L’Education nationale crée un nouveau panel de 15 000 élèves présents en CP en septembre 2011.
Ce panel – ou échantillon durable- doit permettre de suivre des élèves présents en CP en septembre 2011 jusqu’à leur CM2 et de « mieux connaître les déterminants de la réussite ».
Les 15 600 élèves se trouvent dans 980 écoles ; une seule classe par école et tous les élèves de cette classe.
Les premiers tests se placent à l’entrée en CP – en principe fin septembre 2011- les parents seront interrogés en avril 2012, les élèves le seront de nouveau en CM2.
Les tests au début du CP ont pour but de mesurer les acquis des élèves donc des savoirs et des «compétences» en français, mathématiques, logique, repérage dans le temps et «mesures de l’estime de soi». Au total ces tests font l’objet de neuf séquences de durée estimées à 20 minutes par le ministère.
À ces tests il faut ajouter, pour chaque élève, un questionnaire rempli par le directeur d’école, et un questionnaire rempli par l’instituteur
Observations.
1 – Les questions sont suffisamment nombreuses et variées pour donner une idée assez précise des acquis des élèves. Mais elles sont largement inspirées des pratiques globales majoritaires en GS.
Exemple : correspondances entre une image et une «étiquette de mots» : les réponses correctes peuvent prouver soit un simple acquis en global, soit au contraire des connaissances déjà avancées en lecture.
Les références implicites au global dans les questions en diminuent plus ou moins fortement l’intérêt.
2 – De même que l’évaluation CE1 teste la lecture sans demander à l’élève de lire à haute voix, ici l’élève reste muet et seul le maître parle. Cela conduit à construire des séries de questions pour vérifier indirectement ce qu’une ou deux questions directes assorties de réponses orales auraient permis de trancher très rapidement.
De plus la passation simultanée à tous les élèves d’une classe n’est pas simple et laisse présager des écarts de qualité dans le travail des 980 instituteurs.
3 – L’objectif annoncé est de connaître les déterminants de la réussite des élèves.
Mais qualifier de déterminant le niveau des acquis à l’entrée en CP est abusif, car ce niveau est lui-même déterminé par ce dont l’élève a bénéficié en maternelle et ce qu’il a appris de ses parents. Ici l’information sur l’éducation en maternelle se résume au nombre d’années que l’élève y a passées, et les apports des parents sont ignorés.
4 – Il faudra donc quatre à cinq ans pour vérifier des conclusions déjà largement connues et maintes fois mentionnées, notamment par le Haut Conseil de l’Education : les résultats en CM2 dépendent largement du niveau de l’élève à l’entrée en CP, et ce niveau dépend lui-même très largement de facteurs sociaux.
Sauf si les questions posées aux parents en avril 2012 portent sur leur participation à l’instruction de leurs enfants, ce qui paraît peu probable, on ne trouvera pratiquement rien sur les comportements des parents, y compris des parents de milieux modestes, dans le choix des écoles et dans l’instruction dispensée par eux. Rien non plus sur les pratiques pédagogiques en maternelle, qui conditionnent largement les niveaux d’entrée en CP. Rien enfin sur les progrès réalisés ou non dans les savoirs fondamentaux par les élèves en CE1, classe qui officiellement appartient au même cycle que le CP, ni sur les progrès réalisés ou non dans les classes de CE et CM.
On voit que la meilleure connaissance des « déterminants de la réussite " se réduira à peu de choses.
Ce que le ministère aurait pu faire…
– Passer à des tests individuels, permettant des réponses écrites et orales, malgré la charge de travail supplémentaire représentée par la nécessité de noter les réponses orales, puis de dépouiller les réponses écrites et orales de forme libre (réponses qui seraient néanmoins très simples car les questions doivent être simples).
N.B. la passation individuelle permet de poser des questions de difficulté croissante, les dernières n’étant présentées qu’aux élèves qui ont répondu facilement aux premières.
– Au lieu de désigner 1000 instituteurs pour faire passer les épreuves à toute leur classe, demander à 1000 instituteurs de CP volontaires et rétribués pour cela, de faire passer chacun 15 tests individuels, après avoir reçu une instruction spécifique.
– Placer ces tests en fin de Grande Section, ce qui permettrait de connaître dans les grandes lignes les pratiques pédagogiques appliquées en maternelle, et simultanément d’interroger les parents quant à l’instruction qu’ils ont, ou non, dispensée à leurs enfants (tests réalisés par les instituteurs de CP).