NOUS PERDONS UN GRAND AMI
J’ai rencontré pour la première fois Jean Foyer en 1998 à un colloque à la Cité des Sciences, dont le thème était Risque et société, bien avant que je n’en vins à œuvrer sur la question de l’école.
Le hasard nous ayant placés l’un à côté de l’autre, nous avons eu le loisir d’échanger quelques commentaires. Les trois jours de la durée du colloque nous donnèrent le temps de faire connaissance au fil des pauses café.
Lorsque je le sollicitais pour un premier entretien, je fus reçu par un homme de grande courtoisie et de parfaite amabilité. Nous ne devions pas cesser de nous voir et je trouvais chaque fois une écoute attentive, alors que mes propos se situaient assez loin de ses préoccupations quotidiennes. Cela est à souligner, car le sujet du fonctionnement et de la dérive du système scolaire semble n’intéresser que bien peu de monde.
Ses activités de juriste éminent et d’homme politique ne faisaient pas obstacle à ses penchants d’homme cultivé. Il m’avait confié, lors de l’une de mes visites, qu’il faisait chaque matin une demi-heure de latin, relisant ses classiques dans le texte. Il me raconta aussi que, lorsqu’il devint docteur honoris causa de l’université d’Oxford, il prononça – suprême élégance d’érudit – son discours en latin. Pour lui, le grégorien et le latin étaient fondateurs de l’Europe.
Depuis 2001, je ne crois pas me souvenir qu’une seule fois il n’ait pas répondu favorablement à l’une de mes demandes. Il avait un carnet d’adresses comme seuls les hommes d’une carrière aussi longue et remplie peuvent en avoir. Ministre à trois reprises, notamment Garde Sceaux pendant 5 ans dans le gouvernement de Gaulle, il a joué un rôle important comme président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale pendant treize ans. Et son réseau d’amis, il le mit à notre disposition.
Nous lui devons la présence de plusieurs des personnalités qui sont au comité d’honneur de notre association. Sa recommandation valait passeport de bonne conduite. Ce n’est pas rien : cela nous a rendus crédibles alors que notre projet était encore dans les limbes. Il nous a apporté une aide au lancement de notre entreprise de reconstruction de l’école, rendant ainsi un nouveau service à la France, car, à tous points de vue, c’est l’un des lieux où se joue notre avenir.
J’avais été un peu étonné de ne pas le voir à une réunion début septembre. Sans que je le lui ai demandé expressément, il avait sorti son petit agenda pour noter la date de notre réunion, avec l’intention de s’y rendre.
Je perds un ami qui m’avait encore proposé en juin, la dernière fois que je l’ai rencontré, de me ménager une rencontre avec deux hauts personnages d’accès peu facile.
Cette disparition me touche beaucoup. J’avais pour lui une vraie affection. Nous lui garderons une grande reconnaissance.
Gilbert SIBIEUDE
Président Fondateur de Famille, école, éducation, devenue association Lire Écrire.
8 octobre 2008