La liberté pédagogique

Nous avons à plusieurs reprises exprimé notre position à ce sujet.
•  Aucune liberté ne peut être sans limite : toute liberté a des contreparties ; la liberté est un droit, qui a pour contrepartie des devoirs.
De même que les médecins ont la liberté de prescription, qui ne les autorise pas à adopter des pratiques dangereuses pour leurs participants ("d’abord ne pas nuire"), la liberté pédagogique n’est pas la liberté de faire n’importe quoi, et d’adopter des pratiques nocives pour les élèves, ou pour certains d’entre eux.
Or, parmi les pédagogies inefficaces découlant du constructivisme, l’une  a largement prouvé sa nocivité : c’et l’apprentissage de la lecture par le départ global, qui cause des dégâts persistants dans l’esprit d’un certain nombre d’enfants.
Nous affirmons avec force que l’interdiction des méthodes dites mixtes, associant tant bien que mal global et alphabétique, ne contredirait en rien le principe de la liberté pédagogique.
L’adoption de la méthode alphabétique laisse une large place à la liberté pédagogique des maîtres dans le choix des progressions détaillées, dans l’adaptation de leur pratique à la composition de leur classe, dans la façon de traiter les inévitables difficultés rencontrées par certains.

Nous n’approuvons pas la doctrine officielle,

selon laquelle la seule contrepartie de la liberté pédagogique est l’exigence de résultats, c’est-à-dire l’acquisition par les élèves des savoirs définis par les programmes.
Nous sommes d’accord sur l’obligation de résultat qui devrait être imposée à l’Education Nationale, à condition que les résultats soient contrôlés par une autorité indépendante.
Nous avons déjà exposé sur ce site la problématique de l’obligation de résultat :
 – les résultats d’un enseignant ne sont pas les savoirs acquis en fin d’année scolaire, mais la différence entre les savoirs des élèves en début et en fin d’année , d’où la nécessité de contrôles annuels.
 – les programmes ne sont pas les objectifs : ils énumèrent ce que le professeur doit enseigner, et non ce que les élèves doivent apprendre, qui a un caractère statistique : tous les élèves n’acquièrent pas les mêmes savoirs, et aucun n’acquiert tous les savoirs transmis par les professeurs.
 – enfin, il faut définir avec précision les critères selon lesquels on juge de l’acquisition des savoirs.
Nous sortons d’une époque où un élève était censé savoir lire même s’il remplaçait un mot écrit par un autre qui ne l’était pas, où il était censé savoir écrire s’il donnait une approximation de la prononciation d’un mot, et de tels exemples abondent dans les consignes de correction des examens comme le baccalauréat.
Dans l’enseignement primaire, le ministère a défini des  "évaluations"  en CE1 et CM2, qui seront organisées pour la première fois en 2009. Nous donnerons notre avis lorsque leur teneur sera connue. Quelle que soit leur qualité, ils ne peuvent évidemment pas représenter une contrepartie suffisante à la liberté pédagogique des maîtres du CP au CM2.
Il faut donc comprendre que le ministère compte sur l’inspection pour apprécier les résultats. Si tel est le cas, nous estimons que les instituteurs comme les parents sont en droit de connaître les instructions précises données aux inspecteurs, et les critères retenus pour apprécier les résultats.

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