Note 9 – Les enseignants

Vincent Peillon, dans ses propos, s’est tenu à une prudente réserve pour tous les projets impliquant les enseignants, à l’exception de la semaine de quatre jours et demi. Il a donc éludé en renvoyant à plus tard la plupart des propositions du rapport de la concertation.
Ainsi, il a écarté l’idée de bivalence de professeurs (enseignant deux disciplines). Cette idée procède du souci de limiter le choc de la transition du CM2, où chaque élève est connu par un maître que lui-même connaît bien, à la 6ème, où la relation avec le maître se fragmente entre de nombreux enseignants que l’élève connaît moins bien et qui le connaissent moins bien.
Vincent Peillon a clos le projet en déclarant « je ne veux pas blesser les identités disciplinaires qui méritent le respect ». Il exprime de façon dogmatique une conviction certainement répandue chez les enseignants du secondaire, vus par lui comme formatés sur le même modèle et s’exprimant par la voie des syndicats majoritaires. Or, les hommes ne seraient pas des hommes, et la France ce qu’elle est, s’il ne se trouvait un nombre d’enseignants tentés par la bivalence et par le bénéfice d’une plus grande proximité avec les élèves. Ce qui suffirait au besoin, car tous les élèves entrant en 6ème ne nécessitent pas cette transition.

Formation des enseignants

Quant à la formation et au perfectionnement, instrument majeur de toute refondation, nous avons droit à un nouveau sigle : ESPE, École Supérieur du Professorat et de l’Education.

Attendons de voir si cette création traduit d’abord la volonté de détruire ce qu’a fait Xavier Darcos au lieu de l’amender, ou s’il s’agit simplement d’un changement d’enseigne, ou si l’on va chercher enfin à donner aux futurs professeurs une formation associant en alternance l’université et la formation professionnelle par de vrais professionnels.

Lire-écrire souligne aussi l’obligation de revenir au recrutement de la majorité des professeurs de l’enseignement professionnel parmi des candidats ayant acquis une véritable expérience dans les entreprises (le rapport évoque "les exigences spécifiques de la formation des professeurs dans l’enseignement professionnel").

Sur un autre plan, nous considérons comme une dangereuse utopie l’idée suivante : « s’attacher à ce que le concours de recrutement… permette d’identifier… la motivation, les qualités nécessaires au métier… »
Quel que soit le processus de recrutement, le candidat comme sa hiérarchie ne connaissent l’aptitude au métier qu’après une période d’essai dans des conditions réelles, période d’essai qui devrait être d’autant plus longue qu’il s’agit de l’avenir d’enfants et d’adolescents.

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