Quatre piliers de l’apprentissage

Stanislas Dehaene propose :
– l’attention
– l’engagement actif
– le retour d’information

– la consolidation 

 

L’attention

La priorité, pour l’enseignant, est de susciter et de canaliser l’attention. Les adultes surestiment généralement la capacité d’attention des enfants.
L’attention a pour but de sélectionner un objet d’attention ou de réflexion. Le préalable est un état mental d’alerte, c’est-à-dire de libération de l’esprit. Pour l’obtenir, il faut, d’une façon générale, augmenter la plasticité cérébrale ; certains jeux adaptés aux enfants peuvent y contribuer. La pratique d’un instrument de musique accroît la capacité d’attention.
L’attention peut être favorisée par le contact avec un adulte. La communication par le regard facilite la sélection de l’objet sur lequel l’élève doit porter son attention.
Une attention forte portée à un objet empêche de voir ce qui est étranger à cet objet. Il faut éviter de proposer à l’élève deux objets d’attention simultanés, cause de distraction.
La persistance de l’attention, le contrôle exécutif, peuvent être développés chez l’enfant, comme la mémoire de travail. Ce sont les enfants de milieux défavorisés qui tirent le plus grand profit de ces entraînements.

L’engagement actif.

• Le cerveau génère en permanence des prédictions sur le monde extérieur. Cette anticipation existe chez les animaux. C’est l’engagement actif qui active ces prédictions. On apprend lorsque la prédiction se révèle fausse, lorsque ce que l’on voit est différent de ce qu’on attend. 
La surprise engendre la réflexion. Chez les bébés, la surprise est caractéristique de l’apprentissage. Lorsque le bébé fixe son regard plus longtemps, c’est parce qu’il doit apprendre.
Les neurones semblent coder la différence entre récompense attendue et récompense obtenue.
• La pédagogie active (à ne pas confondre avec le constructivisme) guide l’élève vers la découverte, alors que l’affirmation par l’enseignement magistral tue la curiosité.
Cependant, certains maîtres, certains orateurs, savent susciter la curiosité.
• La curiosité est la recherche active de la nouveauté, par une tension résultant de la différence entre ce que l’on sait et ce qu’on voudrait savoir.
Toutefois "voudrait savoir" est différent de "voudrait apprendre". La curiosité ne va pas toujours jusqu’à l’effort nécessaire pour savoir.
Pour le curieux, le seul fait d’apprendre du nouveau est une récompense. Le processus par essais et erreurs est soutenu par la curiosité. C’est aussi un aliment de la curiosité.
L’individu a tendance à explorer ce qu’il pense savoir maîtriser. Lorsque la recherche s’avère trop facile ou trop difficile, le processus d’exploration spontanée perd de sa vigueur.

Le retour d’information.

Lorsqu’on apprend, et par la suite, le retour d’information permet de savoir ce que l’on a appris, si on a bien appris, et si on a retenu.
Un processus d’acquisition des connaissances non supervisé ne comporte pas de retour d’informations. Dans ces conditions, le système cérébral doit détecter des régularités dans l’apprentissage, pour alimenter la mémoire.
Dans un processus supervisé, des étapes d’essai sont aménagées, dont les résultats offrent un retour d’information : confirmation ou erreur ; dans le cas d’erreur, est fournie l’information sur ce qu’aurait dû être la réponse correcte.
Certains processus sont fondés sur des récompenses : bon ou mauvais, bonne ou mauvaise note. Le processus est peu efficace lorsque la récompense tarde après un test, et qu’elle n’est pas accompagnée d’explications.

La consolidation des acquisitions.

• L’objectif de l’apprentissage est d’améliorer les performances à long terme, et de développer la capacité de transposer le nouveau savoir à des situations nouvelles. On distingue la mémoire de travail instantanée, et la mémoire déclarative, à long terme, favorisée par la structuration des notions, le sens, la constitution de liens.
(la mémoire déclarative est la faculté de stocker de l’information puis de la récupérer sous une forme verbale)
Mémoriser implique qu’au moment où l’on reçoit l’information, on la projette dans l’avenir

• Facteurs favorisant la mémoire :

 – connaître le sens de ce que l’on apprend ; ainsi la mémoire des phrases est meilleure que celles des mots ;
 – le fait d’avoir fait un effort pour chercher : l’enseignant doit poser des questions ni trop faciles ni trop difficiles pour l’élève et laisser le temps de la réflexion, qui varie selon les élèves ;
 – multiplier les approches sensorielles : entendre, voir, toucher, manipuler, bouger, etc.
• Les zones du cortex frontal sont libérées par la mise en mémoire longue : automatisation, transfert du conscient vers l’inconscient, de l’explicite vers l’implicite.
• Il n’est pas étonnant que la consolidation, qui a pour effet de pérenniser les acquis, soit favorisée par une judicieuse gestion des temps d’apprentissage : ménager des séquences d’acquisition suivies de tests ou contrôles, de façon à établir des répétitions actives. Puis, après l’apprentissage, ménager des tests espacés dans le temps.
Des études ont montré que, plus on vise le long terme, et plus il y a intérêt à espacer les phases d’études, de révision et de tests.
• Le sommeil joue un rôle essentiel dans la consolidation.
                                                                                               suite
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