Ne nous résignons pas à la régression, certes grave, exposée par PISA
Les enquêtes PISA de l’OCDE ont lieu tous les trois ans, et chaque session comporte une dominante. Les mathématiques et les sciences sont la dominante en 2012 comme en 2003. Les résultats PISA 2012 sont donc l’occasion de mesurer les évolutions sur 9 ans.
Avant de commenter les principaux résultats en mathématiques, nous croyons nécessaire d’attirer l’attention sur deux points très importants :
Pour la France, PISA ne mesure pas que les résultats de l’Education Nationale.
On sait que les résultats des élèves sont très fortement influencés par l’acquisition et surtout la maîtrise des fondamentaux : parler correctement, lire, écrire, compter. Les élèves en retard en fin de CP sont aussi en retard à la fin du primaire et à la fin du collège ; ils représentent environ 40 % des élèves. Ils ont donc de très mauvais résultats aux épreuves PISA.
C’est dû à l’Education Nationale qui est incapable de former efficacement les enfants de milieux défavorisés, et qui abandonne très rapidement les élèves « naufragés ».
Quant aux enfants de parents avertis, instruits et disponibles, ils bénéficient d’une aide éventuelle au début de leur scolarité et par la suite. Ils obtiennent les meilleurs résultats à PISA. En toute rigueur, leur réussite ne peut pas être intégralement attribuée à l’Education Nationale.
L’ambition de la France, sa vocation, ne peut pas se satisfaire d’une médiocrité consentie, du curieux consensus qui se répète à chaque session de PISA autour de l’idée que la France est dans la moyenne des pays de l’OCDE ou des pays européens.
L’ambition de la France devrait être de se placer en tête, comme elle en a les moyens, les budgets consacrés à l’éducation, les atouts culturels, et comme ce fut le cas jadis.
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La débâcle continue.
Les repères existent. Les chercheurs de PISA indiquent les niveaux suivants, construits sur la base du degré de difficulté des épreuves :
– au-dessous de 420 points sur 1000, les élèves sont considérés comme très faibles
– au dessus de 607 se place le niveau d’excellence
Les moyennes par pays sont évidemment beaucoup plus resserrées autour de 500.
Le tableau ci-après indique la répartition des élèves entre les résultats des meilleurs et des très faibles
Moyenne d’ensemble Proportion d’élèves
très faibles excellents
(moins de 420) (plus de 607)
2003 2012 2003 2012 2003 2012
France 511 495 16,70% 22,40% 15,10% 12,90%
Suisse 528 531 12,40% 21,40%
France 511 495 16,70% 22,40% 15,10% 12,90%
Suisse 528 531 12,40% 21,40%
Corée 542 554 9,10% 30,90%
La Suisse est le pays européen en tête en 2012.
La France fait partie du petit groupe de pays qui régressent, alors que beaucoup de pays progressent.
Ce tableau se passe de commentaires.
Validité du classement PISA.
La validité de la comparaison 2003 – 2012 est généralement admise, en raison des précautions prises. Sur la comparaison entre pays, et particulièrement sur les conditions d’efficacité de l’enseignement qui expliquerait les différentes performances, il convient d’être plus prudent.
Quant au classement des élèves de la France, nous avons présenté, dans notre article PISA et autre rapports de décembre 2010, une comparaison des résultats de PISA 2009 et d’une étude 2008 de l’Education Nationale.
Les répartitions des élèves entre les 6 groupes de 0 à 5 sont comparables dans les deux cas.
Comme l’étude de l’Education Nationale donne un commentaire très éclairant sur chaque niveau de 0 à 5, nous estimons que l’on peut étendre ces commentaires au classement de PISA, même si les épreuves ne sont strictement pas comparables.
En conclusion :
– Les élèves des groupes 0, 1, et 2 sont en échec, au regard de 9 années de scolarité ou plus ;
Ces groupes représentent
44 % des élèves dans l’étude française
44 % des élèves dans l’étude française
39 % dans PISA
– Groupe 3 : élèves faibles
28 % dans l’étude française
29 % dans PISA
– Groupe 4 et 5 : bons élèves et élèves excellents
28 % dans l’étude française
31 % dans PISA
On peut formuler une hypothèse sur les causes de la régression de 2003 à 2012 :
Les élèves ayant passé les épreuves en 2003 ont commencé leur scolarité environ 9 ans auparavant, soit en 1994. Les élèves ayant passé les épreuves en 2012 ont débuté vers 2003.
Or la loi Jospin, qui a imposé la doctrine constructiviste, date de 1989. En 1994, elle n’était certainement pas appliquée par tous les enseignants, alors qu’en 2003 l’opposition à cette réforme était muselée.
On se rapportera utilement au chapitre Mathématiques du rapport de l’Inspection Générale sur l’enseignement primaire. de juin 2013.
Il est vrai que le ministre a bien d’autres priorités. Silence ! On coule !
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