouté qu’elle nous parlait d’un exemple parmi des milliers et que les parents avaient bien le droit d’exiger de l’école une instruction pour leurs enfants. Je pense que cette conférence est encore une démonstration de la malhonnêteté de la hiérarchie qui ose faire croire que la raison du marasme social que nous observons, serait l’enseignement structuré et traditionnel des enseignants qui résistent encore au pédagogisme. Tout le monde sait bien qu’il ne l’est plus et que c’est plutôt une vraie « cacophonie » pédagogiste qui provoque ces dégâts.
Dans la salle, peu de maîtres ont exprimé leur avis. Toutefois on a pu constater que, les enseignants étaient, pour certains, sceptiques et comme lassés .Une jeune institutrice, dans la salle, a pourtant mis en cause le dogme de l’enseignement classique pour expliquer la baisse du niveau. L’intervenante apparaissait relativement prudente, les ateliers de négociation orthographique ou de grammaire sont impraticables dans nos classes, un instituteur l’a fait comprendre, ce à quoi elle a rétorqué qu’elle proposait d’expérimenter ces séances une fois par trimestre. C’est incroyable ! Une fois par trimestre ! Autant de bla-bla pour trois séances par an. On se demande s’ils y croient encore…je pense surtout que la pédagogie les intéresse beaucoup moins que la propagande idéologique. Quel temps perdu à faire discuter et négocier les élèves sur la validité de telle ou telle terminaison ou règle à retenir ! L’inspectrice savait très bien nous culpabiliser en se retranchant derrière son gourou, Monsieur …, pour nous accuser, haut et fort, d’être coupables du phénomène des banlieues. Pour le coup elle m’a fait, vraiment, penser à ces curés inquisiteurs et accusateurs qui prêchaient la bonne parole, les sauveurs de l’humanité. Le fait qu’elle ait utilisé autant de fois le mot « dogme » était pour moi un signe, une preuve qu’elle avait dû lire bien des textes de nos critiques à leur égard. Ces inspecteurs et formateurs ne font que retourner à notre encontre le reproche de dogmatisme dont nous les accusons.
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