La vérité sur les nouvelles évaluations CM2 – suite 2
Observations complémentaires.
Lecture. Il est étonnant de voir un ensemble d’épreuves de lecture qui ne comporte pas de lecture à haute voix.
Le programme CE2 spécifie "Lire à haute voix avec fluidité et de manière expressive un extrait de texte, après préparation"
Cet exercice est certainement justifié pour les élèves de CM2 les plus faibles, et la difficulté de principe de respecter l’égalité "nationale" dans la notation d’un tel exercice ne justifie pas son absence.
Rédaction. En Français, divers exercices comportent, semble-t-il à première vue, la rédaction d’une ou plusieurs phrases.
Mais l’attribution des points d’après les consignes de notation autorise souvent des réponses non rédigées, sans phrase correctement construite.
En mathématiques, la résolution d’un problème devrait passer obligatoirement par un raisonnement entièrement rédigé en français correct, et exclure la présentation d’un simple résultat chiffré.
Cette exigence fondamentale n’est pas respectée dans les exercices.
Il faut dire qu’elle ne l’est pas non plus dans les nouveaux programmes 2008.
Nous approuvons que le livret de l’enseignant interdise la calculatrice, alors que son usage figure malheureusement au programme 2008.
Nos conclusions sur le niveau des épreuves
Il nous a paru nécessaire, pour que chacun sache de quoi il est question, de comparer les exercices aux programmes 2008.
La comparaison fait apparaître un niveau d’exigence faible par rapport au programme de CM2.
Ce n’est pas un reproche. En effet, le niveau général des élèves actuellement en CM2 est à coup sûr très inférieur à celui des nouveaux programmes 2008. C’est évidement le cas des élèves, certainement très nombreux, et sans doute majoritaires, qui ont été soumis entre le CP et le CM1 aux programmes 2002.
C’est évidemment le cas des centaines de milliers d’entre eux qui arriveront en 6ème à la rentrée 2009 sans maîtriser la lecture, l’écriture, les bases du calcul.
Nous pensons que les nouvelles évaluations apporteront des informations indispensables sur le niveau des élèves moyennement ou faiblement instruits. Elles seront par contre peu précises pour les élèves les plus instruits, ceux qui ont eu la chance, soit d’un enseignement primaire fondé sur la transmission du savoir, soit d’une instruction par leurs parents.
Si, comme nous l’espérons, ces évaluations sont répétées chaque année à l’avenir, elles permettront de vérifier les progrès tant espérés des élèves de niveau faible et moyen ; par contre, telles quelles, elles ne suffiront pas à montrer la progression des élèves les mieux instruits vers le meilleur niveau mondial, qui devrait être l’un des objectifs de l’Education Nationale.
Telles que sont ces évaluations, nous pouvons risquer un pronostic sur ce que devraient être les résultats nationaux :
– un grand nombre d’élèves, peut-être 50 %, devraient obtenir moins de 20 points sur 60 en français et 14 points sur 40 en maths
– un faible nombre d’élèves devraient obtenir plus de 39 sur 60 en français et 26 sur 40 en maths.
Ce ne sera peut-être pas le cas, du fait des conditions dans lesquelles se sont découlées ces premières évaluations, circonstances sur lesquelles nous allons revenir.
NOTE. Quelques résultats significatifs.
• Dans des écoles vouées depuis plusieurs années à la transmission du savoir, 95 % des élèves obtiennent plus de 13 sur 20 (plus de 40 sur 60 en français, et 27 sur 40 en maths).
Ce résultat découle en partie du niveau modeste des nouvelles évaluations.
• Dans des écoles où, depuis le CP, les élèves ont subi des alternances de transmission du savoir et de constructivisme, 10 % des élèves ont moins de 10 sur 20, 20 à 40 % des élèves obtiennent entre 10 et 13 sur 20.
• Dans des écoles principalement constructivistes, mais non situées en zones difficiles, jusqu’à 60 % des élèves peuvent avoir moins de 10 sur 20.