La science des ânes ?

L’effondrement de l’orthographe, plaisamment appelée « science des ânes », a été mis en évidence. Lors de la dictée de brevet organisée par le collectif Sauver les lettres en classe de seconde[1],28% des copies obtenaient 0/20 en 2000. Elles étaient 56% en 2004.
 
L’enseignement moderne, prétendument de la compréhension, culminerait-il à un degré d’intelligence tel que cette science subalterne en serait devenue impossible ? L’orthographe serait-elle donc indigne des horizons radieux de la pédagogie du progrès obligatoire ?
 
Ou bien cette incapacité, et sa subite aggravation, vient-elle de la décomposition accélérée de l’enseignement de la langue, dont l’orthographe déficiente serait le symptôme ?
 
Quand les formations supérieures en sont à mettre en place des cours de rattrapage de niveau CE1,on peut subodorer que les causes de cette dégénérescence se situent à l’école primaire.
 
Cet exposé présentera l’enseignement mené par un débutant en CE2 et ses résultats, soit 290 dictées de 12 élèves, en opposition avec les programmes actuels et les pratiques qui s’y conforment. Ceux-ci se caractérisent en effet par la négligence des éléments, l’absence de progressivité, l’évacuation des définitions et des règles qui ont peu à peu vidé la langue de sa rationalité et ont abouti à ériger l’incorrection et la confusion en normes.
 
1) Dès la maternelle puis au CP, le principe alphabétique est plus ou moins longuement occulté,selon la « voie directe » imposée par les programmes. En découplant la lecture et l’écriture, la correspondance orthographique fondamentale entre graphie et phonie est, jusqu’au CE1, méthodiquement altérée : des collections de cas particuliers ou d’exceptions se substituent aux règles générales.
 
2) Handicapée par ces insuffisances initiales et faute d’attention spécifique, l’orthographe d’usage n’est plus enseignée.
 
3) La grammaire et l’orthographe grammaticale ne sont pas mieux loties. Les leçons ne subsistent qu’en dérogeant aux programmes qui les congédient explicitement. Réduites à un horaire famélique et noyées dans le flou des trois ans du cycle 3, les incertaines séances d’ORL sont en outre assujetties, hors de toute progressivité, aux besoins ponctuels de « productions d’écrits », hégémoniques et prématurées, ce qui entrave la compréhension de la langue comme système.
 
4) Enfin, la pratique et l’entraînement (exercices systématiques, dictées, exercices gradués de rédaction) sont ignorés voire proscrits par les programmes.
 
Sur chacun de ces points sera donc développée et opposée une démarche fondée sur la maîtrise progressive des éléments, jugée propre à instruire de cette connaissance intime de la langue, dont la correction orthographique est le signe. 

 
Bordeaux,le 28 janvier 2007.
Julien Lachièze

[1] http://www.sauv.net/fx050131.php

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