Le pour et le contre

Ayant ainsi cerné ce que pourrait ou devrait être l’autonomie des établissements, il est possible d’en examiner les avantages et les inconvénients.

Pour.

● L’autonomie confère des droits, mais elle impose des devoirs : obtenir des résultats, progresser en permanence dans un domaine extrêmement vaste qui offre de multiples possibilités, essayer de faire mieux, sans toujours réussir dans toutes les initiatives.
Tout ceci, pour une véritable équipe autonome, est une puissante incitation à trouver des solutions locales aux problèmes locaux. Or, dans l’état actuel des choses, il y a de telles différences réelles entre établissements qui, sur le papier, sont censés fonctionner de façon identique, avec les mêmes programmes pour des élèves interchangeables, que les situations locales sont infiniment variées. Les dispositions générales, même prises par la hiérarchie avec la meilleure volonté, ont donc peu de chances de succès.
En particulier, dans le secteur dont l’état est le plus dramatique, celui des quartiers sensibles, la garantie que l’autonomie de l’établissement est réelle, et que les résultats sont objectivement établis, susciterait à coup sûr des volontariats d’enseignants expérimentés décidés à ne pas laisser perdurer l’insupportable.
● La nécessité, au sein d’une équipe autonome, de prendre en considération les pratiques des uns et des autres et de changer de pratique lorsque la situation change, éloignera progressivement les enseignants de l’auto-analyse et du dogmatisme. Ils seront mieux à même de réagir positivement lorsque la hiérarchie proposera de généraliser des pratiques ayant conduit à de bons résultats dans d’autres établissements.

Contre.

● Les chefs d’établissements seront tentés d’outrepasser leurs pouvoirs. Beaucoup n’auront pas les qualités requises, mais aggraveront les relations dans l’établissement. Ceux qui ont les qualités requises, s’ils sont ambitieux pour leur établissement, auront tendance à faire pression sur les enseignants, à les mettre en concurrence.
● L’accord au sein de l’équipe enseignante est un idéal ; la réalité risque d’être la constitution de clans.
● Les examens nationaux, quels qu’ils soient, ne prendront jamais en compte les caractères réels des établissements, tant positifs que négatifs. L’appréciation de la réussite relative en sera faussée.
● L’autonomie accroîtra fortement la concurrence entre établissements, au détriment peut-être des élèves les plus faibles.

Conclusion.

Lire-Ecrire considère toujours l’autonomie des établissements comme hautement souhaitable. Mais la décréter et la mettre en oeuvre par une mesure générale serait une garantie d’échec.
● L’autonomie devrait être conférée d’abord à des chefs d’établissements volontaires, bénéficiant de l’accord d’une large majorité des enseignants. Les délégations pourraient être attribuées progressivement, et au début par voie de dérogation.
● Il est certain que tous les chefs d’établissement en place n’ont pas été choisis sur leur aptitude à l’autonomie, et qu’il faudrait  prendre en compte de nouvelles nominations de candidats volontaires pour le changement. Il faudrait aussi laisser le temps nécessaire pour constituer de véritables équipes enseignantes.
● Le principe de subsidiarité générerait à terme d’importantes économies dans la superstructure de l’Education nationale. Mais, pendant une période transitoire, il faudra investir dans une nouvelle organisation et dans d’importants changements de comportement des responsables hiérarchiques. Deux organisations et deux modalités de fonctionnement subsisteront tant que coexisteront des établissements traditionnels et des établissements autonomes.
● Pour mémoire : des dispositions réglementaires et peut-être législatives devraient être  prises.

Lire la suite

(Visited 3 times, 1 visits today)

Pour rester informé, je m'abonne à la lettre

Pin It on Pinterest