Les indicateurs relatifs aux acquis des élèves

Rapport 2011 du HCE

Propositions de LIRE-ECRIRE et de PERMIS DE LIRE!

« Partiels », « peu exigeants », « peu fiables »  ou «  trompeurs »… Dans un rapport qu’il vient de remettre au président de la république, le Haut Conseil de l’Education ne ménage pas ses critiques contre les dispositifs d’évaluation des élèves dans le primaire et en fin de collège.

Le HCE déplore qu’ils instaurent  une « confusion manifeste » entre une évaluation du système éducatif et une évaluation de sa classe par le maître. En outre, leur forme, questionnaire à choix multiple, « ne permet pas de prendre en compte des capacités aussi essentielles que l’expression écrite ou orale en français, ou la construction de figures géométriques en mathématiques ».

Le HCE dénonce enfin, une « diversité de pratiques » d’une école, et même d’une classe à l’autre, qui ne permet pas à ces dispositifs de « servir de support à l’élaboration rigoureuse d’un indicateur de pilotage du système éducatif relatif aux acquis ».

Les recommandations du HCE vont, du reste, dans ce sens. Le rapport suggère d’abandonner purement et simplement les épreuves actuelles, pour mettre en place de nouvelles évaluations, menées par « une agence indépendante » des décideurs politiques. Pour les neuf experts du HCE, « il est essentiel en effet que, dans notre démocratie, les données concernant les résultats de notre système éducatif soient objectives et transparentes, donc incontestables ».

Voir le texte intégral du rapport

Comme on le voit, le Haut Conseil de l’Education va loin dans la condamnation du système actuel d’évaluation des acquis des élèves.

Nous avons, sur ce site, présenté  des analyses critiques extrêmement détaillées des évaluations CE1 de 2009 et CM2 de 2009 et CM2 de 2010, ainsi qu’un article intitulé "Le sabotage" à propos de l’évaluation CM2 de 2011.

Les seules mesures nationales qui trouvent grâce aux yeux de HCE sont les indicateurs CEDRE : cycle des évaluations disciplinaires réalisées sur échantillon  (pour la fin du primaire et la fin du collège).Le HCE observe : « on peut regretter que (les résultats de CEDRE) n’aient pas eu d’écho ni dans les milieux informés, ni dans l’opinion publique ». Le HCE préfère ne pas se demander pourquoi. La raison est évidente :  ces indicateurs sont désastreux, et donc l’Education nationale, dans sa ligne constante de désinformation du public et du Parlement, a étouffé  leur   publication.

 

Cette lacune voulue de l’information du public a été récemment compensée par la publication des résultats de l’enquête internationale PISA. Le HCE y a puisé  des informations comparatives  indépendantes, informations précieuses tant que la France n’est pas dotée de moyens objectifs d’analyse  des réalités .

Les propositions du HCE ne sont pas à la hauteur des problèmes.

D’abord, parce que le HCE est tenu par les caractéristiques actuelles, donc  passagères, de notre  cadre national, comme les programmes ou le socle commun.

Ensuite, parce que le HCE veut que les mêmes évaluations fournissent à la fois les mesures les plus objectives possibles des acquis des élèves, et les informations sur les causes et circonstances, c’est-à-dire la température du malade et les raisons de la fièvre. Mais, pour ce qui est des raisons, le Conseil a  la vue courte. À quoi sert de savoir que les enfants d’immigrés ou les redoublants ont des résultats inférieurs à la moyenne, si l’on ne cherche pas à analyser leur parcours culturel et scolaire, et spécialement  les réalités des écoles qu’ils ont fréquentées ?

Une lacune encore plus grave de l’approche du HCE est l’ignorance – volontaire ? – du facteur principal de réussite scolaire, attestée par les études faites à l’étranger, c’est-à-dire l’enseignant et ses pratiques pédagogiques.

Le Conseil a  raison de demander l’abandon des évaluations actuelles, intégralement gouvernées par l’Education nationale, pour passer à des évaluations indépendantes.  Mais là aussi, c’est un peu court :  «Agence indépendante», certes, et d’abord  de l’Education nationale. Mais qu’entend-on par agence ? S’il s’agit d’un organisme qui fait ce qu’on lui demande, qui décidera ce qu’il doit faire ?

Les propositions de LIRE-ECRIRE.

Nous les avons exposées à maintes reprises. Nous proposons la création d’une autorité, ou Haute autorité, ayant pour mission d’informer le public et le Parlement des résultats du système d’enseignement, en termes de savoirs et de savoir-faire acquis par les élèves, la Haute autorité ayant toute latitude pour définir les contrôles,  les modalités et les moyens pratiques, la délégation des opérations, en  se faisant assister pour cela par les spécialistes de son choix,  français ou étrangers.

Cette autorité ne définirait évidemment pas les objectifs ni  les programmes de l’enseignement, ce qui n’est pas nécessaire puisqu’il s’agit simplement, par des examens,  de constater des acquis, de façon fiable et constante pour permettre les comparaisons et donc le repérage des progrès ou des reculs.

Cette  mission  pourrait comporter l’obligation de mesurer les acquis à la fin du primaire et à la fin du collège, sans exclure la liberté de mener des investigations à d’autres époques de la scolarité.

La seconde mission de cette Haute autorité serait de fournir des explications et des propositions, sans exclusive, notamment quant aux structures d’enseignement, à  la formation professionnelle des enseignants et à  leurs pratiques pédagogiques.

Les propositions de PERMIS DE LIRE !

Constatant le caractère fondamental et impératif de l’apprentissage de la lecture avant le passage en CE1, PERMIS DE LIRE! propose de confier à l’autorité indépendante la mission de mesurer et de suivre les résultats en fin de CP, et par ailleurs d’analyser les causes des réussites et des échecs, des progrès et des reculs.

Cette proposition implique la suppression du cycle  GS CP CE1, totalement fictif,  au profit du couple GS CP précédant  les couples CE1 CE2 et CM1 CM2. Ainsi l’obligation de résultat qu’a actuellement l’Education nationale d’amener en fin de CE1 tous les élèves au niveau  défini par le socle commun, serait remplacée par l’obligation de savoir lire (déchiffrer) en fin de CP, sans négliger pour autant les acquis nécessaires en écriture, comptage et numération.

Dans la recherche des explications aux mauvais résultats comme aux bons, la Haute autorité ne serait évidemment pas limitée à la grande section et au CP mais pourrait examiner tout le chemin parcouru depuis la naissance.

Enfin, il va de soi que le champ d’intervention de la Haute autorité ne saurait être limité à l’obligation de résultat c’est-à-dire d’un minimum imposé, et qu’elle aurait vocation à s’intéresser à tous les résultats et en particulier aux meilleurs, étant donné que l’Education nationale doit conduire les plus instruits au premier niveau mondial.

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