La vérité sur les nouvelles évaluations CM2 – suite 3
Désinformation et sabotage
Par suite d’une "fuite", les épreuves ont été connues longtemps à l’avance, et les critiques n’ont pas manqué. Des syndicats d’enseignants, secondés par des associations de parents d’élèves, ont fait le maximum pour dénigrer les nouvelles évaluations. Le dénigrement est facile lorsqu’on s’adresse à des parents qui ignorent tout de la question, et qui par ailleurs ne reçoivent aucune contre-information de la part du Ministère. Vis-à-vis des enseignants, le dénigrement est devenu une incitation au sabotage.
Les principaux reproches faits aux nouvelles évaluations
Nous en retiendrons trois :
• Les nouvelles évaluations marquent une régression par rapport aux précédentes (les évaluations "diagnostiques") qui avaient pour but de faciliter la réussite de tous les élèves par l’analyse des difficultés qu’ils rencontraient. Elles comportent un risque de "mise en échec artificielle".
La publication des résultats découragera certains élèves, ira dans le sens d’une concurrence entre les écoles, alimentera le dénigrement de l’Education Nationale et en dénaturera les résultats.
• La notation par 0 ou 1, réussite ou échec; est injuste ; elle met sur le même plan l’élève qui a 7 bonnes réponses sur 8 et celui qui n’en a aucune ; elle interdit à l’enseignant d’apprécier, au-delà du résultat couperet, le degré d’encouragement nécessaire à l’élève.
Inversement, certaines consignes de notation sont imprécises et présentent un risque d’arbitraire.
• Les épreuves portent sur le programme de CM2, alors qu’en janvier, toutes les notions du programme n’ont pas été étudiées.
Les nouvelles évaluations sont ringardes
De même que les nouvelles évaluations sont dans la ligne des mesures prises depuis plusieurs années pour la refondation de l’école, cette critique prolonge l’énorme opération de désinformation entreprise depuis 6 ans par les partisans du statu quo. Comme l’a dit Jack Lang, les programmes 2002 marquent le point culminant du bon et du beau, et tout ce qui a été fait depuis suit une pente descendante.
Ce discours peut être accueilli par les enseignants convaincus que la socialisation de l’élève et le développement de son "autonomie" sont plus importants que la transmission du savoir, comme par ceux qui, moins férus de doctrine, ne nourrissent pas d’illusions sur le savoir réel de leurs élèves, et redoutent les résultats des nouvelles évaluations.
Ce discours peut aussi influencer les parents qui n’auraient rien contre la transmission du savoir, s’ils avaient conscience de son importance, mais qui conservent une franche aversion à l’égard de tout ce qui ressemble à un examen.
La notation par 0 ou 1, injuste et arbitraire, va contre l’intérêt réel des élèves
Cet argument est d’autant plus probant que l’on ignore totalement la nature des items notés, ou que l’on s’en tient à quelques cas sur les 60 items de français et les 40 de mathématiques.
On peut à cet égard distinguer quatre types de notation :
• La réponse possible est unique et sans ambiguïté : l’élève et le correcteur n’ont aucune latitude, et il est normal de noter par 0 ou 1.
Cela concerne 7 points sur 60 en français et 15 sur 40 en maths.
• La réponse demandée est multiple (plusieurs sous-réponses) et sans ambiguïté. La note 1 est attribuée si toutes les sous-réponses sont justes.
Cela représente 23 points sur 60 en français et 14 points sur 40 en maths.
En français, il s’agit dans presque tous les cas de questions très simples, d’un niveau nettement inférieur à celui de CM2.
• La consigne de notation laisse à l’élève une latitude de choix (on ne demande pas toutes les réponses possibles) ou une tolérance d’erreur, et par conséquent la note 1 peut être obtenue malgré des connaissances fragiles ou lacunaires
Cela représente 14 points en français et 3 en mathématiques
• La notation laisse au correcteur une latitude d’appréciation. Cela découle parfois de la nature de la question, comme par exemple en français item 13, exercice 2 (1 point si "le texte présente une bonne correction syntaxique : les phrases sont identifiables, correctement construites…").
Dans d’autres cas, cela résulte de l’imprécision de la consigne de notation : voir par exemple en maths l’emploi du mot "démarche" (item 76, exercice 9 "la division est correctement posée, ou une autre démarche recevable a été mise en œuvre", ou encore item 100 exercice 19 : "la démarche semble correcte…")
Ce cas représente 16 points en français sur 60 et 8 points sur 40 en maths
Si un correcteur de bonne foi peut dans certains cas hésiter entre 0 ou 1, cette approximation se compense probablement dans les 16 points de français et les 8 points de maths. L’incidence sur les notes totales est certainement faible.
La critique de la notation 0-1 apparaît donc comme excessive.
Des questions peuvent être relatives à des points du programme de CM2 non encore abordés au mois de janvier.
Cette critique, valable dans l’absolu, doit être relativisée.
Les notes du niveau CM2 représentent un tiers en nombre de points en français, un sixième en maths ; par ailleurs les questions du niveau CM2 sont souvent très simples
On peut se demander dans quelle mesure les nombreux élèves qui sont en retard de plus d’un an par rapport aux programmes officiels de CM2 auraient été capables de répondre à ces questions au mois de juin. Cette critique ne concerne donc vraisemblablement qu’une minorité d’élèves.
Nous reviendrons plus loin sur ce sujet.