PISA et autres rapports

Décembre 2010

Quoi de neuf ? Rien. La débâcle de l’école se poursuit, le niveau moyen baisse, il y a toujours 40 % des élèves qui n’apprennent rien dans le primaire ni au collège.
Cependant, grâce à PISA, les médias ont découvert une nouvelle fracture sociale.

Le Ministère tire argument du fait que la France est dans la moyenne internationale, autant dire dans la médiocrité. Un jour, peut-être, un homme d’Etat (ou une femme) proclamera qu’en matière d’enseignement, notre ambition doit être de nous situer parmi les meilleurs.

L’enquête PISA 2009

La Presse a largement commenté les premiers résultats de la nouvelle enquête internationale PISA de 2009, portant sur un échantillon d’élèves de 15 ans dans 65 pays. Il n’est donc pas nécessaire de revenir ici longuement sur les principales conclusions concernant la France :
 – en compréhension de l’écrit et en mathématiques, la France recule nettement au classement international entre 2000 et 2009 ;
 – la proportion des élèves excellents et celle des élèves très faibles sont en augmentation, la proportion d’élèves moyens diminue : l’inégalité dans les savoirs augmente ;
 – le niveau social a plus d’influence sur le niveau scolaire en France que dans d’autres pays développés.

L’enquête PISA est très spécifique, et de ce fait les moyennes nationales n’ont pas de valeur absolue et universelle. Mais peu de commentateurs contestent la possibilité de comparer les résultats des enquêtes triennales successives. Beaucoup cherchent dans les pays performants un "modèle" en accord avec leurs convictions, et ils y parviennent sans peine. Ce n’est pas étonnant : quand on voit les difficultés que nous éprouvons à savoir ce qui se passe réellement dans notre système d’enseignement, on imagine que chacun peut trouver des arguments dans des pays dont nous connaissons encore moins les réalités.

Le rapport de l’Education Nationale

Publié en novembre dernier, il fournit les résultats d’une étude faite sur un échantillon d’élèves en fin de collège – donc très proches de l’âge de 15 ans du PISA – en mathématiques, en 2008 (établissements publics et privés sous contrat).

6 groupes de niveau ont été repérés de 0 à 5.
La répartition des élèves selon les groupes est assez comparable à celle de l’enquête PISA 2009, pour l’ensemble lecture+maths+sciences, et pour la France :

                                  Groupes           0           1           2           3            4          5 
    
Mathématiques en 2008  Educ.Nle   2,8%   12,2%   29,3%   27,7%   18,0%   10,0%


PISA 2009 France                               7%     11%      21%      29%       22%      9%

La similitude des répartitions n’est pas étonnante, parce que les résultats ont été normalisés selon les mêmes méthodologies. Mais on peut en induire raisonnablement que les observations de PISA sont cohérentes avec celles de l’étude française 2008.
Or pour cette étude, le rapport officiel nous fournit des informations précises sur les acquis en mathématiques des élèves de chaque groupe.

Nous extrayons du rapport "L’état de l’école n°20 – édition 2010" quelques phrases significatives (texte intégral, tableaux 19)

Groupe 0 "les élèves ne maîtrisent aucune des connaissances … attendues en fin de collège"
Groupe 1 "l’essentiel des connaissances … a été acquis en primaire"
Groupe 2 "les élèves arrivent à appliquer des programmes (?) de calcul mettant en jeu l’addition et  la multiplication de nombres décimaux relatifs (relatifs = positifs ou négatifs NDLR).En outre, ils peuvent calculer une fraction d’une grandeur"
Les groupes 0, 1 et 2 totalisent plus de 44 % des élèves (plus de 300.000 élèves). Il est clair que ce sont des élèves en échec, au regard de 9 ans d’études.
Groupe 3 "le groupe 3 est le premier groupe dans lequel les élèves réussissent des items relevant du domaine des grandeurs et mesures. Lorsqu’ils répondent à un QCM, les élèves peuvent faire un raisonnement  déductif à une étape".
 "ils peuvent calculer l’aire d’un rectangle, celle d’un triangle, ou le volume d’un parallélépipède rectangle du fait de leur connaissance de la formule concernée"
Ces élèves ont quelques connaissances excédant le primaire, et sont capables de les appliquer à des problèmes concrets simples. Ce groupe doit être qualifié de faible et non de moyen. La terminologie du ministère sur les "acquis fragiles" relève de la désinformation douce : si les connaissances sont fragiles, par définition elles ne sont pas acquises.
(Cela permet au ministère, suivi par beaucoup de médias, de faire état avec constance de 15 à 20 % d’échecs –groupes 0 et 1 – au lieu de 40 % – groupes 0 1 et 2)
D’ailleurs le commentaire du groupe 4 dit "ils ne confondent pas l’aire et le périmètre  d’une figure", ce qui implique que la majorité du groupe 3 ignore les termes d’aire et de périmètre, qui n’appartiennent pas aux mathématiques, mais d’abord au vocabulaire français courant.
Groupe 4 "Elèves maîtrisant les connaissances acquises au collège"
Groupe 5 "Niveau de connaissances bon ou excellent"

Première conclusion.
Si l’on se réfère au langage courant, sans chercher plus de précision, il est clair que seuls les groupes 4 et 5, soit 28 % des élèves, se situent "au-dessus de la moyenne", c’est-à-dire au dessus des résultats que l’on peut légitimement attendre en fin de collège.
Avant une analyse approfondie et une comparaison des tests PISA et des tests du ministère en 2008, on peut faire l’hypothèse que la même conclusion vaut pour PISA, dont les groupes 4 et 5 représentent 31 à 32 % des élèves.
Ceci pour la France et le "collège unique". Car si, dans certains autres pays, les parcours scolaires sont différenciés avant 15 ans, il est normal que les moyennes attendues soient différentes selon les options.

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