PRINCIPAUX RESULTATS
Recherche sur la lecture en CP (suite 2)
1 – Le déchiffrage ou décodage est la base de la lecture et de l’écriture.
L’étude a montré que les résultats des 4 tests étaient fortement corrélés. C’est assez logique : il est difficile de croire qu’une lecture fluide et expressive n’implique pas une certaine automatisation du déchiffrage, d’une part, et qu’elle ne va pas de pair avec une bonne compréhension de ce qu’on lit, d’autre part.
De plus, la qualité de l’écrit est en rapport avec l’habitude du déchiffrage, qui impose d’entrer dans la structure des mots, de même que la fluidité de la lecture suppose une certaine familiarité avec la syntaxe.
Du fait des corrélations constatées, les chercheurs ont décidé d’additionner les scores des tests pour en faire une mesure unique d’efficacité, qu’ils ont appelée MLE : maîtrise de la langue écrite.
Ainsi, le déchiffrage étant au cœur de l’apprentissage, il en résulte logiquement que les méthodes faisant une large place au déchiffrage doivent être les plus efficaces. C’est ce que prouve statistiquement cette recherche (voir plus loin).
2 – La seconde confirmation apportée par le rapport est l’écrasante prépondérance du mixte dans les quartiers difficiles.
9 instituteurs seulement travaillent en alphabétique.
L’une des causes est que ces quartiers subissent pleinement l’endoctrinement hiérarchique, parce que d’une part on y trouve beaucoup d’instituteurs débutants, d’autre part les parents non avertis ne peuvent pas comprendre ce qui se passe dans les classes, ni réagir comme le font les parents avertis.
Il est grave, aussi, que sur un si petit groupe, on trouve 2 instituteurs qui en fait ont refusé l’alphabétique, sous prétexte que c’est trop difficile pour les enfants. Il est vrai que ces défaillances sont en partie compensées par 2 instituteurs qui utilisent un manuel mixte mais rejettent la pédagogie globale.
3 – Les parents.
Les auteurs du rapport savent que, pour bien apprécier l’efficacité dans les résultats, il aurait fallu des tests en début d’année scolaire.
Ils pensent que les écarts en début d’année dépendent principalement des parents, ce en quoi ils ont sans doute raison, car, dans l’enseignement public, la quasi-totalité des Grandes Sections de maternelle œuvrent en global. Il eut été préférable de pouvoir tester cette hypothèse.
Les chercheurs ont constaté que, dans ces quartiers défavorisés, il existait des parents relativement instruits et cultivés. Ils ont fixé la barre au fait qu’un des deux parents ait le baccalauréat. Ils ont ajouté à ce groupe des enfants asiatiques issus de milieux cultivés.
Les enfants de ce groupe obtiennent de meilleurs résultats, comme le prouve ce tableau des indices moyens MLE (maîtrise lecture écriture) indice ayant un maximum de 100
Mixte 1 Mixte 2 Syllabique1 Syllabique 2
Au moins 56,1 59,4 66,6 68,6
1 baccalauréat
Autres 36,4 46,7 54,5 62,6
Sachant que le MLE est corrélé au test de déchiffrage (noté sur environ 100) nous retenons pour le MLE le jugement donné par les auteurs : "il est difficile d’admettre qu’entre 30 et 40 au test de déchiffrage, l’élève sait lire et écrire. C’est le cas d’un bon tiers de l’échantillon total".
Ainsi, avec 36,4 de moyenne, les élèves de parents peu instruits et peu cultivés, soumis à la pédagogie des manuels Mixte 1 n’ont pas appris à lire en un an, pour au moins la moitié d’entre eux.
Pour les deux groupes d’élèves, la réussite augmente quand on passe de Mixte 1 à Syllabique 2.
Dans les comparaisons entre les 2 groupes d’élèves, le résultat essentiel est que l’écart entre les deux groupes est très faible en Syllabique 1.
" Une bonne pédagogie syllabique efface en grande partie les écarts entre milieux d’origine"
Ce fait est en contradiction avec un certain discours selon lequel "On n’a jamais réussi, on ne réussira jamais, à apprendre à lire à 20 % des enfants". Sentence de génocide intellectuel, de massacre des innocents.
Enfin, une hypothèse à vérifier : l’action des parents relativement instruits et cultivés, comme celle des parents (et grands-parents) des autres milieux sociaux, instruits et avertis, consiste essentiellement à pallier les défaillances de l’école en instruisant leurs enfants par la méthode alphabétique. Cela renforcerait encore plus le poids de l’alphabétique dans l’efficacité de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, car cela signifierait que des performances convenables d’élèves classés en Mixte 1, par exemple, sont en réalité imputables à la méthode alphabétique.
On peut avancer l’hypothèse que la véritable performance des manuels se trouve sur la ligne "autres" du tableau ci-dessus, allant de 36,4 pour le Mixte 1 à 62,6 pour le Syllabique 2.