Dans son plan de prévention de l’illettrisme, Luc Chatel valide une partie des préconisations du Rapport sur l’acquisition du vocabulaire à l’école élémentaire d’Alain Bentolila (mars 2007) dont nous avons rendu compte sur ce site.
Il reprend notamment la nécessité d’une action précoce dès la maternelle, qui doit à cet égard se comporter comme une « véritable école », par un enseignement systématique du langage oral : « leçons » de vocabulaire, récitation de textes ou de chansons, lecture (par la maîtresse) de grands textes de notre littérature.

A l’école primaire, le ministre rappelle – dans les orientations déjà marquées par les programmes de 2008 – l’importance de l’apprentissage par cœur, de la répétition et de la récitation, et l’importance de la lecture à voix haute (par le maître comme par les élèves).

En tout cela, nous approuvons entièrement tout cela. Merci, Monsieur le Ministre, d’avoir ainsi placé la maternelle sur le devant de la scène.

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Cent inspecteurs en charge des maternelles  vont se consacrer en priorité à la prévention de l’illettrisme.

Le ministre se propose de développer l’aide personnalisée créée dans le primaire en 2008. Nous redisons notre conviction que l’aide personnalisée au sein d’une classe ne peut être utile qu’aux élèves en faible retard ou en décrochage temporaire. Les élèves en grand retard appellent des moyens beaucoup plus spécifiques et plus lourds (le rapport Bentolila mettait en évidence le retard massif de vocabulaire d’un grand nombre d’élèves en )

Il faut donc, à la maternelle, distinguer au moins trois groupes :

       – les enfants mauvais francophones pour leur âge parce que dans leur famille et leur environnement, on ne leur parle pas, ou pas assez, ou très mal.
       – les enfants non francophones mais qui s’expriment normalement pour leur âge dans une langue maternelle différente de la nôtre
       – les autres

Dans ce dernier groupe, le plus important, la plupart des enfants ont besoin d’améliorer fortement la qualité de leur vocabulaire et de leur syntaxe. On peut raisonnablement supposer que, moyennant un supplément de formation, les maîtres en poste actuellement peuvent s’en charger.

Par contre, pour les deux premiers groupes, c’est un autre métier ou du moins une spécialisation poussée qui est nécessaire. Il faudrait donc rapidement susciter des candidatures parmi les enseignants de maternelle, les sélectionner et leur donner une formation intensive.

A juste titre, Luc Chatel mentionne l’importance des familles et annonce aussi un partenariat avec certaines institutions ou associations. Il reste à créer les modalités pratiques d’une collaboration volontaire des maternelles et des municipalités avec les associations qui ont déjà un savoir faire dans l’aide aux enfants mauvais francophones et dans l’établissement de relations de confiance avec leurs parents.

Dans le primaire, nous redisons notre conviction qu’il faut faire une place à part au CP auquel incombe une mission essentielle dans la lutte contre l’illettrisme : faire en sorte qu’à l’issue du CP, 90 à 95% des élèves sachent lire et écrire.

Comme pour la maternelle, cela justifie l’attribution d’urgence de moyens importants dans la formation professionnelle d’un grand nombre d’instituteurs, dans le choix d’instituteurs expérimentés (et non de débutants) dans la généralisation de la méthode alphabétique

Consacrer immédiatement des moyens massifs à la maternelle et au CP pour juguler l’illettrisme serait l’un des investissements collectifs les plus rentables qui se puissent concevoir pour la France.

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