Qu’apprend-on à l’école primaire ?
Ministère de l’Education Nationale – Programmes 2007-2008
Notre commentaire se limitera à l’enseignement de la lecture dans le cycle 2 (GS de maternelle – CP et CE1), soit les pages 70 à 84 et 93 à 95 de ce livre.
Page 93, le programme spécifie que, à la fin du cycle, l’élève doit :
"Avoir compris et retenu
– le système alphabétique de codage de l’écriture
– les correspondances régulières entre graphèmes et phonèmes"
En termes simples, il doit savoir déchiffrer. L’ambition n’est pas très grande, mais nous savons que malheureusement beaucoup d’élèves sont loin de ce but.
Ne chipotons pas sur l’expression "avoir compris et retenu". L’écriture est un mode totalement conventionnel de représentation de la parole. Il n’y a pas, à ce stade, grand-chose à comprendre : il faut apprendre, et pratiquer.
Voici, page 75, une façon de "faire comprendre le principe qui gouverne le codage alphabétique des mots" : "multiplier les exercices de résolution de problèmes orthographiques (comment pourrait-on écrire tel ou tel mot ?)"
Certes, cette expression compliquée peut se référer à la banale dictée, qui pose à l’élève autant de questions qu’elle comporte de mots. Selon la méthode alphabétique, on ne dicte que des mots que l’élève devrait savoir déchiffrer grâce à l’enseignement qu’il a déjà reçu.
Mais la question placée entre parenthèses évoque aussi bien des exercices collectifs de découverte (de devinette) pratiqués sur des mots quelconques.
Page 75, on nous dit comment apprendre à déchiffrer, c’est-à-dire identifier les mots par la voie indirecte, en passant par la correspondance entre groupes de lettres ou graphèmes et éléments de la langue parlée ou phonèmes.
Pour ce faire, on utilise deux types d’approches complémentaires, l’une est alphabétique, l’autre est "l’analyse de mots entiers en unités plus petites référées à la connaissance déjà acquise de leurs constituants phoniques et graphiques…"
Cette analyse est illustrée par un exemple : "on procède par analogie avec des mots repères (dans manteau, je vois le man de maman, le t de table, le eau de beau). Chaque unité graphique repérée, quelle que soit sa taille, peut être écrite ou épelée et a une valeur phonétique non ambiguë".
Voici donc des élèves qui ne savent pas prononcer le graphème m suivi du graphème an , qui ignorent la prononciation du graphème eau, mais qui sont capables de dissocier t dans table et eau dans beau ! Et qui immédiatement après savent prononcer t suivi de eau ! Avec en plus l’utilisation des mots repères, on est en plein dans la pédagogie mixte.
Le terme "déchiffrer" a été détourné de son sens commun.