Jean-Pierre PICANDET nous a transmis le compte-rendu de la réunion de rentrée (13.9.07) de sa classe de CP qui fait partie du réseau expérimental SLECC. Ce compte-rendu, dont nous reproduisons de larges extraits, a été diffusé aux parents.
Ce document est un exemple de ce qui peut se faire. Ce n’est pas un modèle : dans le réseau SLECC, chaque maître adapte librement les principes communs.
Quelle est la méthode de lecture utilisée ?
Notre méthode est résolument alphabétique ; elle va du simple au complexe. lettres-> syllabes -> mots ->phrases -> textes
Nous utilisons deux supports.
– La méthode de lecture Delile
– La méthode de lecture/écriture Cuissart (1er livret)
Comment doivent l’utiliser les parents le soir ?
Nous appliquons scrupuleusement les quelques conseils donnés en début de ces deux
manuels et nous demandons aux parents de procéder de même, le soir. Pour former de bons lecteurs il faut prendre son temps. Les premières leçons sont donc étudiées très lentement et, tout au long de l’année, nous ferons de fréquents retours en arrière.
Chaque jour de classe nous faisons faire à chaque élève une lecture intégrale de la page (ou demie page) de la veille, toujours à voix haute. Cette activité se déroule en deux à trois fois 1/2 heure.
Comment les différences individuelles sont-elles prises en compte ?
À partir de la Toussaint, nous distinguons généralement 3 types de comportements d’élèves face à la lecture. Ce qui, pendant quelques mois, nous amène à considérer 3 groupes de lecture afin de tenir compte des variations individuelles dans le rythme d’apprentissage de nos élèves. La progression d’une classe à Néris-les-Bains correspond, en gros, à une distribution normale, de type « courbe en cloche ».
groupe 3 : progression lente ou difficile (1 à 5 élèves qui peinent à déchiffrer)
groupe 2 : progression classique (la majorité des écoliers de la classe)
groupe 1 : progression rapide (1 à 5 élèves qui franchissent rapidement le palier de la lecture courante)
Le groupe 3 bénéficie d’un soutien renforcé d’une demi-heure, chaque matin, grâce à la présence active de notre Assistante de vie scolaire.
Le groupe 1, quant à lui, démarre assez tôt la découverte d’un ouvrage de lecture courante.
Dans l’apprentissage de la lecture, les cloisons ne sont pas étanches : les élèves circulent d’un groupe à l’autre. À moins d’une difficulté persistante chez un ou plusieurs élèves, le groupe 3 est appelé à disparaître vers les congés de printemps.
Autant qu’il est possible nous proportionnons le travail à la capacité individuelle d’apprentissage des élèves ; de sorte à ne pas surcharger ni freiner les écoliers dans leur développement intellectuel. Au 1er trimestre, nous renforçons Delile (qui n’a pas été élaborée comme une méthode de lecture/écriture) avec le 1er livret de la méthode d’Eugène Cuissart. Cet ouvrage présente explicitement un « enseignement pratique et simultané de la lecture, de l’orthographe et du dessin. » L’exposé de la méthode est constamment rappelé et détaillé au fil des 39 leçons sur l’étude des letttres et de leurs combinaisons simples.
Au retour des vacances de Toussaint, les lectures à lire à la maison sont assorties de dictées préparées (étudiées et déjà copiées en classe). Ces dictées (toujours tirées de la leçon en cours) sont graduées pour aller du très facile au plus difficile.
L’apprentissage de l’écriture/orthographe est simultané avec celui de la lecture. Chaque jour un dessin avec les fiches « Dessinetto » qui proposent de petits dessins en 4 étapes.
Il faut aussi apprendre à faire des croquis, à représenter en quelques traits ce que l’on observe. Plus tard dans l’année nous travaillerons un peu sur la perspective, nous apprendrons à dessiner des cubes à main levée, …
Pour la calligraphie, nous utilisons les cahier « Grosgurin » édités chez Magnard.
2 cahiers de CP (réglure double ligne). Les tracés sont exécutés au crayon de bois à mine tendre (2B) pour pouvoir gommer facilement puis au stylo à bille dès qu’une bonne maîtrise est atteinte. Nous nous attardons longuement sur la tenue du crayon et la posture des apprentis scribes sur leur chaise.
Au cours des premières semaines nous exécutons nous-même les lignes des élèves les moins habiles, de sorte qu’ils n’aient plus qu’à repasser. Nous sommes extrêmement attentifs aux tracés, Nous exigeons dans cette activité de la précision dans le geste et de la concentration. C’est notre premier quart d’heure du matin.
Nous attachons une importance particulière au coloriage qui habitue les élèves à la minutie et la précision.
Grammaire
La grammaire est le mode d’emploi de notre langue. Pour être compris, mieux vaut apprendre très tôt à s’exprimer avec précision et clarté. Chaque jour donc, après la dictée (préparée), une phrase écrite au tableau noir, donne lieu à un travail d’analyse de la nature des mots. On cherche le verbe toujours représenté par un rectangle, et on lui pose des questions.
Ex. : Le tigre dévore la pauvre gazelle.
– qui est-ce qui dévore la gazelle ? c’est le tigre (les noms sont représentés par un hexagone, l’article par un rond dans l’hexagone).
– le tigre dévore quoi ? la gazelle (encore un nom)
le mot « pauvre » qualifie la gazelle : c’est un adjectif qualificatif (représenté par un carré relié au nom)
Progressivement, quand les noms sont bien reconnus nous introduisons l’idée du genre (singulier ou pluriel) et du nombre (masculin ou féminin). Dans les premiers mois cet exercice se fait au tableau noir et collectivement. Dès que les enfants savent écrire ils copient la phrase ainsi que le travail d’analyse sur leur cahier du jour.
Vers Noël tous les enfants identifient la nature des mots : les noms, adjectifs, verbes et parfois adverbes, dans des phrases simples à une seule proposition. Nous embrayons alors en douceur sur quelques fonctions (sujet du verbe, complément d’objet, éventuellement quelques compléments circonstanciels). Nous établissons un parallèle entre les mots et les enfants. Ils sont garçon ou fille, c’est leur nature ; ils sont tour à tour enfant, élève, client, patient, ami, … c’est leur fonction dans la société. La nature est immuable, la fonction se compose au gré des associations et des rencontres. Il en est de même pour les mots. À l’oral nous suivons très exactement le PREMIER LIVRE DE GRAMMAIRE FRANCAISE. Grammont & Hamon. Hachette, semaine après semaine, du début de l’année à la fin.
Nous apprenons par cœur les temps simples de conjugaison au mode indicatif des auxiliaires et des verbes réguliers. Nous les récitons chaque jour, en chœur ou individuellement. Ex. : j’ai A-I ; tu as A-S, … Nous utilisons beaucoup l’ardoise pour contrôler que les connaissances progressent. Comme celui des tables de calcul l’apprentissage des conjugaisons est un travail de longue haleine où la répétition est essentielle.
Il ne faut pas être trop exigeant au CP. Il ne faut surtout pas considérer que les acquis sont définitifs… Un enfant de 6/7 ans apprend très vite… il « désapprend » tout aussi vite.
Vocabulaire
Le vocabulaire est enseigné par imprégnation au cours de lectures à voix haute que le maître et la maîtresse font presque quotidiennement de textes classiques ou de lectures pratiques et édifiantes. Cette année nous lirons L’Odyssée (de la rentrée à la Toussaint), Le Feuilleton d’Hermès (de la Toussaint à Pâques), Le Tour du Monde par deux enfants (3è trimestre).
Les mots nouveaux sont toujours expliqués, souvent répétés collectivement et réutilisés à bon escient par nous-même, si possible plusieurs fois dans la semaine. Souvent, nous donnons une explication sur l’étymologie en insistant beaucoup sur les apports gréco-latins. En fin d’année, les élèves connaîtront une dizaine d’étymons qui leur permettront de jouer avec les mots.
Nous les entraînons régulièrement à fabriquer des mots dérivés (radical + suffixe) et des mots composés (préfixe + radical).
Calcul
Fichier « Pour comprendre les maths », 4 pages/semaine
Arithmétique : Nous suivons à la lettre la progression et les exercices du « Premier livre d’arithmétique, Lemoine – Cours préparatoire » :
1) les leçons sont très courtes, très nombreuses et donc très progressives
2) elles sont accompagnées d’un grand nombre d’exercices d’application, à l’oral comme à l’écrit
3) les quatre opérations sont amenées simultanément.
Chaque élève dispose d’un boulier et nous possédons une balance de Roberval pour la classe. Des séries de cubes emboîtables complètent notre équipement avec un jeu de cartes pour chacune des 4 opérations. Notre enseignement repose sur la manipulation régulière, la stimulation du sens de l’observation, la pratique quotidienne du calcul mental et l’appel au bon sens pratique qui permet le passage du concret à l’abstrait.
Comme pour la lecture et l’écriture nous faisons très souvent des retours en arrière.
Histoire et Géographie
Nous utilisons le livre de Claude AUGÉ – HISTOIRE DE FRANCE EN IMAGES, à l’usage des tout petits.
L’histoire de France est étudiée au cours des deux premiers trimestres.
En démarrant chaque leçon d’histoire nous prenons une minute pour tracer au tableau noir une « ligne du temps » d’environ deux mètres, sur laquelle nous invitons un élève à venir placer aux extrémités l’an 2000 (naissance des enfants) et l’an 0 (naissance de Jésus), puis l’an 1000 (à mi chemin entre l’an 0 et l’an 2000 = le moyen âge), enfin l’an 500 (à mi chemin entre l’an 0 et l’an 1000), et l’an 1500 (à mi chemin entre l’an 1000 et l’an 2000).
Ces repères transforment les distances temporelles abstraites (que peut bien représenter un siècle pour un enfant qui n’a vécu que 6 ans ?) en distances spatiales concrètes.
Parfois on place aussi les repères de naissance des parents (à environ 3 cm à la gauche de 2000) et ceux des grands parents (encore 3 cm plus à gauche). Cela permet de relativiser la notion de temps et de donner plus de « profondeur » aux événements étudiés.
GEOGRAPHIE
Au 3è trimestre seulement. Le jour et la nuit, le chaud et le froid, les saisons, les points cardinaux, la carte de France, le cycle de l’eau, le plan de la classe et celui de l’école.
Récitation
Nous la sollicitons sans relâche par la récitation régulière à l’endroit et à l’envers de l’alphabet latin, des 7 jours de la semaine, des 12 mois de l’année, des 4 saisons, des 8 planètes du système solaire, des 7 notes de la gamme musicale, des 5 doigts de la main, des 4 départements de la région Auvergne et leur préfecture, des 4 points cardinaux, 27 pays membres de l’Union Européenne. Nous retiendrons également le nom des principaux os de notre squelette. Les enfants devront aussi apprendre à décliner leur date de naissance, leur adresse, les numéros d’urgence, la correspondance 1heure/13heures, 2 heures/14 heures, …
Le calcul mental ainsi que le travail de mémorisation des premières conjugaisons constituent aussi une gymnastique cérébrale très formatrice.
À titre d’exemple, voici les 15 poésies récitées en 2006/2007. Nous les apprenons systématiquement en classe de sorte que les parents n’aient qu’à les faire répéter le soir.
– Je suis grand
– La cigale et la fourmi (J. de La Fontaine)
– La fourmi (R. Desnos)
– Odelette (H. de Régnier)
– L’automne (V. Hugo)
– Paysage d’octobre (M. Rollinat)
– La neige (A. de Vigny)
– La grenouille et le bœuf (J. de la Fontaine)
– Carré (Archimède)
– Les elfes (Leconte de Lisle
– Araignée (Madeleine Ley)
– Premier sourire du printemps (Théophile Gautier)
– La guenon, le singe et la noix (Florian)
– L’araignée et le ver à soie (Le Bailly)
– Le matin (A. de Lamartine)
– Voyelles (Arthur Rimbaud)
Sciences
Nous n’utiliserons pas de manuels pour les cours de sciences mais nous nous appuierons sur le déroulement des saisons dans l’année pour faire observer, par exemple, quelques arbres à l’automne, la germination des plantes au printemps etc…Nous aborderons également d’autres thèmes au cours de l’année comme l’existence de l’air, les états de l’eau, les ombres, les aimants, l’équilibre, les dents. Nous donnerons également aux enfants une idée de la classification des animaux et végétaux.
Ambiance de la classe
Les élèves nous tutoient et nous appellent « maître » et « maîtresse ». C’est l’habitude dans l’école. Au cours de l’année nous leur expliquerons que le maître ou la maîtresse d’école est le magister, celui qui sait et va leur transmettre une partie de ses « secrets » afin que petit à petit ils parviennent à se débrouiller seuls dans la vie. Tandis que nous leur lisons les aventures d’Ulysse, nous ne manquons jamais de comparer notre classe à un équipage, cinglant vers d’innombrables îles de la connaissance. Comme Ulysse et ses compagnons nous allons rencontrer des obstacles mais dans notre périple au pays de la connaissance personne ne restera en arrière ; toutes les difficultés sont surmontables et nous sommes là pour aider les élèves en difficulté passagère.
Nous tenons absolument à ce que les enfants respectent le silence dès l’entrée en classe, condition nécessaire pour maintenir l’attention que requièrent les apprentissages. Pour cela nous limitons au maximum les occasions de faire du bruit !
1) nous demandons aux parents (en début d’année) de veiller au sommeil de leur enfant : un enfant chroniquement fatigué fera un écolier excité, pénible pour lui-même et contagieux pour la classe. Nous leur conseillons aussi d’éviter l’exposition prolongée aux écrans (télé, ordinateurs, et autres consoles de jeu) qui privent les enfants du contact salutaire avec la réalité.
2) Chaque élève se voit remettre son matériel en début d’année (4 stylos, gomme, ciseaux, colle, crayon à mine 2B). Ce matériel est placé dans une boîte posée en permanence sur le pupitre, il est régulièrement contrôlé et devra toujours rester en classe. Pas d’échange de matériel entre élèves. C’est nous qui taillons les crayons lorsque c’est nécessaire.
3) Pas de réglement de classe élaboré par les élèves. La discipline est ici l’affaire des adultes.
4) jamais de temps mort, les activités se succèdent à un rythme soutenu (pas plus d’1/4 d’heure sur un ouvrage sauf pendant la lecture collective) et il n’y a guère de place pour l’ennui ou le bavardage grâce à la variété et l’alternance des tâches que nous proposons.
5) nous essayons de faire en sorte que les élèves aient plaisir à apprendre et soient fiers de montrer leurs progrès à leur entourage.
6) nous récompensons le bon travail, la bonne tenue en distribuant généreusement des bons points ; mais aussi nous sanctionnons en reprennant ces précieux bons points !
7) Les élèves se lèvent lorsque quelqu’un (adulte ou enfant) entre dans notre classe. Ils doivent encore formuler leurs questions dans un français correct « Puis-je aller aux toilettes ? » au lieu de « est-ce que j’peux aller …«
CORRECTION DES CAHIERS
Autant que possible nous corrigeons les cahiers et fichiers » à chaud » pendant la classe, pour 3 raisons principales.
1) en circulant inlassablement dans les rangs nous détectons et rectifions « sur le champ » les mauvaises tenue du crayon, les boucles mal calibrées, les calculs erronés, … Lorsque l’exercice est achevé nous le gratifions d’une mention dans la marge du cahier (tb – b – ab – passable) ;
2) La correction en classe nous permet de remettre chaque soir les cahiers aux élèves. Les parents ou tuteurs peuvent ainsi suivre au jour le jour l’avancement des progrès de leur enfant
3) Un élève du CP écrit peu, nous exigeons donc une écriture parfaite et une tenue irréprochable du cahier. Si le travail est mal fait nous nous en apercevons tout de suite, nous gommons, et le fautif est prié de refaire immédiatement la partie défectueuse de son ouvrage. Nous n’entamons jamais un exercice avant d’avoir corrigé le précédent. Cette correction « au fil de l’eau » a assurément un rôle positif et formateur sur l’élève puisqu’elle est réalisée en sa présence.
Nous savons gré aux parents de nous laisser faire notre travail dans un climat de confiance. Nous les rencontrons une fois collectivement en début d’année scolaire. Nous sommes ensuite à leur disposition pour toute rencontre individuelle.
CAHIER DE TEXTE
nous y notons les devoirs et nous y collons les vignettes d’informations générales. À partir de la Toussaint, les élèves les inscrivent eux-mêmes sur leur cahier.
Les parents peuvent y laisser leurs messages qui nous sont destinés (demande de rendez-vous, etc).
BLOC-NOTES INTERNET
Ce cahier de texte en ligne permet aux enseignants, aux élèves, aux parents et grands-parents, de connaître en temps réel l’avancement du programme dans la classe de CP, à l’école élémentaire de Néris-les-Bains.
– Il met à disposition (en particulier pour les élèves absents) le programme quotidien du cours.
– Le titre des leçons ainsi que le travail du soir sont quotidiennement publiés (au plus tard en fin de journée) avec un archivage mensuel.
– Il est un support de publication pour toutes les notes des enseignants à destination des familles.
DEVOIRS A LA MAISON
Pour le jour suivant, une page de lecture, une dictée préparée (tirée de cette lecture), un exercice de calcul mental. Invariablement du début à la fin de l’année. Pour la semaine suivante, une récitation.
IMPORTANT : au CP il ne faut pas dépasser 1/4 d’heure à 20 minutes au maximum, pour le travail en famille, le soir.