Le Ministre persiste et signe
Gilles de Robien ne s’est pas laissé intimider par les réactions suscitées par sa volonté de mettre un terme aux méthodes globales et assimilées . Preuve qu’il n’a pas abordé cette question à la légère. Voici une brève trouvée sur VousNousIls.fr qui fait le point de la situation.
Robien affirme qu’il a toujours dénoncé les méthodes globales et assimilées
"Je n’ai jamais dit méthode globale seule mais méthode globale et assimilée, on a évolué avec des méthodes mixtes et semi-globales", a-t-il assuré lors d’un point presse à l’issue d’une visite au lycée technique Margueritte à Verdun.
"Je vais passer de la parole aux actes en envoyant cette semaine une circulaire à tous les inspecteurs et enseignants", a-t-il ajouté.
En réponse aux réactions des syndicats d’enseignants affirmant que la "méthode globale est abandonnée depuis belle lurette", il a rappelé qu’un rapport de janvier 2005, rédigé par le docteur en médecine Ghislaine Wettstein-Badour , sur la méthode globale, indiquait que "les textes officiels et les réalités quotidiennes montrent que rien ne change".
M. de Robien doit rencontrer mardi le président de de l’association des maires de France, Jacques Pelissard, pour lui "demander de ne plus acheter de manuels utilisant les méthodes globales et semi-globales", a précisé son entourage.
En charge des écoles, les municipalités décident et financent les manuels de primaire.
Mercredi, il doit rencontrer les éditeurs de manuels scolaires sur cette même question.
Gilles de Robien a donné des précisions pour désamorcer la polémique (site du Ministère)
On a cru à une certaine époque que tout cela était derrière nous, parfaitement acquis pour l’éternité ! Eh bien non ! Il faut se rendre à l’évidence. Aujourd’hui 15% au moins des élèves de 6 ème ne savent pas bien lire ; ils sont 30 à 40% en ZEP !
Les causes, sûrement, sont multiples, mais je suis arrivé à la conviction que les méthodes d’apprentissage, et non pas les enseignants, sont pour une part à l’origine de ces difficultés.
A ce propos, je veux vous dire une chose simple : certains voient dans ce sujet un objet de polémique, un objet de querelles idéologiques ; j’y vois un sujet totalement apolitique, qui doit unir tous ceux qui veulent la réussite des élèves.
Je vous dirai donc immédiatement ce qu’il en est, puisque vous l’attendez :
La méthode globale a été abandonnée en théorie par les nouveaux programmes.
Mais dans la pratique, même si la méthode globale pure a disparu depuis longtemps, il reste des méthodes « à départ global ». Ces méthodes font commencer l’apprentissage de la lecture par une approche globale pendant plusieurs semaines, pour n’en venir qu’ensuite à la découverte des syllabes.
Les neurosciences permettent aujourd’hui de dire que cette approche est mauvaise.
Je pense en particulier aux travaux de Jonathan GRAINGER, directeur du laboratoire de psychologie cognitive, du CNRS et de l’université d’Aix-Marseille 1, ou bien à ceux de Liliane SPRENGER CHAROLLES, directrice de recherches au laboratoire d’études sur l’acquisition et la pathologie du langage chez l’enfant, de l’université Paris 5.
La méthode « à départ global » rend beaucoup plus difficile l’acquisition du code alphabétique. Certes, elle donne l’illusion de savoir lire très tôt puisque l’enfant sait reconnaître immédiatement une petite collection de mots.
Mais rapidement la mémoire est saturée. Et la lecture se transforme en un exercice de devinettes ! Voyez le film « Etre et avoir », et l’enfant qui voit le mot « ami » et prononce le mot « copain » !
J’ajoute que les méthodes à départ global ont aussi des conséquences sur les compétences en expression écrite.
Un bon départ en lecture et en écriture, comme les chercheurs d’aujourd’hui le préconisent, cela consiste à partir du son et de l’écriture du son, pour aller vers la lecture et l’écriture de la syllabe, puis du mot, puis du texte.
Or, les concepteurs de manuels et les formateurs n’ont pas vraiment pris acte du changement introduit par les nouveaux programmes ; les manuels restent pour une bonne part inspirés par le départ global, et l’on peut dire qu’une certaine confusion règne.
Les étudiants d’IUFM et les jeunes professeurs en particulier expriment une très forte demande de repères pour l’apprentissage de la lecture ! Ils voudraient y voir un peu plus clair, parce qu’il s’agit d’un de nos biens les plus précieux : notre langue.
Je veux donc établir une bonne fois, de manière parfaitement explicite, ce qui est recommandé comme cheminement méthodique pour apprendre à lire aux enfants. Et tout mettre en œuvre pour que l’application suive . Toute méthode d’apprentissage qui s’apparente, de près ou de loin, à la méthode globale ou semi-globale doit être abandonnée.
Je ne suis pas un passéiste qui veut des coups de règles sur les doigts et des séances entière de récitations de syllabes ! Je veux simplement que l’on utilise les méthodes les plus efficaces, et que l’on s’assure de l’acquisition de la lecture avant le CE2.
C’est pourquoi une évaluation de la lecture et de l’écriture sera mise en œuvre dès le CE1. Elle permettra la mise en place rapide des programmes personnalisés de réussite éducative pour tous les élèves repérés en difficulté.
Je signale, pour en terminer sur ce point, que mon homologue britannique, Mme Ruth KELLY, travailliste, a pris il y a dix jours exactement la même décision que moi sur la méthode de lecture ! Nous l’avons fait sans concertation !