Nos commentaires

On notera la similitude entre les positions de la Direction de l’Instruction Publique à Genève et celles qui étaient massivement affirmées à la tête de l’Education Nationale jusqu’à l’arrivée de G. de Robien, et qui est toujours farouchement défendue par la hiérarchie.

En effet, le "pédagogisme", comme on dit maintenant, a fait des ravages dans le monde occidental, et pas seulement en France, avec le soutien actif de l’UNESCO qui en a fait une doctrine officielle.

Le redoublement.

Lorsque la question du redoublement viendra à l’ordre du jour des débats, on nous expliquera que des études "scientifiques" en ont prouvé l’inutilité absolue.

Si ces études ont porté sur des classes – innombrables – où les enfants apprennent peu et mal, il n’est pas étonnant que le redoublement soit inefficace. Mais évidemment la question se pose lorsqu’il s’agit de classes, que nous espérons majoritaires à l’avenir, où les professeurs enseignent et où les élèves apprennent, où l’on transmet le savoir.

Actuellement, en France, si le redoublement n’est pas formellement interdit, il est, dans la pratique, quasiment exclu. La règle est le passage automatique dans la classe supérieure, ce qui a pour conséquence que les enseignent reçoivent des enfants incapables de suivre l’enseignement prévu. Et, de classe en classe, l’effet est cumulatif.

C’est ainsi que les professeurs du secondaire nous expliquent qu’ils sont dans l’incapacité de respecter le programme de français avec des élèves qui lisent mal et qui ne comprennent pas les textes les plus simples, comme de faire des cours de math à des élèves qui n’ont pas les bases élémentaires du calcul et du raisonnement, d’expliquer la grammaire allemande à des collégiens qui ignorent la grammaire française et qui en fait n’ont pas la moindre notion de ce qu’est la grammaire.

Le passage automatique à la classe supérieure est, dans les faits, une aberration et, dans la pratique, une catastrophe.

C’est du moins ce que pensent les trois quarts des citoyens du canton de Genève qui s’intéressent à la question.

La notation.

Les citoyens du canton de Genève veulent aussi des notes en chiffres. En France, les contempteurs de la notation sont éloquents et écoutés, car ni les enfants ni leurs parents n’apprécient les mauvaises notes. On nous dit que la notation décourage les élèves qui ont besoin de progresser, que la stimulation par la notation et par les récompenses est un procédé barbare. L’auteur de "La constante macabre" nous explique que, quel que soit le niveau réel de la classe, un tiers des enfants reçoit toujours de mauvaises notes, ce qui prouve que la notation, même chiffrée, n’a pas de réelle signification.

Il y en effet une différence tranchée entre l’évaluation ou la notation chiffrée faite par un enseignant, et la notation sur la base d’examens communs à toutes les classes.

Tout enseignant digne de ce nom a en permanence le souci de juger le niveau de chaque élève, de ne pas décourager les plus faibles mais de les faire progresser, de stimuler les autres pour qu’ils ne relâchent pas leurs efforts. Il s’adapte et adapte sa notation aux élèves qui lui sont confiés. L’évaluation continue est une composante évidente de la pédagogie.

Mais cela ne suffit pas. D’abord parce que, comme dans tout groupe humain, il y a aussi des enseignants médiocres, et leurs évaluations sont sujettes à caution. Ensuite parce que, si des parents informés savent que la même note n’a pas la même signification dans une classe "forte" que dans une classe "faible", les parents mal informés ne le savent pas, et sont trompés, comme le sont leurs enfants.

C’est pourquoi l’ARLE a demandé, et obtenu, des normes communes, pour juger l’aptitude des élèves à poursuivre leur scolarité, pour assurer leur "promotion" selon les termes de l’initiative 121.

Pour que ces normes aient une quelconque utilité, encore faut-il qu’elles ne changent pas constamment et pour des raisons politiques, comme le fait l’Education Nationale qui modifie sans cesse la nature des épreuves et les consignes de notation pour masquer la dégradation du niveau des élèves.

Dernière remarque : la liberté pédagogique, à laquelle les enseignants sont justement attachés, suppose, comme toute liberté, des limites et des contreparties. Ici la contrepartie est simple : les enseignants doivent être jugés sur leurs résultats, c’est-à-dire sur la différence de savoir et de savoir faire des élèves entre le début et la fin de l’année scolaire. La condition nécessaire est l’existence d’examens annuels neutres, indépendants de chaque enseignant, et invariables dans le temps.

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