Quelques réactions aux affirmations de Madame WEINLAND

L’hebdomadaire L’EXPRESS du 5 au 11 avril a centré l’ensemble de son "courrier" sur le problème de l’enseignement, en réponse à son enquête précédente.

Il faut évidemment vous féliciter d’avoir consacré un article sérieux à l’enseignement du français " Polémique autour du français " : (voir L’Express du 14 mars), qui lève le voile sur une réalité alarmante dont on se garde d’ordinaire de parler. Mais c’est avec stupeur que j’ai découvert, par la voix de la doyenne de l’inspection générale pour les lettres, ce que l’on peut supposer être la position officielle du ministère. Car non seulement Mme Weinland minimise la proportion des élèves illettrés en sixième, qui est plus proche de 20 % que de 13 %, comme si sa tâche était de masquer cet échec de l’école alors qu’elle est de l’évaluer avec lucidité afin d’y remédier, mais surtout elle fait preuve d’une scandaleuse impudence lorsqu’elle affirme que, si ces élèves ne savent pas lire, rien ne sert de s’inquiéter puisqu’ " ils n’ont pas fini leurs études " ! Comment ne pas voir, au contraire, que ces élèves, justement, ont hélas ! fini leurs études et qu’ils ne se relèveront jamais du handicap de ne pas savoir lire à 11 ans ? Comment ne pas voir le profond mépris dont témoignent de tels propos à l’égard de ces enfants souvent issus de milieux défavorisés et que Mme Weinland abandonne à l’échec avec une sorte d’allégresse qui est proprement honteuse ? J’ose croire que le ministre lui-même a rougi en lisant les propos de cette doyenne.

A.J., professeur de littérature française à la Sorbonne (courriel).

(…) Mme Weinland représente une minorité de " pédagogistes " doctrinaires, largement responsables de la dégradation de l’enseignement du français (lecture, langue et littérature) depuis vingt ans, à cause de " réformes " qu’elle a été la première à mettre en place et dont elle constate les dégâts sans vouloir les assumer. Ses propos sont indignes de la fonction qu’elle occupe. Et dangereux, parce que la suite de ses déclarations, que vous rapportez, à propos du niveau actuel des lycéens, est tout aussi inadmissible, tant par le mépris affiché pour toute une jeunesse, victime de présupposés idéologiques, que par sa persévérance suffisante dans l’erreur.

A.S. (courriel)

(…) A continuer ainsi cette politique de l’autruche et à ne pas cesser de se voiler pudiquement la face devant ce qu’il faut bien nommer l’échec de l’école primaire dans sa mission d’enseigner aux élèves à maîtriser la lecture, on ne fait que repousser à plus tard ce qui ne souffre, à cet âge, aucun retard. Il est vrai que Katherine Weinland propose un remède radical à cette situation problématique : la suppression pure et simple de l’étude de la littérature au lycée, puisque, je cite, " ces textes difficiles sont les plus éloignés de nous. Les élèves ne sont pas en mesure d’y entrer "… Plus qu’un aveu d’impuissance, ces phrases constituent un refus, celui de faire partager aux élèves, avec la littérature, le fruit d’une expérience qu’il nous incombe pourtant de leur offrir si nous voulons, comme nous y appelle le nom même qui les désigne, leur donner la possibilité de " s’élever " parfois au-dessus des servitudes d’un quotidien toujours plus asservi à la technique et au profit.

E.T. (courriel).

Textes reproduits sur www.sel.asso.fr
site de l ‘association pour la sauvegarde des enseignements littéraires

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