Trois  commentaires

L’école et le monde associatif.
Mixité sociale et carte scolaire.
Mixité des garçons et des filles.

2.1 – L’école et le monde associatif.

La rédaction du rapport peut laisser supposer que, pour les auteurs, écoles et associations doivent vivre en symbiose pour partager les missions d’instruction et d’éducation, et que cette symbiose doit être organisée par l’État.
Page 35. « Si l’Education Nationale est représentée dans les comités départementaux présidés par le Préfet chargé de piloter la mise en œuvre de cette politique, les liens avec l’école ont été longtemps trop ténus, et le sont encore, pour que les projets des associations tiennent compte des projets d’école ou d’établissement afin de développer une politique éducative globale et cohérente. »
Le rapport précise que les acteurs des deux structures s’ignorent, et que par ailleurs beaucoup d’associations ont une culture de guichet plutôt que de projet (ce qui est bien dit !)
Mais le rapport semble ignorer la différence entre les associations « de guichet » et les associations de conviction qui vivent un projet original dans un domaine précis, qui forment un large appel au bénévolat – donc à l’indépendance d’esprit – et qui connaissent mieux le terrain, par expérience directe, que tous les comités même présidés par un préfet.
Les collectivités locales ont tous les moyens de connaître ces associations et de les juger sur les résultats de leurs actions et par conséquent, s’il apparaît utile qu’une association collabore avec tel ou tel établissement, la forme la plus simple est la convention passée entre partenaires égaux en droit, l’école et l’association, avec l’aval d’une collectivité locale.
Cette formule nous semble être la seule capable de garantir l’adéquation d’une diversité de conventions face à la diversité des situations réelles, de même que la continuité dans l’innovation.
La condition évidente est l’autonomie des établissements et l’autorité des chefs d’établissement.
Notre position est donc à l’inverse de la recommandation du HCI, page 49 :
« Le HCI recommande encore une fois d’affirmer la position de l’État et de contrôler les organisations qui souhaitent s’engager auprès de l’école. Il demande que les critères d’agrément soient redéfinis et renforcés en s’assurant de la conformité des projets des associations aux valeurs de l’école de la République ».
Pour nous c’est à l’Education Nationale que revient la responsabilité de vérifier que, dans tous les établissements, les principes et les pratiques sont conformes aux valeurs de la République. Dans ces conditions, on voit mal comment un chef d’établissement pleinement responsable pourrait collaborer avec une association dont les principes et les pratiques seraient contraire à ces valeurs.
2.1.1 – Exemple : l’aide aux devoirs et leçons.
C’est, pour les associations de conviction, un piège caractérisé. Si une association pratique l’aide aux devoirs et leçons, elle satisfait à bon compte les élèves, les parents, et les enseignants dont elle respecte les pratiques. Mais, et il suffit de poser une question à un élève pour constater que cette formule est inadaptée aux enfants, très nombreux, qui suivent mal un enseignement par ailleurs discutable (même parmi les enfants doués). Ceux-là ont en général besoin d’acquérir des bases solides, ce qui n’a souvent aucun rapport avec les programmes de la classe dans laquelle ils se trouvent.
Si l’association s’attache à combler les plus graves lacunes, elle s’attire l’hostilité de beaucoup d’enseignants, qui y voient une critique de leur travail, ou même la transgression de leurs principes.
En fait, l’intervention des associations dans l’aide aux devoirs et aux leçons est un faux problème, car devoirs et leçons sont partie intégrante de la pédagogie. Si l’institution les estime nécessaires, et nécessaire aussi l’effort demandé aux élèves, il lui appartient de les prendre en charge ces activités. Les études surveillées (plus judicieusement nommées études dirigées par la recommandation page 57) conviennent bien à cet objet pour les élèves de niveau moyen, à condition que le service en soit assuré par des personnes compétentes.

2.1.2 – Exemple : les relations école-parents.
Cette question est générale et ne concerne pas seulement les enfants de l’immigration. Mais pour eux elle est tout à fait essentielle, comme le souligne le rapport.
Comme on le sait, et comme le remarquent les rapporteurs, dans les quartiers difficiles, l’Education Nationale place beaucoup d’enseignants débutants, quasiment désarmés, et abandonnés par leur hiérarchie. Ils vivent parfois un cauchemar, n’aiment pas ces quartiers et ne pensent qu’à en partir. Ce sont de très mauvaises conditions pour établir des relations fructueuses avec les parents.
Cette situation changera peut-être, mais il faudra du temps. Alors disparaîtront les parents qui craignent les enseignants, cependant que les enseignants craignent les parents.
Au contraire, une association locale, installée dans un quartier de façon pérenne, est beaucoup mieux armée pour une telle mission.
Certes de bons enseignants à forte vocation et dotés d’une forte énergie, peuvent faire aussi bien. Mais eux ne seront jamais hostiles à la collaboration avec des associations compétentes.
Enfin le rapport signale l’importance de l’approche individuelle dans le domaine des relations avec les parents. Il est dit que les associations ont davantage l’habitude d’œuvrer sur le champ collectif plutôt que de répondre à des situations individuelles (pages 41-42).
Or il existe des associations qui agissent sur le plan individuel des élèves et de leurs parents, ce que le HCI semble ignorer, sans doute parce que ces associations indépendantes ont peu de contact avec les établissements d’enseignement. C’est une lacune du constat dressé par le HCI.

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