Principales conclusions de notre enquête 2010 sur l’apprentissage de la lecture
I – Sur les méthodes d’apprentissage en CP
. Environ 10 % des enfants en CP ont appris en alphabétique, dans l’enseignement public, au cours de l’année 2009-2010. Cela semble résulter d’une progression lente mais régulière depuis 2005. La proportion serait supérieure dans le privé sous contrat, et beaucoup plus forte dans le hors-contrat.
. Le départ global pur et dur concernerait environ un tiers des enfants à la rentrée, mais diminuerait assez rapidement au profit du mixte avec un "syllabique" difficile à cerner.
. La méthode alphabétique confirme sa nette supériorité dans les résultats obtenus en lecture et écriture, dans la facilité de l’apprentissage, etc… Le départ global confirme sa nocivité. Comme on pouvait s’y attendre, les résultats du "mixte" et du "syllabique" sont entre ceux du départ global et de l’alphabétique.
II – Sur les résultats observés et évalués par les parents
. A Noël, un élève sur cinq en CP 2009-2010 ne connaissait pas le son des lettres courantes ni celui des associations les plus courantes d’une consonne et d’une voyelle. Les deux-tiers des élèves devaient lire des mots contenant des lettres ou des syllabes non apprises auparavant.
Après 4 mois d’école, on peut craindre, pour les élèves ainsi tenus ignorants de la combinatoire, des dégâts difficilement réparables.
. A cause de la très faible proportion d’alphabétique en CP, les résultats observés par les parents en CE1 CE2 CM1 CM2 sont très mauvais en écriture comme en lecture : entre 40 et 60 % de résultats acceptables. Cela concorde avec les statistiques officielles à l’entrée en 6ème.
III – L’intervention des parents – L’apprentissage avant le CP
. Plus d’un tiers des enfants commence l’apprentissage de la lecture avant le CP, majoritairement avec leurs parents, et presque toujours en alphabétique.
Ces enfants réussissent mieux que les autres en CP, d’autant plus que, vraisemblablement, leurs parents continuent à les instruire en CP.
. D’autres parents ne réagissent qu’après le début en CP, au vu des pédagogies constructivistes : certains déscolarisent leur enfant, d’autres changent d’école, la plupart les instruisent en alphabétique pour neutraliser ce qui se passe à l’école.
. Au total, plus de la moitié des enfants reçoivent une aide de leurs parents. Sans cela, la situation à l’entrée en 6ème serait très probablement encore plus catastrophique.
On ne peut pas considérer comme satisfaisant le fait que deux parents sur trois n’assurent pas un minimum de formation avant l’entrée en CP, ce que tous devraient faire à titre de précaution vu l’état actuel de l’enseignement public et privé sous contrat. Et cela, malgré des décennies d’avertissements lancés par des personnalités éminentes comme Ghislaine Wesstein Badour (et dix ans de campagne par notre association).
Chacun devrait considérer comme un devoir de mettre en garde les parents de jeunes enfants.
IV – Les quartiers populaires
. On ne peut pas étendre les résultats de notre enquête aux quartiers populaires, aux ZEP, aux enfants mauvais francophones, etc… En effet, les parents qui ont répondu à l’enquête sont des utilisateurs réguliers d’Internet, ce qui est rarement le cas dans les quartiers difficiles. Ces parents ont pour la plupart un bon niveau d’instruction, et beaucoup connaissent les problèmes de l’école.
Nous pouvons, sans risque de nous tromper, supposer que, dans les quartiers populaires, tous les points positifs de l’enquête sont minorés, et tous les points négatifs fortement aggravés. La plupart de ces parents n’ont pas les moyens de s’informer pour comprendre et réagir, quelle que soit leur bonne volonté à l’égard de l’instruction.
V – L’Education Nationale
Sa responsabilité est évidente, et elle continue à pratiquer la désinformation. Non plus, comme il y a quelques années, par le mensonge et l’intimidation, mais en minimisant systématiquement les causes et les conséquences.
C’est ainsi que l’Education Nationale ignore ou occulte le rôle des parents qui instruisent leurs enfants en alphabétique. De même que, si elle le sait, elle ne donne aucune information sur les pratiques pédagogiques effectives en CP. Or ces informations sont nécessaires pour comprendre ce qui se passe et pour suivre les évolutions.
C’est pourquoi nous allons poursuivre nos enquêtes annuelles.