Méthode globale

"Méthode de lecture consistant à faire reconnaître aux enfants l’ensemble du mot avant d’en analyser les éléments" (ROBERT).

Origine de l’idée

L’idée est sans doute ancienne ; elle a été formulée à la fin du XVIIIème siècle dans des termes reproduits par L. LURÇAT
" La destruction de l’enseignement élémentaire et ses penseurs"
(F.X. de GUIBERT 1998).
"……
Nouvelle manière d’apprendre à lire aux enfants sans leur parler de lettres ou de syllabes…

Prononcez d’abord un mot, par exemple traité… montrez-le lui sur un livre et répétez-lui… il s’accoutumera à joindre le son traité à la vue dont ce mot est composé …
……
Quand vous aurez fait monter (le nombre de mots connus) à trois ou quatre mille et qu’il le saura impeccablement, écrivez-lui … de petites phrases …
Quand votre élève saura lire sans hésiter, faites-lui distinguer les syllabes… et finissez pas les lettres … et vous aurez suivi l’ordre naturel "

Une méthode viable mais spécialisée.

L’idée a été reprise, transposée et adaptée à la réalité au début du XXème siècle.

"Lorsque DECROLY, médecin neurologue passionné de pédagogie, découvre vers 1910 la méthode dite "globale", il l’utilise d’abord pour apprendre à lire aux enfants sourds, dont le handicap rendait le versant phonétique de l’alphabet inutilisable ou, au mieux, ardu à saisir. Puis, considérant que la perception de l’enfant est d’abord syncrétique, il cherche à l’exploiter chez l’entendant.

Partant d’un tout (la phrase) vers la partie (le mot) pour en découvrir l’élément (la lettre ou le graphème) par un travail d’analyse que l’enfant est censé conduire lui-même, cette démarche doit l’amener, par les étapes inverses, à comprendre et à utiliser le processus de synthèse des lettres entre elles. Elle ne perd donc pas de vue, avec l’enfant entendant, le couplage lettreson (…); la synthèse ensuite s’appuie sur leur combinaison. Les textes sont en principe produits par l’enfant lui-même.

La démarche analytique bien conduite mobilise l’œil et l’oreille de l’enfant et s’attache à la structure intime du mot. La syllabation de retour achève de consolider cette structure. Elle limite au symbole graphique l’intervention (de la mémoire) pure. Cette méthode, rigoureuse dans ses étapes, est encore souvent utilisée chez le sourd profond et dans la rééducation de certaines alexies*. Mais elle exige une formation linguistique et phonologique très précise."
*alexie : perte plus ou moins totale de l’aptitude à lire le langage écrit, sans déficit sensoriel

Extrait de Dyslexie, une vraie fausse épidémie
Haut– Colette OUZILOU – Presses de la Renaissance 2001

La méthode globale et les théoriciens

Ils ont repris, non pas les idées du praticien DECROLY, mais celles de théoriciens du XVIIIème siècle pour définir la "nouvelle méthode ", qui est gouvernée par quelques principes. Ceux-ci résument la pensée des partisans de cette méthode.

  • La méthode globale est dénommée la voie « directe » de la connaissance de l’écrit, la méthode syllabique étant elle dénommée comme méthode « indirecte » ; l’élève qui « s’approprie » un mot « en connaît immédiatement le sens. »
  • Le mot est appris en tant qu’image globale, que l’enfant "photographie"
  • On peut lui demander de reconnaître un mot à sa "silhouette". (document au fomat PDF)
  • L’élève doit constituer un stock de mots, les mots-outils, représentés par une série d’étiquettes.
  • Tous les mots qui ne font pas partie du stock sont illisibles. Mais ils sont, selon les tenants de cette méthode, l’occasion pour l’élève de manifester une attitude active de recherche du sens des mots qu’il ignore ; le "vrai lecteur" est "producteur de sens". L’élève doit chercher à trouver le sens à partir du contexte, et pour cela faire des hypothèses ; il peut procéder par similitude avec des mots connus ou par repérage d’une lettre ou d’un son connu, ou simplement en devinant.
  • De ce fait, de même que l’existence de quelques mots inconnus n’est pas considérée comme un obstacle à la lecture, la substitution d’un terme à un autre, si elle conserve le sens général, est admise. Exemple : lire « maman » au lieu de « mère » est parfaitement accepté, puisque le sens est conservé.
  • L’activité de l’élève est purement visuelle : la lecture à haute voix est exclue ; l’élève n’apprend pas la correspondance entre les sons et les lettres ou groupes de lettres.
  • L’apprentissage de l’écriture consiste à copier l’image des mots sans en connaître les éléments.
  • Toute approche combinatoire par la voie dite « indirecte » (lettres ou syllabes) est strictement proscrite ; seul l’élève, à un certain stade, découvrira et constituera le "code" alphabétique.

    On retrouve dans ces principes l’application des doctrines de l’éducation nouvelle : démarche "naturelle", spontanéisme, constructivisme ( voir à ce sujet Les théories fondatrives ).

    Les essais d’application en France de la méthode globale dans son intégrité originelle ont entraîné dès le tout début des résultats si catastrophiques, qu’elle a été très vite abandonnée ; ce qui a conduit à une position de repli : les méthodes mixtes.

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