Analyse et commentaires de la note d’information
de la DEPP de l’Education Nationale de novembre 2016
Texte de la dictée.
Le soir tombait. Papa et maman, inquiets, se demandaient pourquoi leurs quatre garçons n’étaient pas rentrés. Les gamins se sont certainement perdus, dit maman. S’ils n’ont pas encore retrouvé leur chemin, nous les verrons arriver très fatigués à la maison. Pourquoi ne pas téléphoner à Martine ? Elle les a peut-être vus.
Aussitôt dit, aussitôt fait !
A ce moment, le chien se met à aboyer.
Cette dictée compte 67 mots, dont les élisions n’ et s’.
Certains mots y figurent plusieurs fois, ce qui ramène le total à 55 mots différents.
• 16 mots appartiennent à des verbes. En dehors des verbes être et avoir, des participes et infinitif, 6 verbes conjugués sont au présent, à l’imparfait, au passé simple.
• Sur les 51 autres mots, 32 sont monosyllabiques ; les pluriels sont en –s.
Ce n’est donc pas une dictée difficile, si l’on considère qu’un élève en fin de CM2 devrait savoir lire et écrire, connaître l’orthographe de mots courants comme : certain, téléphoner, aussitôt, moment, et connaître la conjugaison des verbes d’usage courant.
Les résultats.
Répartition des élèves selon le nombre d’erreurs
1987 2007 2015
Moins de 6 erreurs 31 % 16 % 8 %
6 à 10 erreurs 28 % 22 % 17 %
11 à 15 erreurs 16 % 18 % 16 %
16 à 25 erreurs 20 % 33 % 39 %
26 erreurs et plus 5 % 11 % 20 %
En considérant les deux extrêmes, on voit que le nombre d’élèves très performants diminue de moitié à chaque constat, tandis que le nombre d’élèves très faibles double à chaque constat, selon la remarque de la DEPP.
Comme il y a 20 ans entre les deux premiers constats et 8 ans entre les deux derniers, cela donne l’impression d’une accélération.
Mais, si l’on prend en compte les effets de la loi Jospin de 1989 (constructivisme, IUFM) qui ont dû se manifester quelques années plus tard, il est vraisemblable que l’accélération se place vers 1994.
Les erreurs.
• La note de la DEPP fournit, pour chaque mot, le taux de réussite des élèves, en %, aux trois années. Par exemple pour le mot « maman », le taux de réussite est stable à 99,4 %, le mot « vus » passe de 37 % de réussite en 1987 à 17 % en 2015.
Ces chiffres ne sont pas toujours précis.
Par exemple : en 2015
87 % de réussite pour le à de « à la maison »
84 % » » à de « à Martine »
61 % » » à de « à aboyer »
(sans doute par proximité avec » a aboyé »)
• Pour comparer les résultats sur les mots les moins bien écrits, nous fixons arbitrairement une barre à 66,6 % de réussite, soit un élève sur trois en échec – 266 000 élèves sur 800 000.
En 1987, 6 mots sont dans ce cas : inquiets, certainement, retrouvé, verrons, téléphoner, vus. En 2015, ces 6 mots ont des scores plus mauvais, et 14 autres mots s’y ajoutent.
Les principales erreurs portent sur les conjugaisons et les accords. Il semble que les fautes d’orthographe lexicale soient moins nombreuses, mais les orthographes lexicales difficiles sont rares dans cette dictée.
Quelles sont les causes ?
Laissons à ses fantasmes de saison Najat Vallaud Belkacem qui accuse les programmes 2008 de Xavier Darcos, donc le gouvernement d’alors, donc François Fillon. CQFD
La cause est simple : c’est la débâcle qui se poursuit et s’accélère. Les composantes en sont connues :
• D’abord l’abandon de la méthode alphabétique, systématique et répétitive, qui habitue les élèves, dès le départ, à considérer les lettres et leurs combinaisons, donc l’orthographe.
Très peu d’instituteurs l’enseignent comme il se doit ; certes beaucoup ont accru la part de « syllabique » dans le mixte, mais apparemment ce n’est pas suffisant.
• Ensuite, l’abandon du « par cœur », nécessaire notamment pour connaître les conjugaisons et les règles d’accord, l’abandon par beaucoup de la dictée quotidienne, etc.
La dictée, comme celle dont il est question ici, est faite pour vérifier et consolider les connaissances en orthographe lexicale et en orthographe grammaticale.
La rédaction (du verbe français rédiger) nommée maintenant « production d’écrit » est faite pour vérifier la capacité à comprendre, manier et présenter des idées, sinon personnelles, du moins choisies par les élèves, et aussi à vérifier la syntaxe.
Dans une rédaction, les seules fautes d’orthographe prises en compte devraient être le non-respect de ls combinatoire, non-respect qui rend difficile la lecture à haute voix du texte de l’élève.
Cela mis à part, c’est sur la lecture de son écrit à haute voix que devrait être jugée l’habileté de l’élève à composer un texte en français.