PAUSE
Susan MAUSHART
Ed.NiL – 2011
Comment concilier les études, la vie familiale, et l’envahissant "numérique" ?
Elle est aussi mère de trois adolescents. Inquiète, comme beaucoup de parents, de voir ses enfants entièrement dépendants des multiples formes du « numérique », elle constate, à partir de l’acquisition d’un smartphone, qu’elle-même devient véritablement esclave, jour et nuit, de ces appareils, au point de ne pouvoir sortir de chez elle pour un court déplacement sans une oreillette diffusant de la musique.
Une expérience : six mois sans numérique
Par réflexe professionnel, Susan Maushart a consulté les études et écrits sur ce sujet. Cela lui a donné l’idée de publier un ouvrage basé sur le comportement de ses enfants.
Ces six mois seraient une cure de désintoxication numérique, pour ses enfants mais aussi pour elle-même. Ainsi, elle s’obligerait à écrire ses articles à la main, et s’interdirait les recherches sur la Toile pour les composer.
Bref, quelque chose comme quitter le monde civilisé pour aller vivre dans une forêt ou un désert.
Début de l’expérience : 3 janvier 2009. Le 18 janvier, l’électricité revient, suscitant l’enthousiasme des enfants !
– cuisiner
– participer vraiment aux repas en famille
– jouer à des jeux antiques, datant d’avant leur naissance, jeux non électriques ni électroniques
– s’entretenir avec des personnes présenets, « en face-à-face, et non en face à Facebook »
– lire de vrais livres, de plus en plus consistants
– travailler en mode monotâche, une seule chose à la fois, en se concentrant sur ce que l’on fait.
Une vraie vie familiale s’établit ; les résultats scolaires s’améliorent.
Cependant nous ignorons si, parvenus à l’âge adulte, les natifs du numérique sauront s’émanciper. Ce que l’on sait des abus de distractions numériques dans le milieu professionnel n’est pas encourageant.
Le numérique et la scolarité.
Naturellement, Susan Maushart a consacré une large part de son ouvrage aux études des enfants natifs du numérique. Elle observe qu’ils étudient comme ils vivent, avec le numérique, sans voir la différence entre les études et le reste.
À la maison, ils font leurs devoirs, non seulement en musique, mais en multitâche, l’étude n’étant qu’une tâche parmi d’autres. Ouvrir dans son écran d’ordinateur plusieurs fenêtres , mener plusieurs conversations, sont choses courantes lorsqu’on fait ses devoirs, même chez les écoliers plus jeunes.
Affirmation corroborée par certains experts: "les enfants sont plus aptes que nous à basculer d’une tâche cognitive à une autre; ils sont ainsi préparés à ce que sera leur travail à l’avenir ; d’ailleurs leur QI est supérieur à celui de leurs devanciers"
Nous, les immigrants numériques, nous travaillons dur à l’acquisition de notre seconde langue…"