Le ministre signe aujourd’hui une circulaire sur la grammaire. Il assistera aussi à une leçon illustrant la façon dont il entend désormais la voir appliquer dans les écoles.
LE FIGARO. – Qu’est-ce qui va changer dès aujourd’hui dans l’enseignement de la grammaire, avec cette circulaire ?
Gilles DE ROBIEN. – Désormais, à l’école, les élèves auront au minimum trois heures hebdomadaires de grammaire et une heure et demie au collège. Elles seront consacrées à l’enseignement de la conjugaison, de la grammaire, de l’orthographe et du vocabulaire. Ce seront des cours bien spécifiques et structurés au sein des heures habituelles consacrées au français.
Comme pour la lecture, vous dites qu’il faut passer du simple au complexe ?
Il faut travailler à une progression rigoureuse des apprentissages. Commencer par la « grammaire de phrase », apprendre ce qu’est un verbe, un complément, un adjectif, avant de les découvrir au hasard des textes. De nombreux enseignants font des exercices de grammaire, mais c’est loin d’être le cas partout.
Désormais, il s’agira de repérer les règles et de les apprendre par coeur. L’accord du participe passé, par exemple, doit devenir automatique. Les élèves seront ainsi libres dans l’écriture et l’expression parlée.
Vous souhaitez aussi modifier un vocabulaire trop jargonnant.
Un vocabulaire commun va être établi pour toute l’école pour ce qu’est un verbe, un complément, un attribut. Aujourd’hui, il est complexe et trop inspiré de la recherche universitaire en linguistique. On compte pas moins de trois appellations différentes pour le complément d’objet direct ! Il faut un vocabulaire que les élèves, les parents et les éducateurs pourront tous comprendre et employer.
Après la réforme de la lecture, celle de la grammaire. Quelle logique poursuivez-vous ?
Ce que je recherche c’est la maîtrise de la langue. Après l’apprentissage de la lecture plus rapide, méthodique et efficace, l’apprentissage structurant de la grammaire est indispensable. C’est un constat : sans la connaissance des mots, de leur orthographe, c’est la pensée elle-même qui est menacée. La grammaire structure l’esprit. Les notions de passé, de présent, de futur permettent de se situer dans le temps. Dans notre société, on s’exprime fort, avec des mots vifs, des algarades parce qu’on ne sait pas toujours bien employer la langue française. Je ne peux me contenter d’un constat d’échec pour les jeunes. Ne croyons pas que le monde de l’ordinateur est un monde où l’écrit n’existe plus. La maîtrise du français détermine aussi celle des mathématiques et des langues étrangères…
Vous vous attaquerez ensuite au calcul avec une circulaire prévue en mars.
J’ai décidé d’améliorer l’apprentissage des mathématiques avec un apprentissage systématique du calcul mental. Ce dernier est trop délaissé dans les écoles primaires, comme l’a démontré un rapport de l’inspection générale.
Il faut le remettre à l’ordre du jour. Un apprentissage progressif des quatre opérations doit également être proposé à l’école. Il ne faut pas non plus oublier les exercices de situation rapportés à la vie courante.
Comment calcule-t-on un rabais au moment des soldes, par exemple ? Une commission de spécialistes planchera sur le sujet à partir du 23 janvier. Et une circulaire sera prise dès mars. Que répondez-vous à vos détracteurs, qui vous accusent de remettre au goût du jour une école passéiste ?
Je ne suis pas un obsédé du plumier mais un passionné des nouvelles technologies !
Posséder les fondamentaux, c’est une vision d’avenir et non une vision passéiste. Les pédagogistes fumeux, eux, ont en revanche fait prendre beaucoup de retard à beaucoup d’élèves. La grammaire, la langue, c’est le patrimoine commun de tous les Français.
C’est notre devoir de le sublimer. Avec la citoyenneté, le respect de la République, la langue, c’est ce qui nous rassemble. C’est notre culture. Il est important de bien la posséder pour tracer un trait d’union entre nous tous.
Le FIGARO – 11.01.07