PISA et autres rapports (suite)
Rapport de l’Education Nationale – mathématiques 2008 – Fin d’école primaire
Il est intéressant de comparer les proportions selon les groupes 0 à 5 avec celles de l’étude précédente.
Groupes 0 1 2 3 4 5
Maths 2008 France Primaire 3,2% 11,8% 26,4% 30,7% 17,9% 10,0%
" " France Collège 2,8% 12,2% 29,3% 27,7% 18,0% 10,0%
Les profils sont très proches (Voir tableau 16 du rapport)
Pour le primaire :
Groupe 0 Quasiment ignorants
Groupe 1 "ils savent effectuer des additions mais ils rencontrent des difficultés pour la soustraction et la multiplication qui comportent des retenues"
Groupe 2 "les élèves de ce groupe ont des savoirs qu’ils utilisent de façon mécanique" (ils essaient d’appliquer des procédures apprises par cœur NDLR)
"ils traitent les décimaux en dissociant les parties entières et décimales sans en percevoir le sens mathématique"
‘ils savent utiliser une calculatrice" (!!)
Groupe 3 "les élèves ont des connaissances sur les nombres entiers et décimaux mais ne font pas encore le lien entre ces deux ensembles de nombres" … "dans le domaine de la mesure, ils maîtrisent davantage la notion de périmètre que la notion d’aire"
"à partir de ce groupe, les mots prennent un sens mathématique"
Groupes 4 et 5 Niveaux de connaissance : bon et excellent
Comme en fin de collège, les groupes 0 1 et 2, soit plus de 40 % des élèves, sont en échec.
Les élèves du groupe 3 ont des lacunes, et on peut faire l’hypothèse qu’une partie de ce groupe est au-dessous de la moyenne raisonnablement attendue ; ce sont des élèves faibles.
Conclusions
1 – A la fin du collège, plus de 40 % des élèves sont en échec en mathématiques, et 30 à 40 % seulement sont au-dessus du niveau attendu, compte tenu du nombre d’années de scolarité et ce, malgré la modestie des programmes.
Les résultats de l’enquête PISA (pour les 3 disciplines testées) ne contredisent pas ces résultats, et l’on a donc toutes raisons de penser que la même conclusion s’impose en français.
Le fait que 150.000 élèves (20 %) n’obtiennent pas le brevet chaque année, et non 300.000, provient simplement de l’abaissement volontaire du niveau des épreuves et des normes de notation.
2 – Le rapport du Haut Conseil de l’Education sur l’école indiquait que les enfants en grande difficulté à la sortie du primaire se retrouvaient dans le même cas à la sortie du collège, et que les élèves en difficulté à la fin du CP se retrouvaient en difficulté à la fin du primaire. Cela provient du fait que rien n’est sérieusement prévu pour sauver du naufrage les enfants victimes de l’enseignement de la lecture au CP. Au contraire, tout est prévu à leur encontre, puisque les enseignants ont l’obligation de suivre les programmes, et que les programmes ignorent totalement les élèves en grand décrochage. Au collège, les plus faibles passent automatiquement en classe supérieure, en vertu des grands principes et aussi de la constatation de bon sens qu’un redoublement à l’identique ne leur apporterait rien.
3 – Quant au battage médiatique sur la discrimination sociale, à la suite de la soudaine découverte que les élèves les moins instruits se trouvent massivement dans les catégories sociales défavorisées, c’est une preuve de plus de notre capacité d’aveuglement face aux réalités qui s’étalent sous nos yeux.
Que mesurent, en effet, les enquêtes PISA ou celles du Ministère ? S’agit-il du résultat de l’enseignement dispensé par les établissements publics et privés sous contrat ? Evidemment non. Le niveau de savoir des élèves du primaire et du collège dépend massivement :
– de l’instruction dispensée par les parents, de l’aide apportée par les parents
– d’un énorme soutien scolaire payant,
facteurs évidemment à l’œuvre dans les catégories favorisées de la population, et tout particulièrement, c’est de notoriété publique, pour les enfants d’enseignants.
Certes, de nombreuses associations dispensent un soutien scolaire gratuit aux enfants de milieux défavorisés, mais malheureusement son efficacité souffre de la pratique généralisée de l’aide aux devoirs et aux leçons, qui traduit non pas les besoins réels des enfants en difficulté, mais la fiction des programmes officiels.
Si les enquêtes ne mesuraient que l’apport de l’enseignement public et privé sous contrat, les résultats seraient bien pires !
Evidemment, ce système fortement inégalitaire fait toujours une place honorable aux meilleurs élèves.
Tel est le résultat de quarante ans d’utopie égalitaire.