Les principaux griefs des enseignants portent non pas sur les moyens dont ils disposent, mais sur le niveau général des classes qui leur sont confiées. Les enseignants sont unanimes à constater la baisse des résultats et la hausse de l’indiscipline. « Au mieux, seule la moitié des élèves suivent le cours, note Sabine, 32 ans, professeur en sciences de la vie et de la Terre. Les autres peuvent rester huit heures assis dans des salles de classe sans rien comprendre. » Depuis que le redoublement ne peut plus être imposé, la plupart des élèves passent ainsi d’une classe à l’autre sans jamais combler le retard qu’ils ont accumulé. « Le collège unique trouve ici ses limites », soutient Angélique, 28 ans, professeur de mathématiques.
Outre le manque de travail, les professeurs pointent également le laisser-aller des élèves. « Avant, les rares collégiens qui venaient sans leur matériel s’excusaient et ne recommençaient pas. Aujourd’hui, une majorité vient les mains dans les poches », indique Christelle, professeur d’arts plastiques.
En toile de fond, tous les enseignants soulignent la responsabilité des parents. « Ils nous soutiennent de moins en moins et n’hésitent pas à remettre en question nos décisions. Les élèves ne nous respectent plus parce que les parents ne nous respectent plus, affirme Sabine. Les moyens dont nous avons besoin sont d’abord entre leurs mains. »
Jean-François Bacot, professeur au lycée Lakanal de Sceaux, résume ainsi le problème : « L’école produit un effet de loupe, qui fait apparaître les problèmes de la société. La famille est sans doute encore plus en crise que l’école. »
Extrait article de l’Expansion
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