L’Angleterre adopte le syllabique

Exposés de Élizabeth Nonweiler et Rhona Johnston.

Extrait de "Vaincre l’illettrisme, ça commence au CP", journée du 8 février 2012.

Voir le compte-rendu intégral de cette journée dans la rubrique "Manifestations et actions"

En raison de la complexité de l’écriture et de la prononciation anglaise, qui compte beaucoup plus de graphèmes que le français et d’innombrables phonèmes, il était admis jusqu’à présent que la méthode alphabétique n’était pas la plus performante pour l’apprentissage de la lecture, et qu’il était préférable d’enseigner des syllabes (comme ce fut le cas anciennement en France). L’inconvénient est que les syllabes sont très nombreuses.

En pratique, les méthodes les plus répandues sont mixtes.
      . En 95-97, Rhona Johnston a procédé à une étude expérimentale en Écosse
Cette expérience consistait à conserver l’enseignement habituel mixte en ajoutant quelques séquences en alphabétique (phonique-synthétique) (2 × 15 minutes par semaine et au total 4H45) pour des enfants ayant entre quatre ans et demi et cinq ans et demi, en petits groupes.
Neuf mois après l’expérience, ces enfants avaient trois à cinq mois d’avance sur les autres.

      . Cette étude a permis de déclencher en 97-2004 une étude officielle plus étoffée sur 300 enfants, en trois groupes
         – enseignement standard mixte
         – mixte plus un programme de reconnaissance des sons (conscience phonémique)
         – alphabétique pour les enfants défavorisés
cela à raison de 20 minutes par jour pour les séquences additionnelles.
L’expérience a été interrompue au bout de 16 semaines car les résultats étaient tels que les enseignants n’ont pas voulu priver les enfants des deux premiers groupes d’un enseignement alphabétique.

      . Les années 2005 et 2006 ont été consacrés à la réflexion, et en 2007 était publié le décret "Letters and sounds" prônant la méthode alphabétique. Un programme détaillé était envoyé à chaque école.
         En 2011 était publié un catalogue de ressources
         et en 2012 le document « Phonics screening check » (test)
L’Etat a financé la dotation des écoles pour l’enseignement phonique-synthétique

      . Depuis, l’évolution de l’enseignement est lente car il y a toujours chez les enseignants beaucoup de réticences, de résistance au changement, et des méthodes qui ne marchent pas :
       – mémoriser des mots entiers (et demander aux élèves d’apprendre tant de mots, le «stock de mots»)
       – deviner à partir de la première lettre du mot
       – deviner le mot d’après une image
       – deviner le mot d’après le sens.
Lorsque les enseignants ajoutent un peu de phonique-synthétique dans leurs leçons, cela ne marche pas, car ce qui est efficace, c’est de travailler intégralement en phonique-synthétique.
En effet, en mixte, beaucoup d’élèves qui ont des notions alphabétiques préfèrent deviner, car c’est plus simple.
  L’enfant qui ne sait pas lire demande « quel est ce mot ?»
  l’enfant qui sait lire demande « quelle est la signification de ce mot ?

      . En Angleterre, les écoles sont classées par niveau selon leurs résultats, qui sont publiés. Si l’école a un bon niveau, on lui laisse la liberté pédagogique. Si elle est faible, on forme les enseignants à la méthode alphabétique.
Les inspecteurs ne sont pas là pour juger, mais pour aider à évoluer vers des pratiques efficaces.
Enfin, l’étude 97-2004 a montré que les enfants des milieux défavorisés obtenaient des résultats identiques, voire supérieurs, à ceux des milieux favorisés. Et les garçons étaient à égalité avec les filles, alors que les études internationales classent mieux les filles.

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