OBSERVATIONS COMPLEMENTAIRES

Recherche sur la lecture en CP (suite 3)

I – Confirmation des études menée depuis longtemps à l’étranger.

Le rapport mentionne les études menées aux Etats-Unis depuis trente ou quarante ans, qui ont établi la supériorité indiscutable de l’enseignement alphabétique. Il est établi aussi depuis longtemps que cet enseignement est particulièrement efficace pour les enfants de milieux défavorisés.

Sans doute, les auteurs du rapport, qui signalent ces faits, pensent-ils nécessaire de valider ces résultats dans un pays francophone ; point de vue légitime de la part de chercheurs. Cependant il existe aussi au Québec des études validant la supériorité de l’enseignement explicite, systématique, structuré, progressif et répétitif – ce qu’est la méthode alphabétique.

En langue anglaise, les mêmes résultats ont été aussi établis en Grande Bretagne depuis plus de dix ans par des expériences étendues. En 2007, le gouvernement a décidé de généraliser la méthode alphabétique ; le processus est long, en raison du nombre de personnes concernées. Mais, sachant que la représentation écrite de la langue parlée est beaucoup plus complexe en anglais qu’en français, on peut en conclure que ce qui est vrai en Grande Bretagne l’est encore plus en France. Ce n’est manifestement pas l’opinion des soi-disant "experts" écoutés à l’Education Nationale.

II – Nécessité d’une recherche nationale de grande ampleur pilotée par le CNRS et/ou l’Université.

• On peut s’étonner que l’étude analysée ici ait été initiée et conduite par un laboratoire probablement doté de peu de moyens. Malgré la qualité du travail effectué, cette étude reste partielle, sans rapport avec l’énormité des questions posées par un enseignement dont la qualité, ou la non qualité, a et aura des conséquences fortes sur le plan moral, politique, social, économique.

Il ne s’agit pas de lancer une recherche de grande ampleur simplement pour obtenir la nième preuve que la méthode alphabétique est très supérieur à la mixte, qu’elle convient à tous les enfants, quel que soit leur milieu socioculturel, qu’elle est applicable par tous les enseignants.

Il s’agit, pour préparer le jour où une majorité de citoyens demandera une véritable réforme de notre système d’enseignement, de décrire dans le détail les pédagogies effectives actuellement mises en œuvre et leur efficacité. Ceci, pour fixer des objectifs, ambitieux et néanmoins réalistes, d’une véritable rénovation pédagogique, après des décennies d’errance.

• Pour rester à la hauteur des enjeux, une telle étude devrait :

couvrir tout le territoire et tous les milieux socioculturels
rendre compte de tous les facteurs intervenant dans la maîtrise de la langue française, jusqu’à un niveau qui pourrait correspondre à la fin de la scolarité obligatoire
englober les crèches et les maternelles, à cause de l’importance du travail oral qui pourrait y être fait systématiquement, et à cause de la nécessité d’harmoniser le travail en Grande Section avec la pédagogie alphabétique de l’école élémentaire.
 – entrer dans le détail du rôle effectif que jouent les parents et grands-parents.

• L’année cruciale est bien le CP, objet du récent rapport, et il est impératif d’éclaircir ce qui s’y passe au regard de l’influence – positive ou négative – des années précédentes, l’influence des parents et de l’entourage de l’enfant.

Pour les années suivantes, jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire, il faudrait mettre en évidence la conséquence, sur la maîtrise du français, des diverses pédagogies pratiquées en CP.

• Vraisemblablement, pour répondre à ces impératifs, il ne faudrait pas bâtir un échantillon d’ enseignants, d’où découlerait l’échantillon des enfants, mais, à l’inverse, construire un échantillon d’enfants et en déduire, selon des modalités à déterminer, un échantillon d’instituteurs et de classes de CP.
Tous les types d’enseignement devraient être pris en compte : enseignement public, privé sous contrat, hors contrat, écoles familiales, enseignement à la maison, à distance, etc…

Une telle étude demanderait plusieurs années ; deux années seraient peut-être nécessaires pour bâtir le plan de recherche, l’échantillonnage, les tests, etc…

Il serait judicieux aussi de mettre à profit cette étude pour mener en parallèle une étude similaire sur l’enseignement des mathématiques.

• Au-delà des contacts directs des chercheurs avec les enseignants, cette étude devrait être tenue à l’écart de toute intervention de l’Education Nationale – car on ne peut pas être juge et partie.

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