Mêmes causes, mêmes effets ?

Notre dossier, nous semble-t-il, présente des preuves suffisantes de la nocivité des méthodes mixtes. 

Une dernier scrupule, une dernière objection : s’il existe des relations de cause à effet entre le global et les difficultés à lire et écrire, comment se fait-il que beaucoup d’enfants et d’adolescents sachent lire et écrire, en respectant l’orthographe ?

Bien des causes peuvent se combiner

• D’abord, le degré d’exposition au "global". Il y a toujours eu, il y a encore, des enseignants résistants qui pratiquent les méthodes syllabiques. Avec les adeptes du départ global, celui-ci peut être plus ou moins long : on sait que quelques semaines en départ global pur suffisent à faire dans le cerveau, en négatif, autant d’effets peu réversibles que quelques mois de syllabique ont d’effet positif. Il faut prendre en compte la plus ou moins grande importance attachée par l’enseignant au passage à la phase d’analyse des mots en lettres et syllabes. Enfin la synchronisation de l’écriture avec la lecture peut être plus ou moins poussée.

• Ensuite, un cursus scolaire plus ou moins conforme aux conceptions régnant à l’Education Nationale, selon lesquelles "rien ne presse".
            – l’Education Nationale n’a pas pour objectif que les enfants sachent lire et écrire à la fin du CP ; l’objectif minimum est repoussé à la fin du CE1, mais en pratique l’échec est admis jusqu’à l’entrée en 6 ème et même au-delà. (Mme Weinland, doyenne de l’inspection générale pour les lettres, a affirmé que si ces élèves ne savent pas lire, rien ne sert de s’inquiéter puisqu’ "ils n’ont pas fini leurs études ")

            – or l’âge joue un rôle très important : à 4 ou 5 ans, un enfant peut être fier de lire et d’écrire des mots et des syllabes ; à 6 ans, après un départ global, il a l’illusion de savoir lire, et le passage à l’analyse lui demande un effort pour lequel il est peu motivé ; et cela ne fait que s’aggraver ensuite ; pour certains l’âge s’accompagne non pas d’un progrès, mais d’une régression liée à un sentiment d’exclusion.

• La personnalité de l’enfant joue un rôle : pour bien apprendre à lire et écrire, il faut un minimum de maturité, de coordination physique et mentale, il faut être correctement latéralisé, etc… Tous les enfants de CP n’ont pas les mêmes aptitudes, notamment visuelles, et surtout ils n’ont pas eu les mêmes occasions de développement de leur personnalité.
• Enfin, le dernier facteur, peut-être le plus important, est celui du comportement des parents, qui dépend de leur propre niveau de scolarité, de la qualité de leur information, de leur disponibilité, de leur tendance à accepter ou à rejeter les conseils qu’ils reçoivent parfois de l’école, tels que les suivants :
"surtout n’intervenez pas, ne faites rien avant 6 ans, n’apprenez pas l’alphabet" (à un petit enfant baigné dans le global dès la maternelle)
"patientez : si votre enfant ne sait pas lire à l’issue du CP, c’est qu’il n’est pas mûr…"

"votre enfant est dyslexique : voyez un orthophoniste"
"il est caractériel : voyez un psychologue"
etc…

"On peut dire à coup sûr que l’élève émergeant sans dégâts importants d’un apprentissage mixte connaissait dès le début du CP le principe alphabétique"
Colette OUZILOU

Colette OUZILOU, orthophoniste, auteur de
Dyslexie : une vraie fausse épidémie, éd. Presses de la Renaissance
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