Les itinéraires de découverte
(programmes de 5e et 4e pour la rentrée 2002)
Si l’on étrangle lentement l’enseignement du français, c’est qu’il y a des substituts. Ainsi, grâce à la TRANSVERSALIT?, les enfants apprendront le français en classe de math (et sans doute les math en classe de français).
Et, si les heures de français diminuent, on note en contrepartie une nouvelle avancée de la pédagogie ludique : deux heures par semaine pour les « itinéraires de découverte » qui vont permettre aux enseignants comme aux élèves de manifester leur créativité.
On s’en doute, il ne s’agit surtout pas de transmettre des connaissances, mais de les MOTIVER. Les « motiver » … à quoi ?
Du Tourisme en cycle central : les Itinéraires de découverte
Les itinéraires de découverte seraient un moyen pour motiver les élèves en leur laissant le choix de certaines activités, et cela pendant 2heures par semaine. En vérité, le choix des élèves sera si réduit (il faut bien que les professeurs s’entendent entre eux et préparent des activités sinon des cours) que l’argument de l’administration n’a plus grande valeur.
Ce sont les professeurs de l’établissement qui, après concertation (aucune rétribution n’étant prévue pour ce travail supplémentaire, il nous faut la réclamer) se mettront d’accord pour proposer au vote du Conseil d’Administration, dont la majorité des membres n’a pas de compétence particulière dans le domaine pédagogique ? plusieurs itinéraires dans les quatre domaines imposés :
• la Nature et le corps humain
• les Arts et les Humanités
• les Langues et les Civilisations
• la Création et les Techniques
Parmi les propositions retenues par le CA, les élèves doivent en choisir deux qui appartiennent à deux domaines différents. Pour le moment, aucune modalité pratique n’a été envisagée _ pour que les « choix » des élèves n’aboutissent ni à des groupes de 30 ni à des groupuscules de 3 ou 4. Il nous semble indispensable de demander à l’administration de préciser la façon dont elle entend procéder pour que les groupes soient de taille comparable (tirage au sort ? élèves ayant déjà le professeur en cours ?).
Le texte de cadrage impose de mettre en place dans les emplois du temps des plages horaires « en parallèle » de façon à ce que les élèves puissent s’inscrire dans l’itinéraire de leur choix (qui peut donc, en théorie, être assuré par deux professeurs qui ne sont pas en charge de la classe où est inscrit l’élève). Qui ne voit que ces nouvelles contraintes, s’ajoutant à celles de l’occupation des équipements sportifs, des salles spécialisées, des équipements informatiques… auront pour effet de réduire à néant toute préoccupation pédagogique et tout respect des rythmes biologiques de l’enfant, que d’aucuns brandissent comme étendard de la modernité dans la confection des emplois du temps ?
D’ailleurs ces itinéraires s’installent, comme les TPE dans les lycées généraux et les PPCP dans les lycées professionnels, aux dépens des horaires actuels des disciplines, réduits à ce qu’il convient bien d’appeler des horaires-plancher, et aux dépens des dédoublements. Pour en assurer le financement, il f/audra en effet travailler en classe entière, à tous les niveaux et dans toutes les disciplines, y compris les langues vivantes, les sciences physiques, les sciences naturelles et la technologie où, pourtant, le travail en groupes à effectifs réduits permet les répétitions, les manipulations, les erreurs et les corrections individuelles qui aident les élèves à progresser véritablement.
De même, tous les dispositifs d’aide aux élèves en difficulté seront désormais réduits faute de moyens et liés au projet d’établissement.
… Il faut donc poser la question des moyens alloués par le rectorat à l’établissement : la DGH permettra-t-elle de tout assurer : itinéraires, aide individualisée, études dirigées, soutien.
Ces projets amputent les horaires d’enseignement et, par conséquent, entraîneront un nouvel allégement des programmes. L’horaire hebdomadaire pour la classe de 5ème sera probablement de 25 h « dont 2 h d’itinéraires de découverte », on ne pourra donc éviter la diminution de l’horaire commun pour plusieurs disciplines, y compris les disciplines fondamentales, français et mathématiques, indispensables pourtant à toute progression ultérieure.
L’amplitude horaire d’une heure accordée à chaque discipline pour peu qu’elle participe aux itinéraires est d’autant plus inacceptable que tous les textes officiels insistent lourdement sur le fait que les itinéraires ont pour but essentiel de développer chez les collégiens certaines capacités (travail en commun, autoformation…) et non de leur transmettre des connaissances.
Sans qu’il soit jamais avoué, un autre but semble aussi être poursuivi à travers la mise en place des itinéraires de découverte : la destruction du groupe classe. Les possibilités de choix laissées aux collégiens vont les faire dépendre, dans le courant de la même année scolaire, de plusieurs professeurs pour une seule discipline, et vont aussi changer leurs camarades à deux reprises au moins (chaque élève devant chaque année choisir 2 itinéraires différents). La classe représentant pour beaucoup d’élèves, et tout particulièrement pour les élèves en difficulté – tant scolaires que sociales – un point d’ancrage fort et un excellent moyen de socialisation, il nous paraît i dommage d’en diminuer, volontairement, les effets positifs pour mettre en place des structures temporaires probablement moins efficaces…
Extrait de SNALC – Actualités
Syndicat National des Lycées et Collèges